EMPATHIE : Et s’il suffisait de synchroniser nos oscillations neuronales ?
Alors que l’empathie est un trait indispensable pour l’harmonie sociale mais aussi pour le bien-être de chacun, cette recherche de neurologues de l’Institute for Basic Science (Corée du Sud) révèle le mécanisme sous-jacent au comportement empathique : des oscillations neuronales synchronisées dans l’hémisphère cérébral droit. Cette découverte, documentée dans la revue Neuron, du mécanisme de la réponse empathique, présage-t-elle, avec les nouvelles techniques de stimulation, d’une meilleure sociabilité humaine ?
L'empathie est cette capacité qui nous permet de percevoir et de comprendre les émotions d'un autre individu, comme la joie, la tristesse ou la peur. C'est en effet une fonction essentielle pour la socialité humaine et son altération est observée dans de nombreux troubles psychiatriques et neurologiques tels que l'autisme, la schizophrénie et la maladie d'Alzheimer. Jusque-là, les mécanismes précis dans le cerveau qui permettent l'empathie n'avaient pas été identifiés. C’est donc la première fois qu’une équipe scientifique décrypte une relation causale entre ces oscillations à fréquence de 5-7 Hz dans le circuit cingulo-amygdalien et la réponse empathique.
Le mécanisme neuronal qui nous permet de ressentir de l'empathie
L’étude, menée sur des souris suggère en effet que l’empathie est induite par les oscillations neurales synchronisées dans l’hémisphère droit du cerveau et que ces oscillations permettent aux animaux de percevoir et de partager la peur de l’autre. Car l’empathie n’est pas limitée aux humains et ses mécanismes biologiques sont partagés avec d'autres mammifères, dont les souris. La « peur d'observation », un modèle de contagion émotionnelle, observé chez la souris, constitue une forme primaire d'empathie affective. Ce modèle est bien établi, précise l’équipe sud-coréenne et est fréquemment utilisé pour étudier la neurobiologie de l'empathie.
Une expérience chez la souris : une souris reçoit un choc électrique, tandis qu'une autre souris « observatrice » observe la scène derrière un écran transparent. Lorsqu'elle est témoin du choc reçu par l’autre animal, la souris observatrice affiche une réaction de peur immédiate. Par ailleurs, la souris observatrice sera capable de se rappeler l'expérience ultérieurement. L’analyse constate ici que les rythmes cérébraux synchronisés dans plusieurs zones cérébrales sont essentiels pour déclencher cette forme d’empathie primaire chez la souris. En particulier, la synchronisation entre le cortex cingulaire antérieur (ACC) et l'amygdale basolatérale (BLA) apparaît tout à fait caractéristique de peur empathique ressentie par la souris observatrice, une fois exposée à la détresse d’une autre souris. Au-delà, cette expérience permet de constater que :
- une relation réciproque entre le cortex cingulaire antérieur (ACC) et l'amygdale basolatérale (BLA) dans l'hémisphère droit est essentielle pour ce comportement empathique ;
- ainsi, lorsque les scientifiques inhibent, par optogénétique, ces circuits ACC-BLA dans l’hémisphère droit, ce comportement empathique est réduit ;
- un électroencéphalogramme (EEG) dans l'ACC et la BLA révèle que les rythmes cérébraux dans la plage de 5 à 7 Hz augmentent sélectivement dans l'ACC et la BLA au moment où la souris observatrice développe ce type de comportement empathique.
En résumé, ces oscillations synchrones au sein de ces réseaux neuronaux semblent favoriser différentes fonctions cognitives et émotionnelles, dont la réponse empathique. On peut donc imaginer que renforcer ces oscillations et leur synchronisation pourrait contribuer à rétablir une composante empathique déficiente caractéristique de nombreux troubles psychiatriques.
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