ERREUR MÉDICALE : La transparence n'augmente pas le risque lié à la responsabilité
Dans un souci de transparence et de promotion de la communication avec les patients après une erreur médicale, de nombreux hôpitaux (américains) ont mis en œuvre une nouvelle approche appelée programme de communication et de résolution des problèmes. Cette étude d’une équipe du Brigham and Women's Hospital (BWH), montre, dans la revue Health Affairs, que grâce à ces programmes, les hôpitaux communiquent ouvertement avec les patients après les événements indésirables, en recherchant des informations spécifiques, en fournissant des explications et, le cas échéant, en assumant la responsabilité de l’erreur. Cette stratégie qui contribue à améliorer la sécurité des patients et à remplir l'obligation éthique de divulguer les erreurs médicales n’entraine pas d’augmentation des coûts liés à la responsabilité professionnelle.
L’équipe de chercheurs du BWH, avec des collègues du Baystate Medical Center (BMC), du Beth Israel Deaconess Medical Center (BIDMC), de Stanford Health Care et d'Ariadne Labs, évalue ici les effets sur la « Responsabilité » de ces programmes de communication et de résolution dans 4 hôpitaux du Massachusetts. L’analyse révèle que ces programmes sont associés à une amélioration des tendances en matière de taux de nouvelles réclamations et de coûts juridiques sur une partie des sites concernés. De plus, cette approche plus transparente et plus éthique n'augmente pas le risque lié à la responsabilité professionnelle.
« Le bon choix » : En synthèse, ce programme de Le programme communication et de résolution des erreurs médicales permet aux établissements de mieux respecter leurs obligations éthiques en matière de divulgation des événements indésirables et de promouvoir la sécurité des patients sans encourir de conséquences négatives en termes de responsabilité. « Le bon choix, c’est d'être honnête vis-à-vis des erreurs, de présenter des excuses et d'indemniser les patients blessés par négligence ou par erreur. Et ce choix n’entraîne pas de conséquences financières néfastes », assure l’auteur principal, le Dr Allen Kachalia, directeur de la qualité au BWH.
Ce programme de communication et de résolution appelé CARe (pour Communication, Apology, and Resolution : communication, excuses et résolution) a été mis en œuvre dans un certain nombre d’établissements et après sa mise en œuvre, l’équipe a examiné son impact sur le nombre de réclamations pour faute professionnelle, les coûts d’indemnisation et de défense juridique, ainsi que le temps nécessaire à trouver des solutions. Les tendances ont été comparées entre les 6 années précédant la mise en œuvre de CARe, puis quelques années après leur mise en œuvre dans chaque établissement. Les taux trimestriels suivants ont été calculés pour chaque hôpital : nouvelles demandes, nouvelles demandes indemnisées, coût de la compensation, coût de la défense, coût total de la responsabilité et coût moyen de la compensation. Une demande d'indemnisation étant définie comme toute demande écrite d'indemnisation du patient introduite auprès de l'assureur, qu'elle soit initiée par le patient, sa famille ou l'hôpital.
La transparence n’est pas plus coûteuse : L’analyse constate en effet :
- une baisse significative du taux de nouvelles demandes d’indemnisation dans les hôpitaux communautaires et centres de santé universitaires avec mise en œuvre de CARe, et ce changement n’est pas observé dans les hôpitaux n’appliquant pas CARe ;
- 2 centres médicaux universitaires enregistrent une diminution significative des coûts juridiques après la mise en œuvre de CARe ;
- aucun changement significatif n'est observé dans les coûts liés à la responsabilité totale ni dans le montant de l'indemnisation moyenne par sinistre, et cela dans aucun des hôpitaux.
Les auteurs espèrent, en publiant ces résultats, que davantage d'établissements joueront cette communication ouverte avec les patients en cas d'erreurs et/ou de blessures.
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