CANCER PRIMITIF INCONNU: Le test épigénétique qui diagnostique l'origine de la tumeur
Environ 5% des patients atteints ont un cancer dont le site d'origine reste inconnu. Prendre une décision thérapeutique sans connaître le site primitif de la tumeur est alors un véritable défi. Mais comment identifier les cellules d’origine ? Plusieurs équipes ont déjà tenté de relever ce défi, dont cette équipe de l’IDIBELL-Bellvitge Biomedical Research Institute (Barcelone) qui présente, dans le Lancet son test épigénétique pour diagnostiquer les cancers primitifs inconnus.
Chez les patients atteints d'un cancer, le diagnostic initial comprend le plus souvent la détection de la tumeur primaire et la présence ou l'absence de métastases ou de cellules qui se sont échappées de la tumeur d'origine et ont attaqué d'autres tissus du patient. Cependant, pour 5% à 10% des tumeurs humaines des métastases sont diagnostiquées sans que la tumeur primaire ait pu être localisée. Dans cette situation clinique de cancer primitif inconnu, la survie des patients reste très limitée. Des scientifiques du Brigham and Women's Hospital sont déjà parvenus à partir de la signature génétique unique d'une tumeur spécifique à retrouver le type de cellules à l'origine de la tumeur. Ils avaient présenté en 2015 leurs travaux dans la revue Nature. Des travaux réalisés à partir de l'analyse des données génomiques de plus de 100 types de cellules. Des chercheurs de l'Université d'Umea ont également présenté dans la revue Cancer Cell, une nouvelle technique diagnostique, d'analyse de l'ARN de plaquettes contenues dans une seule goutte de sang, permettant de détecter le cancer et d'identifier son site d'origine.
EPICUP, le nouveau test génétique, présenté par le Dr Manel Esteller, directeur du programme d'épigénétique et de biologie du Cancer de l'IDIBELL et professeur de l'Université de Barcelone, montre qu'il est possible de diagnostiquer le type de tumeur primaire responsable de la métastase chez le patient, afin de permettre aux cliniciens de proposer ensuite au patient un traitement personnalisé : « Il y a quelques années, nous avons pris conscience que les modèles chimiques qui régulent l'activité des gènes (l'épigénome) sont spécifiques à chaque tissu. Ces modèles sont différents dans une cellule du pancréas ou une cellule du poumon. Après avoir analysé ces signatures épigénétiques spécifiques à chaque type de cancer dans plus de 10.000 tumeurs humaines, nous sommes aujourd'hui capables, à partir d'une « photographie » de l'épigénome de la tumeur de connaître l'origine de la tumeur.
Identification du type de cancer et choix du traitement : l'identification du type de cancer grâce au test épigénétique aura un impact significatif sur le choix du traitement, expliquent les auteurs : « nous serons alors en mesure de fournir un traitement beaucoup plus spécifique au type de tumeur identifié et de doubler la survie du patient ».
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