CANCER et COVID-19 : Immunothérapie, immunosuppression ?
Cette équipe de l’Université de Cincinnati met en lumière l’importance vitale de la décision de traitement du cancer chez les patients atteints de COVID-19. L’étude met en effet en lumière des taux de mortalité accrus chez les patients atteints à la fois de cancer et de COVID-19 avec certaines thérapies anticancéreuses à certains moments. En pratique, certains traitements contre le cancer, notamment parce qu’ils favorisent une déplétion de certaines cellules immunitaires, peuvent accroître le risque de décès chez les patients, s’ils contractent le COVID-19. Un état des lieux présenté lors de l’European Society for Medical Oncology Virtual Congress 2020.
L’auteur principal, le Dr Trisha Wise-Draper, professeur de médecine à la Division d'hématologie oncologie de l'UC College of Medicine, de cette étude multicentrique, explique que certaines thérapies peuvent avoir un impact considérable chez les patients atteints à la fois d'un cancer et du coronavirus : « Les patients atteints de cancer sont plus susceptibles d'être infectés par le SARS-CoV-2, de développer la maladie COVID-19 et les complications qui en découlent ».
Des taux d'hospitalisation plus élevés, de maladies respiratoires sévères et de décès
En particulier chez les patients recevant des anticorps monoclonaux anti-CD20
Un risque plus élevé de complications du COVID-19 chez les patients cancéreux : selon l’étude, jusqu’à 40% de ces patients vont développer des complications respiratoires graves. Et certains traitements du cancer, suivis dans les 4 semaines suivant le diagnostic de COVID-19 apparaissent associés à des taux plus élevés de complications.
Le cancer, un facteur de risque connu de développer COVID-19 : une précédente du Cancer Consortium avait déjà constaté sur un groupe plus modeste de patients, que plusieurs facteurs augmentent le risque de décès, notamment l'âge, le sexe, les antécédents de tabagisme et d'autres problèmes de santé, dont justement un cancer actif. Cependant, le traitement anticancéreux récent n'avait jamais fait partie de ces facteurs.
Quel impact du traitement anticancéreux ? Cette étude est la première à regarder la corrélation entre le moment du traitement anticancéreux et les complications du COVID-19 et le décès, chez plus de 3.600 patients. Sur les 3600 patients suivis dans 122 établissements, les chercheurs constatent que la mortalité à 30 jours est la plus élevée chez les patients cancéreux :
- traités un à trois mois avant le diagnostic de COVID-19 ;
- traités avec une combinaison chimiothérapie / immunothérapie ;
- en particulier chez les patients recevant des anticorps monoclonaux anti-CD20 et 1 à 3 mois avant l'infection au COVID-19- la fenêtre durant laquelle se produit une déplétion significative des lymphocytes B ;
- chez les patients sous traitement anticancéreux actif, à l'exception de la thérapie endocrinienne, par rapport aux patients non traités dans l'année précédant le diagnostic du COVID-19.
Des données critiques pour les patients qui luttent contre le cancer : Les thérapies ciblées, en particulier celles qui provoquent une déplétion des cellules immunitaires, utilisées 1 à 3 mois avant le diagnostic de COVID-19, sont associées à une mortalité très élevée, jusqu'à 50%. De plus, le décès toutes causes chez les patients atteints de cancer est plus élevé qu’en population générale- y compris chez les patients en rémission récente qui n'ont pas reçu de traitement au cours de la dernière année.
D’une « manière générale » l'immunothérapie reste une option sûre pour une utilisation chez les patients atteints de cancer et de COVID-19, rappellent les auteurs, cependant certaines combinaisons d'immunothérapie et de médicaments immuno-suppresseurs peuvent conduire à une aggravation.
Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires sur les options thérapeutiques à favoriser en cas (ou contexte) de COVID chez les patients cancéreux.
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