ALZHEIMER : Un facteur protecteur contre le cancer du poumon ?
Au cœur de ces associations parfois positives ou parfois "inverses" entre maladie d’Alzheimer et cancers, le dysfonctionnement mitochondrial, la diminution de l'approvisionnement des cellules en énergie et la génération d'espèces réactives d'oxygène (ROS) … Ces scientifiques du Centro Nacional de Investigaciones Oncológicas (CNIO- Madrid) se sont en effet demandé pourquoi les patients atteints de la maladie d'Alzheimer présentent un risque plus élevé de développer un cancer du cerveau de type glioblastome mais un risque plus faible de cancer du poumon. Les conclusions présentées dans les Scientific Reports décryptent les processus biologiques qui sous-tendent cette comorbidité ou, a contrario, cet effet protecteur.
L'augmentation de l'espérance de vie va de pair avec la hausse de l’incidence et des décès liés à de nombreuses maladies chroniques, parfois associées et alors dénommées comorbidités. La relation peut ainsi être directe entre 2 pathologies (e.g. Diabète et obésité). Mais la relation peut également être inverse, une condition pouvant impliquer un risque plus faible de développer une autre condition. Les études épidémiologiques ont ainsi identifié un certain nombre de relations de ce type, parfois nommées « paradoxes ». Ici, l’équipe madrilène s’attarde sur l’incidence plus faible de cancer du poumon chez les patients atteints de maladies du système nerveux central. Une étude publiée en 2014 dans la revue PLoS Genetics avait ainsi révélé que des gènes surexprimés dans les maladies du système nerveux central, dont la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson et la schizophrénie sont sous-exprimés dans le cancer du poumon, du côlon et de la prostate, et vice Versa. La compréhension des bases moléculaires de ces processus peut apporter des informations importantes concernant l’étiologie de chaque maladie et permettre de concevoir de nouvelles stratégies thérapeutiques, parfois à partir de médicaments existants auxquels on suggère d’apporter de nouvelles indications…
Cette étude porte précisément sur la relation entre la maladie d'Alzheimer et les tumeurs cérébrales, dont le glioblastome en particulier. Les chercheurs analysent les données de plus de 1.000 échantillons de patients atteints de ces maladies et identifient 198 gènes dont la fonction est modifiée de manière significative dans les 3 pathologies (Alzheimer, cancer du poumon et glioblastome).
-112 présentent une signature similaire dans la maladie d'Alzheimer et le glioblastome et une signature opposée dans le cancer du poumon.
Le dysfonctionnement mitochondrial en cause : en comparant les processus biologiques modifiés par la dérégulation de ces gènes, les auteurs confirment que le dysfonctionnement mitochondrial joue un rôle clé dans le développement de la maladie d'Alzheimer et peut également entraîner un risque accru de tumeurs cérébrales chez les patients atteints, par inflammation dans le cerveau. La réduction de l'approvisionnement en énergie et la génération d'espèces réactives d'oxygène (ROS) liées à ces altérations de la fonction mitochondriale pourraient expliquer l’effet protection contre le cancer du poumon chez les patients atteints d'Alzheimer.
De nouvelles données qui pourront peut-être inciter à tester de nouvelles utilisations de médicaments existants et de nouvelles combinaisons thérapeutiques pour traiter ces maladies en fonction de l'information génomique spécifique au patient.
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