CANCER et BIOPSIE LIQUIDE : La biopsie du sang toujours plus prometteuse
Comprendre le cancer sans passer par des procédures invasives, c’est l’objectif principal de la biopsie liquide. Ces équipes du MIT et d’Harvard ont développé des techniques améliorées qui permettent de valider le recours à l’analyse génomique d'échantillons de sang pour caractériser les cancers des patients. Une évolution « technologique » vers une approche toujours plus précise de surveillance de l’ADN du cancer à partir d'échantillons sanguins, qui fait ses preuves ici dans la revue Nature Communications, avec un résultat approchant la détection de 90% des caractéristiques génétiques de la tumeur.
Ainsi, le séquençage de l'exome entier à partir de prélèvements sanguins pourrait être appliqué efficacement chez 49% des patients atteints de cancer avancé, concluent les scientifiques. Des patients qui pourraient ainsi éviter la biopsie de tissus, invasive et fréquemment génératrice de complications. « Notre ultime espoir est d'utiliser des biopsies sanguines pour rechercher et caractériser de manière exhaustive les plus petits restes de tumeurs », explique l’un des auteurs, Viktor Adalsteinsson, chef d’équipe « Blood Biopsy » au Broad Institute : « Et, comme les tumeurs évoluent à des stades plus avancés, développent une résistance ou deviennent métastatiques, nous pourrions ainsi avoir des repères dans le temps, déterminants pour prendre les bonnes décisions thérapeutiques ».
Les cellules du corps, dont les cellules tumorales, expulsent régulièrement des fragments d'ADN dans le sang lorsqu'elles meurent. Les biopsies sanguines consistent à recueillir cet ADN « sans cellule » à partir d'un prélèvement de sang puis à caractériser les fragments provenant des cellules cancéreuses. Ces données qui peuvent être générées régulièrement peuvent permettre de surveiller l’évolution ou la récidive du cancer, la réponse d'un patient au traitement et d'autres caractéristiques cliniques essentielles. Ainsi, les biopsies sanguines apportent aux médecins la capacité de suivre l’évolution de la maladie et les effets du traitement en temps réel et aux chercheurs, celle de comprendre comment les tumeurs résistent aux traitements.
Une technique de biopsie possible chez près d’un patient sur 2 atteint de cancer : la technique consiste en un séquençage complet qui permet de reconstituer un exome entier (partie du génome codant pour des protéines) et nécessite actuellement au moins 10% d'ADN tumoral dans un échantillon de sang. Or cette fraction d'ADN tumoral dans le sang peut varier énormément d'un patient à l'autre. C’est pourquoi, ici, l'équipe commence par mesurer les niveaux d'ADN tumoral avant de se lancer dans le séquençage. L’outil qui s’appelle ichorCNA est capable d’analyser des fragments d'ADN de cancers avec des mutations connues et inconnues. L'équipe s’est essayée sur 1.439 échantillons de sang recueillis auprès de 520 patients présentant un cancer métastatique du sein ou de la prostate. Elle constate que chez 33 à 49% des participants, dans un ou si nécessaire plusieurs échantillons de sang, l'ADN tumoral constitue plus de 10% de l'ADN acellulaire et donc il est bien possible d’opérer le séquençage.
Une correspondance élevée entre biopsie liquide et biopsie tissulaire : lorsque l'équipe compare, pour 41 patients, les biopsies tumorales obtenues chirurgicalement aux données collectées du séquençage de l'ADN, ils constatent que les données génétiques du séquençage de l'exome entier et des biopsies tissulaires correspondent significativement (de 80 à 88%) pour un certain nombre de caractéristiques génétiques.
Ces résultats soutiennent qu’il est non seulement possible chez près d’un patient sur 2 d’obtenir un « exome entier de cancer » à partir du sang, mais aussi que cet exome reflète correctement la génétique tumorale. Finalement, c’est une validation supplémentaire des promesses des biopsies sanguines pour la caractérisation génomique des cancers métastatiques. De plus, la technique et l’outil décrits ouvrent la voie à de nombreuses recherches, en permettant aux scientifiques de suivre la dynamique du cancer, dont le développement des métastases et de comprendre l'évolution de la résistance aux médicaments. La méthode est d’ailleurs déjà utilisée chez des patients pour la recherche sur le cancer et, à terme une cartographie complète des tumeurs métastatiques et pharmacorésistantes à partir d'échantillons de sang pourrait être constituée.
Pour d’autres biopsies liquides : La biopsie liquide c’est aussi la biopsie de la salive ou du LCR, et cette approche de séquençage de l'ADN pourrait être adaptée à ces autres formes de biopsie. Les scientifiques commencent à établir des mesures de qualité pour pouvoir adapter la technologie en routine, à des milliers d'échantillons.
Cette capacité à détecter et analyser l'ADN cancéreux d'un échantillon sanguin apparaît ainsi plus que jamais, comme une alternative prometteuse aux biopsies chirurgicales invasives, qui peuvent être douloureuses, coûteuses et difficiles, en particulier lorsque des tumeurs sont localisées dans des sites difficiles d'accès.
Autres actualités sur le même thème
CANCER de l’OVAIRE : Un nouveau test sanguin pour le diagnostiquer
Actualité publiée il y a 5 années 4 moisMICROBIOTE : Pourquoi les antibiotiques aggravent le mélanome
Actualité publiée il y a 2 années 1 moisCANCER COLORECTAL : Pourquoi on devrait se faire dépister dès 45 ans
Actualité publiée il y a 7 années 1 moisCANCER du POUMON: A Lyon, le test sanguin remplace la biopsie
Actualité publiée il y a 8 années 7 mois