ALZHEIMER : L'idée d'un test olfactif prédictif du risque
“Branchée” directement (comme l’œil) sur le système nerveux central, la fonction olfactive peut être un indicateur du bon fonctionnement vs un dysfonctionnement du cerveau. Ainsi, une perte de capacité à reconnaître et à se rappeler les odeurs peut indiquer un risque accru de maladie d'Alzheimer. Cette étude du Massachusetts General Hospital (MGH), présentée dans les Annals of Neurology laisse augurer d’un prochain test olfactif prédictif du risque.
La fonction olfactive joue un rôle essentiel dans la santé (et la survie) et est un indicateur de santé bien particulier en raison de ses liens avec le système nerveux central (SNC). Ainsi, la perte d'odorat a déjà été associée à certaines maladies neurodégénératives comme la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. Ainsi, sa diminution a déjà été documentée comme un indicateur du développement de troubles cognitifs car pouvant être associée à l'accumulation dans le cerveau de protéine bêta-amyloïde, elle-même associée à l'Alzheimer. Perdre peu à peu la perception de certaines odeurs, ou anosmie pourrait prédire un risque accru de décès prématuré, a également conclu cette étude de l'Université de Chicago (2014).
Un protocole non invasif testant la capacité de reconnaître, de se rappeler et de distinguer entre plusieurs odeurs permet en effet, dans cette étude, d'identifier (ou de confirmer) les patients âgés à risque élevé d'Alzheimer, tel que détecté, par ailleurs par les méthodes plus conventionnelles (imagerie et tests cognitifs). Les chercheurs du Massachusetts General Hospital (MGH), à l'origine de ce test, avaient pour objectif la détection précoce de la neurodégénérescence associée à la maladie d'Alzheimer par un dispositif accessible et non invasif. Ils auraient pu travailler sur les circuits cérébraux qui traitent les données visuelles, ils ont choisi la piste olfactive déjà bien établie, mais généralement en lien avec des taux plus élevés de déclin cognitif.
Un ensemble de 4 tests : les chercheurs américains ont combiné 4 tests olfactifs pour ce nouveau mode de « diagnostic » :
- le test OPID (Odor Percept IDentification) qui propose aux participants de sentir 10 odeurs et doivent après chaque odeur choisir parmi 4 mots pouvant la décrire au mieux,
- l'Échelle OAS (Odor Awareness Scale ) sous forme de questionnaire évaluant l'attention des participants aux odeurs environnementales et l'impact émotionnel et comportemental de ces odeurs,
- le test OPID-20 (OPID complété par 10 odeurs supplémentaires), qui permet d'aboutir à un score plus fin de mémoire épisodique des odeurs (POEM ou Percepts of Odor Episodic Memory score).
- le test OD (Odor Discrimination) qui demande aux participants exposés 12 fois à 2 odeurs consécutives si elles sont identiques, ou différentes.
Différencier les groupes cognitivement normaux ou atteints : 183 participants, dont 70 en bonne santé cognitive, 74 en bonne santé mais personnellement préoccupés par leurs capacités cognitives, 29 à déficience cognitive légère et 10 diagnostiqués avec la maladie d'Alzheimer ont passé ces 4 tests olfactifs. L'expérience montre que :
- OPID-20 permet de différencier clairement les 4 groupes de participants, et ces résultats s'avèrent corrélés à l'observation par imagerie de l'amincissement de 2 zones cérébrales, l'hippocampe et le cortex entorhinal des zones caractéristiques touchées par la maladie d'Alzheimer.
- OPID-20 reflète bien la capacité des participants à se souvenir d'un arôme précédemment présenté, tel que reflété dans le score POEM et permet ainsi de différencier les groupes cognitivement normaux vs atteint de la maladie d'Alzheimer.
Une étude plus large est d'ores et déjà planifiée pour valider ces résultats. « Il est bien connu que le diagnostic et l'intervention précoces sont plus susceptibles de permettre une stratégie thérapeutique plus efficace capable de retarder la progression des symptômes », rappellent les chercheurs, qui espèrent, avec ce nouveau mode de dépistage peu coûteux et non invasif pouvoir même prévenir le développement des symptômes chez les patients ainsi identifiés.
Autres actualités sur le même thème
DÉMENCE : Pourquoi les « Z-Drugs » peuvent être dangereuses
Actualité publiée il y a 4 années 1 moisCHUTES du PATIENT ÂGÉ : Pouvoir les prédire c’est pouvoir les prévenir
Actualité publiée il y a 3 mois 2 semainesÉPUISEMENT : Il mène vraiment à la crise cardiaque
Actualité publiée il y a 3 années 9 moisCOVID-19 : Un risque accru de troubles neurodégénératifs
Actualité publiée il y a 1 année 6 mois