CANCER de la THYROÏDE : Le diagnostic des nodules qui évite les biopsies inutiles
Les nodules, détectés par échographie, sont extrêmement fréquents dans la glande thyroïde. Jusqu'à deux tiers des adultes en présentent, pourtant la plupart des nodules sont bénins ou ne causent qu'un cancer à croissance très lente qui ne constitue pas une menace pour la vie. Ainsi, dans le cancer de la thyroïde -comme celui de la prostate- l'objectif est d'éviter une chirurgie inutile et de réduire le nombre de biopsies de nodules bénins et de cancers sans danger. Cette recherche de l’Université d'Alabama à Birmingham propose un nouvel outil de diagnostic de cancer de la thyroïde, un système d'imagerie, le « Thyroid Imaging, Reporting and Data System » ou TI-RADS inspiré du BI-RADS, un système de stratification des risques pour les lésions mammaires.
Une minorité de nodules donnera un cancer agressif de la thyroïde, nécessitant un traitement, ce qui pose donc la sempiternelle question aux cliniciens et aux patients : doit-on pratiquer une biopsie pour les tests de malignité ? « Si vous avez un cancer non nuisible, est-il utile de faire une aspiration à l'aiguille fine ? », s'interroge le Dr Franklin Tessler, professeur à l'Université de l'Alabama au département de radiologie, l'auteur principal de l'étude. Cependant les 3 quarts des cancers de la thyroïde chez les femmes et près de la moitié chez les hommes ont bien été diagnostiqués « à l'aiguille ». Un comité d'experts américains a bien précisé, via de nouvelles lignes directrices (American College of Radiology) un cadre de stratification des risques pour identifier à l'échographie les nodules qui justifient une biopsie ou un suivi sonographique. Ces lignes directrices facilitent déjà l'identification des nodules malins tout en réduisant le nombre de biopsies inutiles. Mais il semble possible de faire mieux encore.
Le système d'imagerie proposé, le TI-RADS, propose 5 critères pour qualifier l'apparence des nodules : composition, échogénicité, forme, berges et foyers échogènes.
-Le critère « forme du nodule » ouvre ensuite sur 2 choix possibles : plus large que grand, plus grand que large.
-Les 4 autres critères proposent 4 choix chacun, tels que « hypo-échogène » pour le critère échogénicité ou « lobulée ou irrégulière » pour le critère berge. Chaque choix est évalué en points, allant de 0 à 3 points.
Cette pondération est réalisée pour l'ensemble des critères, via l'échographie. Lors de l'évaluation du nodule, le lecteur sélectionne et pondère un par un les différents critères et additionne les points. Le total du point détermine le niveau de risque « TI-RADS » du nodule, qui varie de TR1 : bénin à TR5 : forte suspicion de malignité. TR3 qui correspond à « légèrement suspect » implique, selon les lignes directrices, une aspiration à l'aiguille fine si le nodule est de 2,5 centimètres ou plus ou des échographies de surveillance, si sa taille est comprise entre 1,5 et 2,5 cm. Pour les nodules TR4, les directives recommandent l'aspiration à l'aiguille fine si le nodule est >1,5 centimètre ou suivis entre 1 et 1,5 cm. Pour les nodules TR5, les directives recommandent l'aspiration à l'aiguille fine si le nodule est > 1 cm… Ce cadre fait suite à de multiples tentatives au cours des 15 dernières années de mettre en œuvre des lignes directrices pour la biopsie par aspiration fine. Cependant, jusque-ici la complexité et le manque de congruence des règles ont limité leur adoption par la communauté radiologique.
En faveur d'une attente vigilante pour le cancer de la thyroïde à faible risque : enfin, les lignes directrices recommandent de limiter l'aspiration par aiguille fine à 2 nodules par patient, car la biopsie de 3 nodules ou plus est généralement mal tolérée par les patients et la troisième biopsie augmente fortement le coût de ces examens, avec un bénéfice supplémentaire limité mais un risque significativement accru. Les lignes directrices précisent également un calendrier pour le suivi, en fonction des critères du nodule. Bref, TI-RADS est conçu pour équilibrer le rapport bénéfice – risque dans le diagnostic du cancer de la thyroïde et les recommandations de suivi pour réduire au mieux le risque de laisser inaperçues des tumeurs malignes agressives au fil du temps.
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