AYAHUASCA : Prometteur contre l’anxiété et le SSPT
Les substances psychédéliques révèlent au fil des études de nouveaux avantages contre certains troubles émotionnels et de la santé mentale. Cette revue de la littérature, menée à l'Université de São Paulo et publiée dans la revue du même nom, Psychedelics, décrypte cette fois, les mécanismes d’action de l'ayahuasca contre la peur : la méta-analyse, apporte la synthèse d’une décennie de recherche sur les effets de la boisson psychédélique contre l'anxiété et le syndrome de stress post-traumatique (SSPT).
L'intérêt pour la médecine psychédélique grandit. Les effets des substances psychédéliques sont de mieux en mieux documentés, elles excitent certaines cellules de l'hippocampe, ce qui réduit l'anxiété. Ces effets apportent l’espoir de concevoir de nouveaux médicaments, plus sécures que ces substances elles-mêmes, et qui cibleraient les mêmes voies pour lutter contre l’anxiété et la dépression. De nombreuses recherches ont ainsi porté sur les effets de la psilocybine. Cette nouvelle recherche porte sur une boisson psychédélique moins connue, l'ayahuasca, et décrypte comment cette substance influence la peur et l'anxiété dans le cerveau.
Cette boisson amazonienne est produite en mélangeant 2 plantes d'Amazonie : la vigne ayahuasca (Banisteriopsis caapi) et l'arbuste chacruna (Psychotria viridis). De précédentes études ont déjà documenté ses effets de neuroplasticité et de neurogenèse.
Les mécanismes favorisant la plasticité, la neurogenèse et le contrôle émotionnel mieux décryptés
L’étude consolide les données d'études moléculaires, de recherches sur l’animal et d'essais cliniques (chez l’Homme) et livre ainsi une image plus claire des mécanismes par lesquels cette boisson amazonienne traditionnelle affecte le traitement émotionnel et les systèmes de mémoire :
- la plasticité est déclenchée par 2 composés la diméthyltryptamine (DMT) et la β-carboline (BC) qui induisent une augmentation des niveaux de BDNF (Brain-Derived Neurotrophic Factor), une protéine qui favorisant la survie des neurones ;
- la plasticité hippocampique et la neurogenèse induite par la DMT et la BC « passent » par des voies moléculaires différentes (5HT2A et SIGMA1) ;
- le composant principal, le DMT, agit principalement via les récepteurs 5-HT2A et influence le traitement émotionnel ;
- l’analyse confirme ainsi des effets spécifiques sur l'extinction de la peur et le traitement émotionnel ; des données d'imagerie cérébrale notamment confirment une action de l'ayahuasca de modulation de l'activité dans des régions cruciales pour la régulation émotionnelle ;
- le composé β-carboline de la boisson agit via différents mécanismes qui affectent la mémoire et l'anxiété ;
- ces effets de l'ayahuasca impliquent un équilibre délicat entre 2 types de récepteurs de la sérotonine : 5-HT2A et 5-HT1A. Cette double action semble cruciale pour comprendre à la fois les effets immédiats de l'ayahuasca et ses potentiels bienfaits thérapeutiques à long terme.
Prises ensemble, ces données laissent présager un potentiel élevé de l’ayahuasca contre certains troubles émotionnels et de la santé mentale, en particulier pour le traitement du SSPT et des troubles anxieux. L’un des auteurs principaux, le Dr Rafael Guimarães dos Santos relève que « il est essentiel de comprendre comment les signaux coordonnent les processus dans les cellules, les tissus et les organes pour préciser ces applications thérapeutiques possibles de l'ayahuasca ».
De nombreuses questions restent en suspens : le moment de l'administration de l'ayahuasca peut-il être optimisé pour traiter des conditions spécifiques ? Différentes préparations d'ayahuasca pourraient-elles être plus efficaces pour différentes fins thérapeutiques ? Comment les différences individuelles dans les systèmes de récepteurs affectent-elles les résultats du traitement ?
Il s’agira aussi de préciser, comme pour toutes ces substances psychédéliques prometteuses, leurs conditions de sécurité et de rappeler l’importance des environnements contrôlés pour leur utilisation thérapeutique.
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