ANTIDÉPRESSEURS : Ils ne sont pas sans effets indésirables
Dans les pays riches, un adulte sur 6 se voit prescrire un antidépresseur chaque année. Prescrire moins d'antidépresseurs, et pour des périodes plus courtes, c’est la recommandation de ces médecins experts de l’University College London. Les données des essais n'évaluent pas suffisamment les effets indésirables pour les patients, dont les fréquents symptômes de sevrage qui peuvent être sévères et durables. Des conclusions, basées sur les d’études et les directives de sociétés savantes et publiées dans le Drug and Therapeutics Bulletin, qui appellent également à de nouvelles recherches sur ces symptômes.
Le contexte de cet article est celui d’une utilisation en forte hausse des antidépresseurs. Ainsi, en Angleterre, la prescription d'antidépresseurs, principalement les classes de nouvelle génération - inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) et inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN) – augmente progressivement et près de 8 millions de personnes reçoivent ainsi au moins une prescription d’antidépresseur, chaque année.
Le rapport bénéfice-risque n’est pas toujours positif
Si les chercheurs ne remettent pas en cause « le rôle » des antidépresseurs chez les patients souffrant de dépression sévère, les inconvénients peuvent fréquemment l'emporter sur les avantages, chez souffrant de dépression légère à modérée ou chez les patients dont les symptômes n’ont pas encore mené au diagnostic de la dépression. L'utilisation d'antidépresseurs est associée à toute une série d'effets secondaires, rappellent les auteurs, et ces effets sont peu couverts par les essais cliniques menés sur ces médicaments. Ainsi, les études ne regardent pas suffisamment
« ce qui compte le plus pour les patients ».
- Des durées de suivi trop courtes : la plupart des preuves de l'efficacité des antidépresseurs chez l'adulte proviennent d'essais contrôlés contre placebo d'une durée de suivi limitée, de 6 à 12 semaines seulement. Non seulement, dans la plupart des études, les résultats n'atteignent pas le seuil d'une différence clinique statistiquement significative, mais menés sur une durée de suivi trop limitée, ils ne peuvent prendre en compte les effets indésirables en particulier ceux associés au sevrage ;
- des résultats chez les adolescents et les enfants encore moins convaincants : alors que le nombre de jeunes de 12 à 17 ans ayant reçu une prescription d’antidépresseurs a plus que doublé entre 2005 et 2017, les essais n’intègrent pas et pour cause, ces groupes de population plus jeunes ;
- Quid des effets sur le fonctionnement social ou la qualité de vie ? Les essais ne prennent pas en compte ces effets, et se concentrent plutôt uniquement sur l’évaluation des symptômes « directs » de la dépression.
Les effets secondaires sont pourtant fréquents :
- 1 patient sur 5 sous ISRS signale une somnolence diurne, une sècheresse buccale, une transpiration abondante ou une prise de poids ;
- au moins 1 sur 4 signale des troubles de la sexualité ;
- 1 patient sur 10 rapporte de l'agitation, des spasmes ou des contractions musculaires, des nausées, de la constipation, de la diarrhée ou des étourdissements ;
- la prévalence des effets secondaires apparaît encore plus élevée chez les personnes prenant des antidépresseurs depuis plus de 3 ans ;
- sur une longue durée, le traitement antidépresseur peut entraîner un engourdissement émotionnel et un « brouillard » mental.
Les symptômes de sevrage sont souvent sévères : ils peuvent inclure l’anxiété, l’insomnie, la dépression, l’agitation, des modifications de l'appétit, et peuvent interférer avec le fonctionnement social et la vie professionnelle, en particulier en cas d’arrêt brutal du traitement.
« Reconnaître que les effets de sevrage des antidépresseurs sont plus fréquents, plus durables et plus graves qu'on ne le pensait auparavant a incité le Royal College of Psychiatrists à publier un document de position, alertant les médecins sur ces effets et les appelant à mieux informer leurs patients ».
Comment limiter les effets de sevrage ? La réduction progressive de la dose peut contribuer à limiter ces effets indésirables. Cette réduction progressive de la dose jusqu’aux très petites doses finales requises peut nécessiter la prise d’autres médicaments ou une aide psychologique, sur la fin du sevrage. Mais, avertissent les auteurs, « il n'y a aucune garantie que les patients éviteront des conséquences telles que des troubles de la sexualité sur une longue durée ou des symptômes de sevrage persistants, même avec cette réduction prudente des médicaments ».
En conclusion, « il existe toujours une incertitude considérable quant aux avantages de l'utilisation d'antidépresseurs à court et à long terme et aux "inconvénients" recensés. Nous devrions donc revoir la prescription généralisée et croissante d'antidépresseurs ».
Autres actualités sur le même thème
AUTOMUTILATION : La mélatonine pour l’endormir
Actualité publiée il y a 1 année 8 moisMUSIQUE : L'émotion se lit dans la réponse neurale
Actualité publiée il y a 5 années 5 moisTRAVAIL POSTÉ: Il épuise aussi les fonctions cognitives
Actualité publiée il y a 8 années 6 moisSCLÉROSE en PLAQUES : Pourquoi il faudrait éviter les produits laitiers
Actualité publiée il y a 2 années 8 mois
ABONNEMENT PREMIUM
Accédez sans limite à plus de 15 000 actualités