CICATRISATION : Pourquoi cicatrise-t-on souvent par paliers ?
Cette équipe de chirurgiens et dermatologues de la Fujita Health University nous explique comment la cicatrisation peut être retardée et se dérouler par paliers, en raison de mutations génétiques : des mutations génétiques également sous-jacentes à différents troubles inflammatoires cutanés qui peuvent retarder la cicatrisation des plaies. La recherche, publiée dans les Scientific Reports en identifiant un nouvel interrupteur de la cicatrisation, montre aussi qu’il existe des moyens de normaliser le processus.
Les auteurs principaux, le Pr Kazumitsu Sugiura et le Dr Kenta Saito de l'Université Fujita Health rappellent combien la cicatrisation des plaies est un processus biologique complexe qui combine plusieurs activités biologiques coordonnées, qui permettent l'arrêt du saignement, l’élimination des agents pathogènes et des débris (débridement), en passant par la régénération et la fermeture des tissus. Une étape critique de ce processus est l'infiltration de cellules inflammatoires à proximité d'une plaie en phase de « nettoyage ». Mais cette phase critique constitue une épée à double tranchant : une infiltration excessive ou inadéquate de ces cellules ou une inflammation qui devient chronique peut retarder la cicatrisation des plaies.
Ce phénomène qui mène à la chronicité et au retard de cicatrisation
a induit les scientifiques à former l'hypothèse que protéine et médiateur anti-inflammatoir, IL-36Ra, pourrait jouer un rôle clé dans la cicatrisation « normale » des plaies. L'IL-36Ra est codée par le gène IL36RN. Et des mutations de ce gène ont déjà été liées à différents troubles cutanés inflammatoires tels que le psoriasis. 2 mutations du gène IL36RN sont en fait associées à plusieurs troubles cutanés. De précédentes études sur des souris présentant ces mutations ont d’ailleurs révélé une altération de la cicatrisation des plaies. Cependant, le rôle exact de l'IL-36Ra dans le processus de cicatrisation des plaies reste inconnu.
L'IL-36Ra, une protéine indispensable pour cicatriser : des souris privées de la protéine clé ont des plaies ouvertes plus larges, qui mettent plus de temps à cicatriser en particulier à régénérer (réépithélialisation) le tissu épithélial, la couche externe de la peau. Ces souris présentent une formation excessive de tissu de granulation, de tissu conjonctif et de vaisseaux sanguins qui se développent pour combler les plaies. Enfin, l’infiltration de neutrophiles pro-inflammatoires et de macrophages (un autre type de cellule immunitaire impliqué dans l'identification et l'élimination des agents pathogènes et des cellules mortes) est excessive dans les zones de la plaie.
La carence en IL-36Ra retarde et perturbe la cicatrisation des plaies, mais comment contrer ces effets ? L'équipe montre qu’un traitement avec l'inhibiteur TAK-242 qui contre l’effet de carence en IL-36Ra permet de normaliser la cicatrisation chez les souris carencées : Des injections intrapéritonéales de TAK-242 administrées peu de temps après la blessure permettent d’éliminer les retards de cicatrisation.
Ces résultats obtenus chez l’animal, devront encore être reproduits chez l’Homme, cependant ils désignent un nouvel interrupteur de la cicatrisation qui pourrait être utile aussi pour de nouveaux traitements des troubles cutanés induits par un excès de neutrophiles et diverses maladies inflammatoires de la peau telles que le psoriasis et la dermatite atopique.
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