DÉPRESSION POST-PARTUM : Elle semble épargner les hommes
Le fait d'avoir un enfant est-il associé à un risque de dépression chez les pères aussi ? Même si la naissance de l’enfant n’est pas, comme chez la mère associée à un bouleversement hormonal, on pourrait penser qu’elle peut causer, chez les pères aussi, un stress et une anxiété supplémentaires Cette étude, menée par une équipe de de l’University College London (UCL) sous l’angle de la prescription d’antidépresseurs, révèle, dans le JAMA Network Open, qu'il n'y a pas plus de prescription de traitement antidépresseur chez les nouveaux pères.
De précédentes études ont suggéré que les hommes peuvent être plus à risque de dépression directement après la naissance de leur enfant et qu'environ 1 homme sur 10 souffre de dépression dans l'année qui suit la naissance, mais ces données n’ont jamais été confirmées sous l’angle de la prescription d’un traitement antidépresseur.
L’étude de cohorte est menée auprès de 90.736 pères et 453.632 hommes n'ayant pas eu d'enfant la même année (témoins). La plupart des hommes de l'étude (85 %) étaient âgés de 25 à 44 ans, et il y avait plus d'hommes vivant dans des zones moins défavorisées.
- Au cours du suivi 5 % des participants ont reçu au moins 1 prescription d'antidépresseur dans l'année suivant la naissance d'un enfant, vs 6 % des participants n’ayant pas eu d’enfant cette année-là ;
- après ajustement avec les facteurs de confusion possibles, aucune différence n’est relevée en termes de prescription d’antidépresseurs entre les 2 groupes nouveaux pères vs hommes en général ;
- les pères qui avaient récemment reçu un traitement antidépresseur s’avèrent néanmoins beaucoup plus susceptibles de recevoir un traitement antidépresseur après la naissance vs les pères sans antécédents de traitement antidépresseur ;
- les pères vivant dans les zones les plus défavorisées sont 18 % plus susceptibles de recevoir une prescription d'antidépresseurs vs zones les moins défavorisées.
L’analyse n’identifie pas plus de traitement antidépresseur chez les nouveaux pères,
après prise en compte des facteurs de confusion possibles, dont les antécédents de traitement. Cependant, les antécédents de traitement antidépresseur apparaissent un facteur clé associé à la poursuite du traitement chez les hommes qui ayant eu un enfant au cours de l'année précédente, ce qui suggère que la naissance d’un enfant peut renforcer une certaine vulnérabilité préexistante.
Globalement ces résultats suggèrent que la paternité récente n’est pas associée à une augmentation du traitement antidépresseur et donc à une incidence particulière de la dépression chez les hommes. Des recherches complémentaires sont prévues, pour déterminer si le traitement antidépresseur ou la dépression peuvent être un obstacle à la paternité mais aussi si la paternité est un obstacle au traitement antidépresseur.
L'auteur principal, Holly Smith, chercheur à l’UCL Institute of Epidemiology & Health, commente ces premiers résultats : « notre étude confirme que la relation entre la dépression et la paternité est complexe et que le traitement antidépresseur antérieur est un déterminant clé de l'utilisation d'antidépresseurs dans l'année qui suit la naissance d’un enfant. Cela suggère que ces hommes plus fragiles peuvent être plus susceptibles de redévelopper des symptômes dépressifs et que les défis associés à un nouvel enfant peuvent exacerber cette vulnérabilité ».
Après la naissance d'un enfant, l'attention se porte sur la santé de la mère et du bébé. Cependant, les nouveaux papas, plus vulnérables, doivent également pouvoir avoir accès aux soins dont ils ont besoin …
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