DIABÈTE : L’ADO qui traite et inverse l'insuffisance cardiaque
L'empagliflozine, un médicament antidiabétique oral (ADO) récemment développé, permet « aussi » de traiter et d’inverser efficacement l'insuffisance cardiaque chez les patients diabétiques et non diabétiques, conclut cette équipe de la Mount Sinai School of Medicine (New York). L’essai clinique, présenté à la Réunion scientifique de l’American Heart Association Scientific et publié dans le Journal of the American College of Cardiology montre que ce médicament peut améliorer la taille, la forme et la fonction du cœur, entraînant une meilleure capacité d'exercice et une meilleure qualité de vie.
Au point de réduire le risque d’hospitalisation chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque : l’auteur principal, le Dr Carlos Santos-Gallego, stagiaire postdoctoral à l'École de médecine Icahn résume : « les résultats prometteurs de notre essai clinique montrent que ce médicament contre le diabète peut améliorer la vie des patients souffrant d'insuffisance cardiaque avec une fraction d'éjection réduite, améliorer leur capacité d'exercice et améliorer leur qualité de vie avec peu ou pas d'effets secondaires. Nous allons demander à l’agence américaine, la US Food and Drug Administration, l’approbation de l'empagliflozine pour cette indication ».
Pourquoi cet ADO est-il efficace contre l’insuffisance cardiaque ?
L'essai, appelé «EMPATROPISME» est mené auprès de 84 patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique avec une fraction d'éjection réduite – cela signifie que le pourcentage de sang pompé par le ventricule gauche à chaque contraction est réduit-. Les patients ont été répartis pour recevoir l’empagliflozine ou un placebo pour une durée de 6 mois. Les participants ont été évalués à l’inclusion puis à 6 mois, par IRM cardiaque, test d'effort cardio-pulmonaire sur vélo avec masque facial pour évaluer les niveaux d'oxygène, test de marche de 6 minutes et ont renseigné par questionnaire leur qualité de vie. L’essai montre que :
- 80% des patients traités par l'empagliflozine présentent une amélioration significative de 16,6% de la fraction d'éjection ventriculaire gauche au bout de six mois et leurs cœurs pompent « plus fort » ;
- chez ces patients traités par empagliflozine, la dilatation cardiaque est réduite en raison d’une moindre congestion et d’une moindre accumulation de liquide dans le corps, ce qui suggère une baisse de sévérité de l’insuffisance cardiaque, un amincissement des parois du cœur et une capacité renforcée de pompage du ventricule gauche ;
- le groupe témoin ne présente aucune amélioration et leur fraction d’éjection a continué de baisser, la dilatation cardiaque s’est aggravée et la fonction cardiaque est globalement dégradée ;
- les patients traités par empagliflozine présentent également une amélioration d'environ 10% de leurs niveaux d'exercice, sont en meilleure forme physique, sont plus actifs au quotidien et déclarent une meilleure qualité de vie ;
- enfin, leur risque d’hospitalisation est considérablement réduit vs témoins.
Non seulement l’étude en apporte la preuve mais elle explique pourquoi l'empagliflozine est efficace contre l’insuffisance cardiaque :
- le médicament améliore la fonction cardiaque ;
- le médicament ne semble pas provoquer d'hypoglycémie ou d'hypoglycémie chez les patients non diabétiques.
Dans l'insuffisance cardiaque, le cœur subit un « remodelage défavorable », au cours duquel le ventricule gauche se dilate, devient plus épais (hypertrophique) et plus sphérique, et pompe moins fort avec une fraction d'éjection plus faible. Les chercheurs démontrent ici que ce médicament atténue et inverse ce remodelage indésirable. Il réduit la dilatation et l'hypertrophie du ventricule gauche, lui permet de pomper plus fortement (ce qui augmente la fraction d'éjection) et enfin modifie sa forme (le rendant plus allongé et moins sphérique).
Alors que de nombreux médecins sont réticents à prescrire un médicament qu'ils ne comprennent pas, les résultats de l’essai et l’approbation future de la FDA vont permettre à ce médicament initialement développé pour le diabète, d’exercer son efficacité chez des patients insuffisants cardiaques mais sans diabète.
Des bénéfices hyper-rapides : « Nous avons été très surpris de la rapidité avec laquelle les bénéfices sont apparus avec l'empagliflozine. Les patients se sentent déjà mieux dès les premières semaines de traitement. De plus, nous ne relevons aucun effet secondaire grave, bien qu'il s'agisse d'un antidiabétique, en particulier aucune hypoglycémie".
Cela confirme l'empagliflozine comme un candidat sûr et efficace de l'insuffisance cardiaque
avec fraction d'éjection réduite et cela, indépendamment du statut diabétique du patient », concluent les chercheurs.
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