DÉMENCE : Pourquoi les « Z-Drugs » peuvent être dangereuses
Ces « Z-Drugs » : zopiclone, zaleplon, zolpidem sont tous des médicaments hypnotiques couramment utilisés. Cependant, alerte cette équipe de pharmacologues de l’Université d'East Anglia (UEA, Angleterre), ces somnifères puissants sont liés à un risque accru de chutes, de fractures et d'accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les personnes atteintes de démence. Les arguments sont développés dans la revue BMC Medicine.
Les troubles du sommeil sont courants chez les personnes atteintes de démence et ces patients se voient souvent prescrire ces médicaments hypnotiques qui commencent par « Z » ou « Z-Drugs ». « Jusqu'à 90% des personnes atteintes de démence souffrent de troubles du sommeil et cela a un impact important sur leur santé mentale et physique, ainsi que sur celle de leurs soignants », rappelle l’auteur principal, le Pr Chris Fox de la Norwich Medical School de l'UEA. Son étude met en garde contre un risque accru d'effets indésirables avec les doses plus fortes de ces médicaments, en particulier chez ce groupe de patients.
Des effets indésirables similaires voire supérieurs à ceux des benzodiazépines
Les « benzos » à dose plus élevée, couramment utilisés pour traiter les troubles du sommeil sont également connus pour plusieurs effets indésirables, dont un effet d’aggravation de la démence. Les médicaments Z sont également couramment prescrits pour aider les gens à dormir, cependant, ces médicaments n'ont jamais été homologués en cas de démence et ont, en revanche, été associés à des événements indésirables tels que des chutes et des fractures chez les personnes âgées.
L'équipe a analysé les données de 27.090 patients diagnostiqués déments, âgés en moyenne de 83 ans et à 62% des femmes. Les chercheurs ont examiné les effets indésirables chez 3.532 patients ayant reçu une prescription de médicaments Z et les ont comparés aux résultats de patients souffrant également de troubles du sommeil et prenant des benzodiazépines, et enfin aux résultats de patients ne prenant pas de sédatifs. Les chercheurs ont également regardé si la posologie du médicament jouait un rôle dans les effets indésirables. Les effets indésirables pris en compte comprenaient les fractures, les chutes, la thrombose veineuse profonde, les AVC et le décès sur deux ans. Enfin, les médicaments Z et les benzodiazépines à doses plus élevées ont été définis comme des prescriptions équivalant à 7,5 mg de zopiclone ou> 5 mg de diazépam par jour. L’analyse constate que :
- les patients recevant des doses plus élevées de médicaments Z sont à risque accru de chutes et de fractures (en particulier de fracture de la hanche) et d’AVC, par rapport aux patients qui ne prennent aucun médicament pour les troubles du sommeil ;
- les patients recevant des doses plus faibles de médicaments Z ne présentent pas de risque accru d’événements indésirables ;
- aucune différence n’est ici constatée entre les événements indésirables associés aux médicaments Z vs benzodiazépines, hors taux de mortalité plus faibles avec les médicaments Z ;
Les médicaments Z à dose plus élevée doivent être évités, si possible, chez les personnes atteintes de démence, et les alternatives non pharmacologiques devraient être préférées chez ce groupe de patients. Cependant les patients qui ont reçu une prescription de médicament Z à dose plus élevée ne doivent pas arrêter leur traitement sans consulter. Les médecins devraient enfin mieux peser le rapport bénéfice-risque des différentes classes de médicaments.
Enfin, concluent les auteurs : « les médicaments sédatifs ne sont pas un moyen utile de gérer l'isolement social pendant l’épidémie COVID-19 ».
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