ÉPILEPSIE et GROSSESSE : Les antiépileptiques les plus sûrs ?

2 "nouveaux" médicaments antiépileptiques apparaissent sans danger pour la grossesse, conclut une étude menée par ces neurologues de la Stanford Medicine. Évalués à l’âge de 6 ans, des enfants de mère épileptiques, exposés in utero à ces médicaments, présentent des capacités verbales et cognitives normales, conclut cette vaste étude multicentrique, publiée dans le JAMA Neurology.
Ces 2 médicaments courants contre l'épilepsie, la lamotrigine et le lévétiracétam, offrent une alternative sûre aux médicaments antiépileptiques plus anciens, documentés comme pouvant être nocifs pour les fœtus, et notamment le valproate.
L’étude est la première à évaluer les effets à long terme des médicaments sur les enfants nés de mères ayant pris l’un ou les 2 médicaments contre l’épilepsie
pendant leur grossesse. Précisément, l’étude a suivi des femmes pendant leur grossesse, puis leurs enfants pendant plusieurs années et ont surveillé plusieurs résultats chez les mères et leurs enfants. Les données les plus récentes documentent les résultats à l'âge de 6 ans de 298 enfants de femmes épileptiques et d'un groupe témoin de 89 enfants de femmes en bonne santé. Pendant leur grossesse, la plupart des femmes épileptiques prenaient soit de la lamotrigine (43,6 %), soit du lévétiracétam (34,5 %), soit une combinaison de ces médicaments. L’analyse révèle notamment que :
- la capacité verbale à l’âge de 6 ans est normale chez les enfants dont les mères avaient utilisé l’un ou les 2 médicaments pendant la grossesse ;
- aucune différence statistiquement significative n’est relevée sur différents autres résultats cognitifs et psychosociaux chez ces enfants de 6 ans, exposés in utero (l’intelligence générale, la capacité visuospatiale, la mémoire, la fonction exécutive, la motricité, la vitesse de traitement et le comportement).
L’un des auteurs principaux, le Dr Kimford Meador, professeur de neurologie confirme : « pour ces 2 nouveaux médicaments, la lamotrigine et le lévétiracétam, les résultats semblent très bons. Nous ne relevons aucune différence de résultats entre les enfants de femmes épileptiques qui ont pris les nouveaux médicaments et les enfants de femmes sans problèmes de santé durant leur grossesse ».
Les femmes épileptiques ont besoin de soins prodigués par des neurologues et des obstétriciens
Avec des soins appropriés, « plus de 90 % des femmes épileptiques peuvent suivre une grossesse normale et mettre au monde des enfants en bonne santé ».
Traiter l’épilepsie durant la grossesse : il est important de prévenir autant de crises que possible pendant la grossesse, car les crises peuvent nuire à la fois à la mère et au fœtus. Mais garder les crises sous contrôle n’est pas simple. En particulier, dans les années 1990, un médicament antiépileptique couramment utilisé, le valproate, s’est révélé être un très mauvais choix pendant la grossesse, car il entraînait pour l’enfant à naître, un risque important de retard de développement neurologique et de malformations congénitales. Après la publication de ces recherches, l’utilisation du valproate pendant la grossesse a diminué et a renforcé l’idée que le traitement antiépileptique durant la grossesse pouvait être dangereux.
Au-delà, se pose la question du changement de traitement : les patients qui changent de médicament antiépileptique peuvent connaître davantage de crises lors de la transition vers un nouveau médicament, donc changer de traitement pendant la grossesse n'est pas non plus idéal. Et même lorsque les femmes continuent à prendre les mêmes médicaments tout au long de la grossesse, leur corps change. La grossesse accélère le métabolisme, doublant la vitesse à laquelle bon nombre de ces médicaments sont éliminés de l'organisme et réduisant ainsi la quantité de principe actif circulant. Les médecins doivent surveiller de près les niveaux de médicaments et augmenter la dose afin que les niveaux sanguins restent stables.
Enfin, l’étude confirme aussi l’intérêt d’une supplémentation en folates au début de la grossesse. On recommande généralement aux femmes de prendre des suppléments de folate en début de grossesse pour prévenir des malformations congénitales structurelles majeures telles que le spina bifida, mais de nouvelles découvertes, notamment issues de cette étude, montrent également que la supplémentation en folate présente d’autres avantages pour les enfants de femmes épileptiques. « Nous avons constaté que la supplémentation en acide folique améliore à la fois la cognition et le comportement à l’âge de 6 ans ».
Il existe de nombreux médicaments contre l’épilepsie sur le marché dont les risques sont inconnus. Il est essentiel que les équipes de recherche précisent comment ils influencent le développement du cerveau. La lamotrigine et le lévétiracétam ne fonctionnent pas pour tous les patients…
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