DÉMENCE : La prédire dès 50 ans par un test sanguin ?
Des marqueurs d'inflammation à l'âge moyen de 50 ans caractéristiques d’un rétrécissement des tissus cérébraux dans certaines parties du cerveau plus tard dans la vie, et donc marqueurs prédictifs de démence ? C’est l’hypothèse soutenue par ces travaux d’une équipe américaine, présentés dans la revue Neurology qui « recoupent » les niveaux de ces marqueurs avec des différences de volume cérébral, observées via IRM et des différences de performances aux tests de mémoire. Plus qu’un pas vers un test de détection sanguin, c’est une confirmation de l’association entre inflammation et volume du cerveau.
De précédentes recherches ont tenté d’identifier une signature génétique ou biologique pouvant prédire l'apparition de la maladie d'Alzheimer ou d’autres maladies liées à l’âge, des années avant l’apparition des premiers symptômes. D’autres ont bien documenté que les personnes atteintes de démence présentent un volume cérébral plus petit et sont susceptibles d'avoir des mesures plus élevées de substances liées à l'inflammation dans leur sang. Ici, les chercheurs de Johns Hopkins, du Baylor College of Medicine, de l'Université du Minnesota, de la Mayo Clinic et de l'Université du Mississippi précisent les liens entre ces facteurs d’inflammation et de volume du cerveau.
Cette étude d’observation a suivi 15.000 personnes âgées de 45 à 65 ans et mesuré, à l’âge de 53 ans en moyenne, 5 substances liées à l'inflammation dans le sang des participants (fibrinogène, albumine, facteur de von Willebrand, facteur VIII et nombre de globules blancs). 24 ans plus tard, les chercheurs ont sélectionné 1.978 participants, mesuré leur volume cérébral par IRM et les ont invités à passer un test de mémoire. Enfin, les chercheurs ont rapproché les données « initiales » des 5 substances et les données de volume cérébral et de scores au test de mémoire. L’analyse montre que les personnes qui présentaient des niveaux de marqueurs inflammatoires totaux plus élevés à l'âge moyen de 53 ans au début de l'étude, sont plus susceptibles d'avoir un volume « rétréci » dans certaines zones du cerveau, à la fin de l'étude. En particulier de l'hippocampe, impliqué dans la mémoire, le lobe occipital impliqué dans le traitement visuel et une zone caractéristique touchée par la maladie d’Alzheimer.
Ainsi, les participants ayant des niveaux élevés sur 3 marqueurs ou plus à 53 ans,
- présentent un hippocampe réduit en volume de 4,6% et un lobe occipital réduit en volume de 5,7% ;
- obtiennent de légèrement moins bons scores au test de mémoire, se rappelant en moyenne 5 mots sur 10, contre 5,5 mots pour les participants exempts de marqueurs inflammatoires au départ de l’étude.
- En revanche, aucune association entre le volume cérébral total et les marqueurs inflammatoires n’est identifiée.
Une association certes complexe en regard du processus de vieillissement normal qui induit un rétrécissement du cerveau. Une première piste vers des marqueurs sanguins permettant en combinaison un test prédictif, mais surtout de nouvelles preuves de l’implication de l’inflammation dans le développement des démences.
En bref, des niveaux élevés d'inflammation peuvent à long terme également endommager le cerveau.
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