ALZHEIMER : Des antioxydants pour retarder le déclin cognitif ?
Un traitement antioxydant de l’AVC ischémique aigu pourrait retarder l'apparition de la maladie d'Alzheimer, conclut cette recherche d’une équipe de l’Université d’Oradea (Roumanie) dans la revue CNS & Neurological Disorders - Drug Targets. Un examen de la littérature qui présente l’AVC ischémique aigu comme le déclencheur, via une montée de stress oxydatif, d’une accélération subite du déclin cognitif.
La maladie d’Alzheimer constitue aussi une véritable épidémie et les dernières estimations prévoient qu'en 2050, plus de 130 millions de personnes pourraient être frappées de démence. Dans le monde, c’est un nouveau patient, toutes les 7 secondes qui est diagnostiqué. Retarder l'apparition ou l'aggravation de la déficience cognitive pourrait permettre une réduction significative de l'incidence de la maladie : sur le nombre énorme de cas attendus d'ici 2050, environ 23 millions pourraient être évités si le début de la maladie pouvait être retardé de seulement 2 ans. En dépit de nombreuses recherches, il n’existe pas de traitement efficace et les résultats des tests de nouveaux médicaments ne sont pas très encourageants.
Le stress oxydatif joue un rôle majeur dans l’apoptose liée à l’AVC et à l’Alzheimer
Les chercheurs partent ici des preuves de plus en plus nombreuses de l'association de facteurs de risque vasculaires comme l'hypertension, les taux élevés de cholestérol ou le diabète avec l’incidence de troubles cognitifs et de la maladie d'Alzheimer. Il se trouve que ces facteurs augmentent fortement le risque d’AVC ischémique et que par ailleurs, un AVC incident double approximativement le risque de démence, en particulier en raison des pertes neuronales qui se produisent alors par nécrose ischémique et peuvent se prolonger jusqu'à 2 semaines après l’AVC.
Plusieurs études ont ainsi montré une augmentation constante du stress oxydatif après un AVC ischémique. Il existe au-delà un chevauchement considérable entre la pathogenèse induite par le stress oxydatif dans l’AVC ischémique et la maladie d'Alzheimer, dont le dysfonctionnement mitochondrial, la surcharge calcique des cellules, l'activation de différentes enzymes destructrices, l’expression de gènes « aberrants », l’induction de l'autophagie et l’activation de réponses inflammatoires.
Des antioxydants pour une meilleure récupération de l’AVC ? Jusque-là, les essais cliniques humains sur des molécules antioxydantes ont été décevants peut-être en raison d'une administration tardive et d'une sélection incorrecte des patients. Cependant, une étude menée auprès de plus de 10.000 patients, citée par les chercheurs, a montré qu’une molécule antioxydante administrée dans les 48 heures après revascularisation endovasculaire dans un AVC ischémique aigu a permis une meilleure récupération fonctionnelle à la sortie de l'hôpital, une réduction de l’hémorragie intracrânienne et de la mortalité. Plus récemment, un rapport présenté à l'International Stroke Conference 2020, montre qu’une autre molécule antioxydante, le nérinetide permet d’améliorer les résultats de patients victimes d'un AVC ischémique.
Des antioxydants pour retarder l’Alzheimer ? Les antioxydants ont également été évalués chez des patients souffrant de maladies dégénératives, y compris la maladie d'Alzheimer, avec des résultats prometteurs sur des modèles animaux mais peu concluants dans des essais cliniques. Cependant, sur la base de l'implication du stress oxydatif dans la pathogenèse de la maladie d’Alzheimer et du rôle pivot des mitochondries, les antioxydants ciblés sur les mitochondries ont déjà donné des résultats prometteurs dans les modèles animaux de maladies neurodégénératives, certains même ont déjà inspiré des médicaments testés lors d’essais cliniques chez des patients diabétiques de type 2.
Les chercheurs font donc l’hypothèse de l'implication progressive du stress oxydatif dans la genèse de la maladie d’Alzheimer et de son explosion, avec l’AVC, qui pourrait accélérer la pathogenèse de la démence et conduire à des troubles cognitifs cliniquement plus évidents. Si cette hypothèse était prouvée, le recours à un traitement antioxydant en cas d'AVC ischémique aigu permettrait de retarder, de quelques années, le développement des troubles cognitifs associés.
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