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FIBROMYALGIE et FATIGUE chronique: Des troubles de l'épuisement immunitaire?

Actualité publiée il y a 8 années 9 mois 3 jours
Molecular Psychiatry

Le syndrome de fatigue chronique (SFC) et la fibromyalgie sont de plus en plus associés à un épuisement immunitaire chronique, suggérant la thèse de l'auto-inflammation ou de l’infection chronique. Plusieurs études récentes documentent ainsi, chez les patients atteints, la baisse des niveaux de plusieurs facteurs immunitaires, tant dans le plasma que le liquide céphalo-rachidien, démontrant ainsi par d’autres voies le caractère systémique de ces deux troubles qui affectent l’ensemble du corps et le système nerveux central. Une inflammation chronique qui semble même entraîner un vieillissement précoce, tant physique que cognitif. Le point avec les dernières études.

Le syndrome de fatigue chronique (SFC) qui se caractérise par une extrême fatigue chronique est fréquemment associé à de nombreuses autres maladies, ce qui contribue à rendre son diagnostic très complexe. Sa prévalence jusque-là estimée entre 0,1 et 0,3% entraine un lourd fardeau sanitaire. Les symptômes de fatigue persistante, faiblesse musculaire, douleurs, troubles de la mémoire et du sommeil sont handicapants pour les patients. Enfin, rappelons que cette affection un peu mystérieuse bien que reconnue par l'Organisation mondiale de la santé depuis 1992, dispose de peu de marqueurs diagnostiques. Des anomalies cérébrales spécifiques ont identifiées par une étude de Stanford. Une étude récente a identifié des signatures immunitaires, donc biologiques de la maladie. Une autre étude a également apporté une première description des processus qui sous-tendent le dysfonctionnement cognitif, associé au SFC. Si le SFC est de mieux en mieux caractérisé, les protocoles de prise en charge restent à préciser. La fibromyalgie est décrite -dans le dernier rapport de consensus (1996- Wolfe)- comme un syndrome de douleur généralisée et des symptômes caractéristiques, dont des troubles du sommeil, la fatigue, la raideur, des troubles de l'humeur, des maux de tête, des paresthésies, et, dans de nombreux cas, le syndrome du côlon irritable. Sa prévalence est estimée entre 2% et 6% chez les patients de consultations de médecins généralistes, de 5% à 8% chez les patients hospitalisés et de 14% à 20% chez les patients de consultations en rhumatologie. La recherche progresse aussi dans l'étude de la fibromyalgie, qui non seulement apparaît de plus en plus comme une pathologie fréquente, mais avec la définition progressive de ses multiples symptômes comme une maladie multimodale, et systémique touchant à la fois le système nerveux central et les « petites fibres nerveuses ». Ce syndrome douloureux est associé à une fatigue devenue chronique, ce qui en fait une pathologie complexe et souvent invalidante.


De récentes études suggèrent que l'épuisement immunitaire pourrait faire partie des causes ou des effets du SFC et de la fibromyalgie chez un grand nombre de patients atteints. Ainsi, le SFC a déjà été documenté comme un trouble de l'activation immunitaire. Une étude de 2016, publiée dans Molecular Psychiatry (1), identifie ainsi des niveaux plus élevés au début de la maladie puis réduits avec le temps, de certains facteurs immunitaires dans le plasma de patients atteints vs témoins sains. Les chercheurs font référence à l'épuisement immunitaire, un concept proche du déficit immunitaire rencontré chez des patients souffrant d'infections chroniques ou de maladies auto-inflammatoires. D'autres études ont suivi, documentant le même processus, suggérant que l'épuisement immunitaire pourrait même être un facteur majeur de syndrome de fatigue chronique et de fibromyalgie chroniques.

Un déficit immunitaire, dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) comme dans le sang : encore une fois, toujours chez les patients atteints de SFC et de fibromyalgie, depuis une longue durée, les mêmes résultats (2) ont été identifiés dans le liquide céphalo-rachidien (LCR) que dans le sang, confirmant évidemment l'implication du système nerveux central dans ces troubles mais suggérant cet affaiblissement du système immunitaire. En particulier, dans le LCR et dans le syndrome de fatigue chronique. Au-delà, cet épuisement immunitaire apparaît encore plus élevé dans le SFC et la fibromyalgie que chez des patients atteints de sclérose en plaques. Enfin, le dérèglement des niveaux d'une chimiokine (protéine) particulière, « CXCL10 » suggère qu'une infection virale aurait pu déclencher les changements du SNC constatés dans le SFC et la fibromyalgie. Car cette protéine est normalement associée à l'entrée de lymphocytes T dans le cerveau en réponse à une infection virale.

Si infection virale ? Même virus ? Des chercheurs se sont posé la question. Des niveaux très élevés de CXCL10, comme dans la SEP, sont associés à des lésions nerveuses. Des niveaux plus modérément élevés, comme dans le SFC et la fibromyalgie, ne le sont pas. Une étude (3) menée toujours sur le LCR de patients atteints, montre qu'un facteur immunitaire, IL-10, est significativement réduit, et à l'identique, chez les patients atteints des 2 troubles, suggérant un état l'inflammation du cerveau. Enfin, la même étude confirme l'épuisement immunitaire dans les stades ultérieurs des 2 maladies et suggère un effet vieillissement plus rapide que la normale, avec notamment une longueur des télomères réduite dans les globules blancs des patients atteints.

Bref, plusieurs études récentes suggèrent une tendance générale à l'épuisement immunitaire à la fois dans le syndrome de fatigue chronique et la fibromyalgie. Un épuisement qui serait causé par ce que les scientifiques appellent une « stimulation exubérante » du système immunitaire en raison d'un processus d'auto-inflammation ou d'infection chronique. L'identification des facteurs immunitaires "à la baisse" non seulement permet de mieux comprendre le processus moléculaires sous-jacents mais pourrait offrir de nouvelles cibles de traitement, pour ces deux maladies encore largement méconnues.


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