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CANCER : La molécule qui prépare le terrain au système immunitaire

Actualité publiée il y a 3 années 2 mois 1 semaine
Science Translational Medicine
Epuiser efficacement les cellules immunosuppressives (Tregs) à l'intérieur des tumeurs, ce qui permet au système immunitaire de combattre les tumeurs sans « avoir besoin » de devenir hyperactif (Adobe Stock 112584221).

C’est une toute nouvelle thérapie ou immunothérapie du cancer qu’explore ici, dans la revue Science Translational Medicine, cette équipe de scientifiques de l’UT Southwestern : épuiser efficacement les cellules immunosuppressives (Tregs) à l'intérieur des tumeurs, ce qui permet au système immunitaire de combattre les tumeurs sans « avoir besoin » de devenir hyperactif.

 

Depuis des dizaines d’années, les chercheurs savent que le système immunitaire joue non seulement un rôle clé dans la lutte contre les cancers grâce à l'action directe des cellules T tueuses et d'autres composants, mais aussi par le biais de cellules appelées cellules T régulatrices (Treg). Ces Tregs aident à réguler la réponse immunitaire en empêchant différentes cellules immunitaires de devenir hyperactives et de provoquer des réactions auto-immunes néfastes. Cependant, ces Tregs s'accumulent également dans les tumeurs, les protégeant des attaques immunitaires.

La molécule augmente le signal « mange-moi » et bloque le signal « ne me mange pas »

Une molécule à deux bras ou « à 2 coups » parvient à épuiser et éliminer ces cellules protectrices du cancer et va donc permettre de nouvelles immunothérapies du cancer. « La molécule en question élimine efficacement ces cellules Tregs immunosuppressives à l'intérieur de la tumeur -plutôt que dans tout le corps-, permettant alors au système immunitaire d’attaquer la tumeur sans provoquer de réponse auto-immune nocive », résume l’auteur principal, le Dr Yang-Xin Fu, professeur de pathologie, immunologie et radio-oncologie à UT Southwestern. Le Dr Fu a co-dirigé cette étude avec Anli Zhang, Ph.D., et Zhenhua Ren, Ph.D., 2 chercheurs de son laboratoire.

 

Les Tregs maintiennent un équilibre de 2 protéines de surface – CTLA-4 et CD47 – qui diffusent respectivement des signaux « mange-moi » et « ne me mange pas » aux phagocytes qui contrôlent les Tregs, expliquent les chercheurs. Des tentatives d’immunothérapie ont cherché à augmenter le signal « mangez-moi » ou à diminuer le signal « ne me mangez pas » pour réduire les Tregs dans les tumeurs. Cependant, chaque stratégie présente des inconvénients : l'augmentation du signal « mangez-moi » a des effets systémiques qui stimulent l'auto-immunité, tandis que la diminution du signal « ne me mangez pas » n’apparaît efficace que pour le traitement des cancers du sang, tels que les leucémies.

 

Une nouvelle façon d'épuiser les Tregs : la molécule en question est dite « à deux bras » car, simultanément, elle augmente le signal « mange-moi » et bloque le signal « ne me mange pas ». Injectée dans des souris modèles de cancer du côlon, la molécule élimine les Tregs dans les tumeurs sans affecter celles présentes dans le reste du corps, ce qui évite les réactions auto-immunes incontrôlées. La molécule finit par réduire le nombre de Tregs au point que, toujours chez l’animal, les tumeurs sont considérablement réduites.

  • La stratégie fait ainsi ses preuves d’efficacité chez la souris porteuse de cancer du poumon (tumeur du poumon humain), ce qui laisse espérer de sa viabilité chez l'Homme.

 

Cette toute première immunothérapie qui parvient, chez un modèle animal, à éliminer ces Tregs immunosuppressives sans induire de toxicité sévère, devra encore passer par la validation d’autres études précliniques et d’essais cliniques chez l’Homme.


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