Découvrez nos réseaux sociaux
Actualités

ALZHEIMER : Le rôle clé des gènes sauteurs

Actualité publiée il y a 1 jour 3 heures 47 min
Science
L'étude décrypte avec précision les effets du vieillissement dans le développement de la maladie d'Alzheimer à apparition tardive (Visuel Adobe Stock 350291333)

Grâce à une nouvelle technique, ces chercheurs de la Washington University School of Medicine sont parvenus à développer un modèle de neurones âgés en laboratoire, sans besoin de biopsie cérébrale, qui leur permet de décrypter avec précision les effets du vieillissement dans le développement de la maladie d'Alzheimer à apparition tardive. Ces travaux, décrits dans la revue Science, aboutissent à la découverte de la responsabilité d'éléments transposables ou gènes sauteurs, impliqués dans les effets nocifs du vieillissement dans la maladie d'Alzheimer.

 

Ces neurones modèles d’Alzheimer ont été obtenus par transformations de cellules cutanées humaines prélevées sur des patients atteints de la maladie d'Alzheimer à apparition tardive, c’est-à-dire, que la maladie se développe progressivement sur plusieurs décennies et les symptômes ne commencent à apparaître qu’à partir de 65 ans.

 

L’auteur principal, le Dr Andrew Yoo, professeur de biologie du développement rappelle que « la maladie d’Alzheimer à apparition tardive est la forme la plus courante (plus de 95 % des cas) mais il reste extrêmement difficile de l’étudier en laboratoire en raison de la complexité des facteurs de risque- dont l’impact du vieillissement. Jusqu’à présent, il n’existait aucun moyen de capturer les effets du vieillissement dans les cellules du cerveau ».

 

La méthode qui consiste en effet à « saisir » les effets du vieillissement sur le développement de la maladie d’Alzheimer, apporte une nouvelle compréhension de la maladie et ouvre de nouvelles pistes de traitement.

 

L’étude menée par reprogrammation cellulaire a développé d’abord ces neurones modèles à partir de cellules cutanées prélevées sur des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à apparition tardive. La méthode permettant de transformer, directement en neurones, des cellules cutanées humaines facilement obtenues à partir de patients vivants, et donc d’étudier les effets de la maladie d’Alzheimer sur le cerveau sans besoin de biopsie cérébrale et d’une manière qui conserve les effets de l’âge du patient sur les neurones.

 

  • Pour la première fois, ces neurones dérivés et développés en laboratoire -donc sans biopsie- permettent de reproduire avec une grande précision les caractéristiques de la démence, notamment l’accumulation de bêta-amyloïde responsable de la mort des cellules neuronales.

 

Ces nouveaux neurones de laboratoire peuvent se développer dans une fine couche de gel ou s’auto-assembler en petits amas, appelés sphéroïdes, imitant l’environnement 3D du cerveau. Les chercheurs ont comparé des sphéroïdes neuronaux générés à partir de patients atteints de la maladie d’Alzheimer à apparition tardive à ceux de témoins du même âge en bonne santé. Ces observations révèlent :

 

  • que les sphéroïdes des patients atteints de la maladie d’Alzheimer développent rapidement des dépôts de bêta-amyloïde et des enchevêtrements de tau ;
  • l’activation de gènes associés à l’inflammation est observée ;
  • puis la mort de neurones, conformément aux observations menées sur les scanners cérébraux des patients ;
  • les sphéroïdes des donneurs âgés et en bonne santé révèlent aussi un certain dépôt d’amyloïde, mais bien moindre que ceux des patients Alzheimer ; cela suggère que le processus de la maladie d’Alzheimer aggrave considérablement l’accumulation de ces protéines toxiques ;
  • des aspects du génome des cellules ou éléments rétrotransposables -des séquences d'ADN capables de se déplacer dans le génome de ces cellules- , modifient leur activité au fur et à mesure du vieillissement et dans le cadre d’une maladie d’Alzheimer à apparition tardive ;

avec des implications en termes de traitement : cibler ces éléments rétrotransposables.

  • ainsi, le traitement des sphéroïdes de patients atteints de la maladie d’Alzheimer à apparition tardive avec des médicaments qui interfèrent avec ces éléments et la formation de plaques bêta-amyloïdes au début du processus de la maladie, avant que les neurones ne commencent à former une accumulation toxique de bêta-amyloïde, permet de réduire considérablement ces dépôts ;
  • ainsi, l’inhibition de ces « gènes sauteurs » ou éléments rétrotransposables par le médicament lamivudine– un antirétroviral qui peut atténuer l’activité des éléments rétrotransposables – a un effet positif : les sphéroïdes des patients atteints de la maladie d’Alzheimer à apparition tardive présentent une réduction des enchevêtrements de bêta-amyloïde et de tau ;
  • cependant, cet effort thérapeutique doit être précoce car ultérieurement et au-delà d’une certaine accumulation, il n’a plus aucun effet -ou seulement une réduction très modeste- sur les dépôts de bêta-amyloïde.

 

Des données qui rappellent l’importance d’identifier et de traiter la maladie à un stade précoce.

« Chez ces patients, notre nouvelle approche cible ces éléments rétrotransposables associés au processus de la maladie et nous observons qu’il est possible de réduire les dommages avec un traitement médicamenteux qui supprime ces éléments ».

 

Peut-être donc enfin un traitement en vue…


Plus sur le Blog Neuro

Autres actualités sur le même thème