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ALZHEIMER : Asymptomatique mais déjà à risque de chutes

Actualité publiée il y a 4 années 1 mois 3 semaines
Journal of Alzheimer's Disease
La chute peut être liée à un début encore silencieux de maladie d’Alzheimer (Visuel Fotolia)

Même sans troubles cognitifs évidents, les personnes atteintes de premières lésions liées à la maladie d'Alzheimer présentent déjà un risque sérieux de chutes, alerte cette étude de l'Université de Washington, présentée dans le Journal of Alzheimer's Disease. L’équipe décrypte les facteurs de ce risque accru de chute, non pas l’amyloïde mais la neurodégénérescence, en particulier dans les réseaux somatomoteurs impliqués dans le traitement des entrées sensorielles et le contrôle du mouvement.

 

Les chutes sont la principale cause de blessures mortelles chez les personnes âgées. Certains facteurs de risque sont bien connus - âge avancé, problèmes de vision ou d'équilibre, faiblesse musculaire, mais un début de maladie d'Alzheimer même asymptomatique reste un facteur méconnu quoique bien réel. Les personnes âgées aux premiers stades de la maladie d'Alzheimer, avant la survenue de troubles cognitifs, encourent également un risque accru de chute.

La chute peut être liée à un début d’Alzheimer

Les chercheurs de Saint-Louis ont découvert que, chez les personnes âgées sans troubles cognitifs qui subissent une chute, le processus de neurodégénérescence qui conduit à la maladie d'Alzheimer peut déjà avoir commencé. L’un des auteurs, Susan Stark, professeur agrégé d'ergothérapie et de neurologie explique : « lorsque la personne s’affaiblit, le traitement recommandé est de travailler sur la force et l'équilibre. Mais lorsque la personne tombe pour une autre raison, c’est peut-être parce que son cerveau a commencé à accumuler des lésions liées à la maladie d'Alzheimer. Le patient a alors besoin d’un traitement différent. Nous ignorons encore lequel mais espérons pouvoir utiliser ces données pour développer de nouvelles recommandations pour prévenir les chutes chez ce groupe de population ».

 

Pourquoi ce risque accru de chute ? Les personnes âgées atteintes de maladie d'Alzheimer ont un risque multiplié par 2 de chute traumatique vs les personnes du même âge exemptes de démence. Pourquoi ? Parce que le cerveau des patients atteints de la maladie d'Alzheimer a déjà commencé à subir des changements et cela, parfois depuis des dizaines d’années. Donc bien avant que la perte de mémoire et la confusion ne deviennent apparentes :

  • tout d'abord, des plaques de protéines amyloïdes se forment,
  • puis des enchevêtrements de protéines tau ;
  • certaines zones cérébrales commencent à se rétrécir ;
  • les réseaux de communication entre les différentes zones du cerveau commencent à se décomposer ;

c’est alors que s’accroît considérablement le risque de chute.

Absence de symptômes cognitifs et risque de chute : ce lien est démontré à travers une petite étude menée auprès de 83 participants âgés de plus de 65 ans, suivis pendant un an. Tous les participants ont été évalués, à l’inclusion, comme en bonne santé cognitive par un neurologue qualifié. Chaque participant a rempli des calendriers mensuels enregistrant les chutes éventuelles et a subi des scintigraphies cérébrales à la recherche de plaques amyloïdes et de signes d'atrophie et d’altération de la connectivité. Cette analyse constate que :

  • la seule présence d'amyloïde dans le cerveau n'expose pas au risque accru de chute,
  • la neurodégénérescence en revanche contribue à l’augmentation du risque de chute : les participants victimes de chutes avaient des hippocampes rétrécis et leurs réseaux somatomoteurs impliqués dans la réception des données sensorielles et le contrôle moteur montraient des signes de décomposition. En synthèse, l’analyse montre que le risque de chute est plus élevé dans la phase de neurodégénérescence préclinique de la maladie,

soit au cours des 5 années qui précèdent la perte de mémoire et la confusion.

 

Ainsi, « lorsque la mobilité d'une personne est diminuée, même si la personne a l'air en bonne santé, il peut être indiqué de l’évaluer plus avant. La mobilité est un marqueur important qui doit nous interroger ».

Il va falloir mieux comprendre pourquoi les changements cérébraux liés à la maladie d'Alzheimer augmentent ainsi et au cours de cette période préclinique, le risque de chute. Cependant, il est possible de prévenir ce risque, avec l’avancée en âge en sécurisant l'environnement de vie.

 

Ces résultats suggèrent enfin que les personnes âgées qui ont subi des chutes devraient bénéficier d'un dépistage de la maladie d'Alzheimer et que de nouvelles stratégies pourraient être mises en œuvre pour réduire ce risque de chute très accru chez les personnes aux tout premiers stades de la maladie.


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