CHRONOBIOME : A chacun le sien !
Cette étude pilote de l'Université de Pennsylvanie, qui porte sur le « chronobiome humain », repousse les enjeux de la médecine de précision. Cette « collection » de traits physiologiques individuels sur un cycle de 24 heures, apporte en effet une image précise du phénotype profond de chaque individu en fonction du temps. Parmi les implications concrètes de ces travaux précurseurs, présentés dans les Scientific Reports, un meilleur contrôle des symptômes et de l'efficacité des médicaments, grâce à la prise en compte de ces nombreux processus du corps humain qui varient en fonction du moment de la journée.
Les exemples sont déjà nombreux de thérapies ou de maladies dont l’efficacité ou l’incidence va dépendre du moment de la journée. Les statines seront prises au coucher parce que les enzymes hépatiques sont plus actives pendant le sommeil. Les crises cardiaques sont plus fréquentes le matin. On tient de mieux en mieux compte de la physiologie humaine sur un cycle de 24 heures, mais pas encore de ce chronobiome humain individuel.
Cette étude s’y attaque en équipant (voir visuel) 6 jeunes participants de dispositifs de télédétection pour recueillir un maximum de données comportementales et environnementales, dot l'activité, la communication, la mobilité, le temps de veille, l'apport alimentaire et l'exposition à la lumière. Des milliers d'indicateurs physiologiques ont ainsi été relevés via des capteurs à distance, des trackers, mais aussi des prélèvements physiologiques. La question était déjà de vérifier l’existence d’un phénotype oscillatoire ou chronobiome d'un individu et de pouvoir l’approcher, en dépit du « bruit de fond » de la vie quotidienne.
Définir le chronobiome d’un individu, c’est possible ! Ce chronobiome qui peut être défini par une collection de traits physiologiques et leur modèle d’évolution sur 24 heures apporte une image précise du phénotype dépendant du temps, explique l’auteur principal, le Dr Garret FitzGerald, directeur de l'Institut de Médecine Translationnelle et Thérapeutique et inventeur du terme « chronobiome ». L'horloge circadienne moléculaire coordonne les rythmes du corps, impactés par des signaux environnementaux, tels que la lumière et le cycle solaire de 24 heures. Une horloge maîtresse dans le cerveau communique ce contrôle aux horloges moléculaires dans les tissus périphériques. Chez chaque homme, de nombreux aspects de la physiologie, y compris la température corporelle, les niveaux de glucose dans le sang, l'insuline, les hormones et les neurotransmetteurs varient ainsi, selon un cycle quotidien.
L’idée d’un chronotype standard « de bonne santé » : 62% des données recueillies montrent ainsi une variabilité spécifique au temps. C’est le cas de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque et des niveaux de cortisol. Chez l'homme, l'incidence ou la sévérité de nombreuses maladies, dont l'asthme, l'infarctus du myocarde, l'accident vasculaire cérébral et la dépression, présentent des variations diurnes. De même, les niveaux de cibles moléculaires de nombreux médicaments oscillent, tout comme les enzymes et les transporteurs liés au métabolisme des médicaments. Il s’agirait donc déjà d’avoir un chronobiome repère de bonne santé pour pouvoir détecter et interpréter les données discordantes recueillies chez les patients, afin de mieux diagnostiquer et mieux traiter.
Enfin, chez les 6 participants, des « chronotypes » diffèrent, en fonction des individus et des facteurs environnementaux aussi. S’ouvre donc également l’opportunité de traiter avec encore plus de précision, par chronothérapies personnalisées. Ainsi les auteurs s’interogent : « si l'on suppose qu'un médicament doit être pris au coucher, qu'est-ce que cela signifie pour un chronotype individuel ? Est-ce qu’il faut personnaliser différemment le traitement pour les lève-tôt et les couche-tard ?
Passer à la vitesse supérieure, en caractérisant le chronobiome de plus de 200 patients, est la prochaine étape envisagée par les chercheurs. Il s'agira également d'identifier ses changements en réponse aux facteurs de stress métaboliques, cardiovasculaires et inflammatoires; bref, les enjeux de la chronobiologie sont immenses et multiples.
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