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DÉVELOPPEMENT NEUROLOGIQUE : Le peau-à-peau vital pour les prématurés

Actualité publiée il y a 4 mois 1 semaine 6 jours
The Journal of Pediatrics
Le contact peau-à-peau ou méthode « kangourou » stimule le développement neurologique des bébés prématurés (Visuel Adobe Stock 145966895)

Le contact peau-à-peau ou méthode « kangourou » stimule le développement neurologique des bébés prématurés, réaffirme cette équipe de néonatalogie de la Stanford Medicine. La recherche, publiée dans le Journal of Pediatrics conclut que ces bébés nés « trop tôt » ont de meilleures performances neurodéveloppementales à 1 an s'ils ont bénéficié du peau-à-peau à la naissance.

 

Ces longs câlins peau à peau avec un parent entraînent des avantages cognitifs durables pour les bébés prématurés et ces bénéfices apparaissent même dose-dépendants : même de petites augmentations de la durée du contact peau à peau font une différence mesurable dans le développement neurologique au cours de la première année de vie.

« Il ne faut pas grand-chose pour améliorer les résultats de ces bébés »,

commente l’un des auteurs principaux, le Dr Katherine Travis, professeur à Stanford Medicine lors de la publication de l’étude

Une intervention si simple mais vitale

Lors du peau-à-peau, le bébé ne porte qu’une couche et le parent le tient sur sa poitrine, contre sa peau. Mais comme les prématurés hospitalisés sont petits et fragiles, et souvent reliés à de nombreux tubes et fils, pratiquer le peau-à-peau peut alors sembler compliqué. C’est là que l’équipe médicale « entre en jeu » et aide le parent à prendre et tenir son bébé.

« Et peu importe que le bébé soit plus ou moins malade, la pratique est bénéfique pour tous les bébés prématurés ».

Chez les bébés prématurés, les complications neurologiques sont un défi, rappellent les auteurs. Même si au cours de ces 50 dernières années, les taux de survie des prématurés se sont considérablement améliorés grâce à de meilleurs traitements pour de nombreuses complications de la prématurité -définie comme une naissance au moins 3 semaines plus tôt que le terme-. Les néonatologistes ont notamment développé des approches efficaces pour aider les prématurés à respirer, même avec des poumons immatures, pendant leur séjour dans l’unité de soins intensifs néonatals.

 

  • Cependant, une naissance prématurée expose toujours les bébés à des risques de problèmes de développement neurologique, notamment des retards de développement et des troubles de l’apprentissage. Les médecins et les familles espèrent depuis longtemps que « ces petits patients deviennent des enfants en bonne santé qui vont franchir les mêmes étapes que s’ils n’étaient pas venus à l’USIN », ajoute le co-auteur, le Dr Melissa Scala, professeur de pédiatrie, clinicien spécialisé dans les soins aux prématurés à l’hôpital pour enfants Lucile Packard de Stanford.
  •  

« Nos résultats confirment le contact peau à peau comme une intervention vitale en USIN pour préparer cet enfant à sortir de l’hôpital, capable d’apprendre et de se développer ».

 

Le contact peau à peau a d’abord été utilisé dans les pays à faible revenu pour améliorer la survie des bébés, où il est souvent utilisé pour les nourrissons en bonne santé nés après une grossesse à terme. Dans les zones rurales ou pauvres, il s’agit d’un moyen essentiel de garder les nouveau-nés au chaud, de favoriser le lien parent-enfant et de faciliter le début de l’allaitement. La pratique a mis plus de temps à s’imposer dans les pays riches, en particulier pour les bébés prématurés, qui reçoivent généralement des soins intensifs de haute technologie. Mais les recherches s’accumulent pour démontrer les grands avantages de la pratique pour le cerveau des prématurés.

 

L’étude examine les dossiers médicaux de 181 nourrissons nés très prématurément, c’est-à-dire au moins 8 semaines avant terme. Ces bébés ne souffraient pas de maladies génétiques ou congénitales connues pour affecter le développement neurologique et ont bénéficié d’évaluations de suivi après leur sortie de l’USIN à 6 et 12 mois. Ces évaluations comprenaient des mesures des capacités visuo-motrices lors de tâches standard et des compétences linguistiques expressives et réceptives. Enfin, les chercheurs ont également pris en compte les facteurs de confusion possibles, dont le statut socioéconomique des familles, ainsi que 4 complications courantes de la prématurité : la dysplasie bronchopulmonaire, une complication respiratoire ; l’hémorragie cérébrale, ou saignement ; la septicémie, une infection de la circulation sanguine ; et l’entérocolite nécrosante, une maladie intestinale. Les bébés ont bénéficié en moyenne de 17 minutes de soins peau à peau par jour, généralement lors de séances d’une durée supérieure à une heure mais se déroulant moins de 2 jours par semaine. L’analyse révèle que :

 

  • 7 % pour cent des familles n’ont pas pratiqué le peau-à-peau et 8 % l’ont pratiqué plus de 50 minutes par jour ;
  • de petites augmentations du temps de contact peau-à-peau sont associées à de grandes différences dans les scores de développement neurologique à 12 mois ;
  • ainsi, 20 minutes de pratique de plus par jour sont associées à une augmentation de 10 points sur l’échelle de notation en 100 points utilisée pour évaluer le développement neurologique ;
  • la fréquence et la durée du contact peau à peau prédisent même scores cognitifs à 12 mois même après prise en compte des facteurs de confusion possibles.

 

Si l’étude n’a pas été conçue pour explorer les bienfaits du contact peau à peau sur le cerveau des bébés, les chercheurs émettent quelques hypothèses pour expliquer ces données :

 

« Nous considérons l’utérus comme une base pour les bébés prématurés. In utero, un fœtus est physiquement contenu, il écoute le battement de cœur maternel, entend la voix de sa mère, l’entend probablement digérer. Dans l’unité de soins intensifs néonatals, les bébés sont seuls et entendent le ventilateur de l’incubateur ; c’est un environnement très différent. Les soins de peau-à-peau apportent un environnement qui se rapproche de l’utérus ».

 

Les parents aussi bénéficient du peau-à-peau, ce qui bénéficie ensuite à leurs nouveau-nés.

 

Enfin, de nombreux prématurés ne sont pas prêts à être allaités, et le peau-à-peau permet de les y préparer…


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