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DERMATITE : Une crème à l’ADN ?

Actualité publiée il y a 4 semaines 1 jour 12 heures
Molecular Therapy
C’est la première pommade comportant des molécules d'ADN et elle promet de traiter la dermatite de contact  (Visuel Adobe Stock 35761157)

C’est la première pommade comportant des molécules d'ADN et elle promet de traiter la dermatite de contact : mise au point par des pharmacologues et des dermatologues de l'Université de Bonn, cette pommade apporte aussi la preuve, outre celle de son efficacité, que les aptamères (oligonucléotide synthétique généralement ARN ou ADN) peuvent être absorbés directement par la peau. Ces travaux, publiés dans la revue Molecular Therapy, décryptent ce processus d’absorption par imagerie au microscope à fluorescence.

 

L’ADN est une longue molécule dans laquelle différents blocs sont alignés, semblables aux lettres d’une phrase. Tout comme une phrase, l’ADN stocke des informations. L’ADN est collant et les chercheurs le comparent à « une sorte de mini fermeture Velcro », qui se présente sous la forme de 2 brins parallèles dont les « surfaces adhésives » se font face. Cependant, les aptamères sont monocaténaires (simple brin). Cela leur permet de se lier à d’autres molécules et d’influencer la fonction de ces molécules. Et c’est précisément cette faculté qui les rend intéressants pour la recherche sur les principes actifs.

 

Ici, les scientifiques montrent que les aptamères compris dans la pommade appliquée sur la peau pénètrent en effet dans les couches dermiques plus profondes et, chez la souris, parviennent à traiter la dermatite allergique de contact.

Délivrer de l’ADN par pommade topique

L’étude a permis d’isoler une molécule d'ADN qui lutte contre le développement de la dermatite allergique de contact : l’aptamère se lie à certaines substances messagères du système immunitaire, les rendant inefficaces. Et cela fonctionne même si le principe actif est appliqué sur la peau sous forme de pommade topique.

 

L’auteur principal, le professeur Günter Mayer de l'Université de Vienne, commente ces travaux : « certaines bibliothèques contiennent des millions d'ingrédients actifs dont les aptamères dont la séquence diffère de manière aléatoire. Pour inhiber une structure cible avec des aptamères, il suffit de les utiliser comme hameçons, les plonger dans un mélange contenant la molécule cible, et les bons aptamères y adhèrent ».

 

Identifier l’aptamère qui « colle » avec « CCL22 » : l’équipe met en œuvre cette méthode pour isoler les aptamères qui adhèrent à la protéine immunitaire « CCL22 », une chimiokine, une substance qui contrôle la migration des cellules dans le corps. Si certaines cellules immunitaires détectent des éléments d’une bactérie ou d’un virus, elles libèrent des chimiokines et appellent ensuite à l’aide les agents de défense de l’organisme.

 

  • C’est le cas dans la dermatite de contact allergique : les protéines du corps sont modifiées par l’allergène, ces changements en réalité inoffensifs sont perçus comme étrangers par le système immunitaire, ce qui conduit, entre autres, à la libération de CCL22. CCL22 attire alors les lymphocytes T, qui migrent vers le site de contact, ce qui déclenche la réaction allergique.

 

Une pommade avec un aptamère contre CCL22 : cet aptamère bloque globalement la chimiokine et les lymphocytes T affluent moins sur le site de contact. La réaction allergique cutanée est donc réduite avec la pommade à base d’aptamère.

 

Les aptamères peuvent être administrés sous forme de pommade : cette découverte a un énorme potentiel thérapeutique, soulignent ces scientifiques, cependant, il faudra encore démontrer que l’approche s’applique également bien aux humains.

 

Avec des applications possibles pour d'autres affections cutanées, bien sûr.


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