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CANICULE : La chaleur épuise aussi la réserve cognitive

Actualité publiée il y a 1 année 3 mois 2 semaines
Journal of Epidemiology & Community Health
La chaleur extrême peut accélérer le déclin cognitif, en particulier chez les groupes de population plus vulnérables (Visuel Adobe Stock 518585212)

Le stress thermique altère aussi le cerveau, avait conclu une précédente étude d’une équipe de l’Université de Copenhague. Cette nouvelle recherche, menée à la NYU School of Global Public Health va dans le même sens, en révélant que la chaleur extrême peut accélérer le déclin cognitif, en particulier chez les groupes de population plus vulnérables. Ainsi, les personnes âgées des minorités ou plus largement les résidents des quartiers défavorisés sont plus à risque de déclin cognitif lié aux vagues de chaleur.

 

La chaleur extrême est la principale cause de décès liés aux conditions météorologiques faisant chaque année dans le monde plus de victimes que les ouragans, les tornades ou la foudre. Les jeunes enfants et les adultes plus âgés sont particulièrement vulnérables aux complications liées à la chaleur comme l'épuisement ou la déshydratation.

 

Cette étude est publiée alors qu’aux Etats-Unis, juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais enregistré, avec dans certaines villes des vagues de chaleur record et persistantes durant des semaines. Cette recherche suggère que ces vagues de chaleur sont des facteurs de déclin cognitif chez les groupes plus vulnérables, plus exposés encore à la chaleur.  L’auteur principal, Eunyoung Choi, chercheur à la NYU résume : « l'exposition cumulée à la chaleur extrême nuit à la santé cognitive, et de manière inégale dans la population ».

La chaleur, un facteur négligé de déclin cognitive

De précédentes recherches ont suggéré que des températures élevées peuvent nuire à la fonction cognitive, mais ces études ont plutôt examiné un instantané de la cognition d'une personne à un moment donné après une brève exposition à un pic de chaleur. On en sait moins sur l’évolution de la santé cognitive, avec l’exposition cumulée à de fortes températures.

 

D’autre part, souligne un autre auteur de l’étude, Virginia Chang, professeur agrégé de sciences sociales et comportementales à la NYU, le déclin cognitif peut ne pas se manifester juste après un seul pic de chaleur, mais après des expositions répétées ou prolongées à une chaleur extrême : « L'exposition cumulée à des températures extrêmes peut déclencher

toute une cascade d'événements dans le cerveau,

notamment des dommages cellulaires, une inflammation et un stress oxydatif, qui peuvent épuiser la réserve cognitive ». Avec le réchauffement climatique, il y a fort à parier que ces effets s’aggravent, c’est pourquoi les chercheurs ont voulu mieux comprendre le lien entre l'exposition à la chaleur extrême et le déclin cognitif.

 

L’étude a analysé les données de près de 9.500 participants, âgés de 52 ans et plus, suivis durant 12 ans (2006-2018) notamment les données d’évolution de la fonction cognitive au fil du temps. L’équipe a également pris en compte les données socio-économiques et calculé l'exposition cumulée des participants à la chaleur extrême. L’analyse constate que :

 

  • une forte exposition à la chaleur extrême est associée à un déclin cognitif plus rapide chez les habitants des quartiers pauvres, mais pas chez ceux des quartiers riches ;
  • ce constat est particulièrement marqué au sein des minorités et chez les personnes plus âgées.

 

Les quartiers aisés sont mieux protégés en cas de vague de chaleur, comme des espaces verts bien entretenus, la climatisation et des espaces publics plus frais. Les résidents des quartiers plus aisés partent plus souvent en congés. D’autres facteurs associés à un statut plus vulnérable et défavorisé comprennent le stress chronique, l’isolement social et moins de services de soutien en santé cognitive…

 

Les chercheurs exhortent les autorités, politiques et sanitaires, à mieux organiser la protection des quartiers défavorisés contre ces vagues de chaleur, qui vont s’intensifier.

« Face à des températures élevées, les populations plus vulnérables connaissent des dommages physiques et cognitifs aggravés. La chaleur extrême est une grave menace pour la santé publique, avec là encore de grandes disparités ».


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