FIBROMYALGIE : Pourquoi c'est surtout une maladie de femmes
On estime à 10 millions de personnes dans le monde, la prévalence de la fibromyalgie, 75 à 90% des personnes atteintes sont des femmes. La question du rôle des hormones sexuelles (œstrogène, progestérone) dans le développement de la maladie se pose donc tout naturellement. Quelques études ont abordé le sujet, certaines n’identifiant aucune association, d’autres en revanche suggérant que des niveaux trop faibles d'œstrogène pourraient être en cause.
Beaucoup de femmes fibromyalgiques signalent des règles particulièrement douloureuses ou dysménorrhée. D'autres patientes vont associer les pics de symptômes fibromyalgiques au syndrome prémenstruel ou à l'apparition des règles. Une recherche publiée dans la revue Pain (7) a évalué ainsi les changements de sensibilité à la douleur tout au long du cycle menstruel chez 36 femmes normalement réglées et 30 utilisatrices de contraceptifs oraux : la sensibilité de la douleur s'avère plus élevée dans la phase folliculaire du cycle que dans la phase lutéale chez les femmes normalement réglées, mais pas chez les utilisatrices de contraceptifs oraux. L‘influence des niveaux hormonaux est ainsi bien confirmée dans la modulation de la perception de la douleur, en particulier dans les troubles musculo-squelettiques comme la fibromyalgie.
Fibromyalgie et hyperalgésie : on sait que la fibromyalgie se traduit par une hypersensibilité aux stimuli, au sens large, et a fortiori aux stimuli douloureux. Il est donc logique que l'inconfort lié au cycle menstruel soit aggravé chez les patientes atteintes de fibromyalgie.
Fibromyalgie et ménopause : De nombreuses femmes fibromyalgiques se plaignent de symptômes de fibromyalgie aggravés après la ménopause. Une étude présentée en 2009 dans la revue Clinical Rheumatology (3) menée auprès de 115 patientes ménopausées atteintes de fibromyalgie et âgées en moyenne de 55 ans, et auprès de 67 patientes atteintes d'arthrite rhumatoïde (PR) montre des taux de ménopause précoce (38,3% vs 13,4%) et d'hystérectomie (16,5% vs 6%) chez les patientes fibromyalgiques vs PR. Globalement les chercheurs suggèrent que la ménopause précoce et l'hystérectomie peuvent faire partie des facteurs favorisant le développement de la fibromyalgie.
Fibromyalgie et Grossesse : peu d'études ont porté sur une éventuelle association. Cependant une étude récente (2011) publiée dans le Journal of Maternal-Fetal & Neonatal Medicine (1) suggère que les femmes atteintes de fibromyalgie sont plus susceptibles d'avoir de petits bébés ou à faible poids de naissance. Cette étude rétrospective de cohorte qui a comparé les grossesses de 112 femmes avec et de 487sans fibromyalgie montre que les patientes fibromyalgiques ont un risque plus élevé de restriction de croissance intra-utérine (7,1% vs 1,0%), de fausses-couches avec récidives (9,8% vs 1,8%) et de diabète sucré gestationnel. En revanche, chez ces patientes, les naissances prématurées sont plus rares. La fibromyalgie apparait ainsi comme un facteur de risque indépendant d'insuffisance de croissance in utero.
Les chercheurs n'ont trouvé en revanche aucune différence dans le taux d'accouchements par césarienne ou dans les scores Apgar des bébés.
Hormones et fibromyalgie : une petite étude présentée dans le Scandinavian Journal of Rheumatology (8) a abordé les effets des événements de reproduction et des modifications des taux d'hormones sexuelles, au cours de la vie des femmes, sur le risque et les symptômes de la fibromyalgie. Par entretiens personnels avec 26 participantes atteintes, les chercheurs ont regardé l'influence possible de la grossesse, de la fausse-couche, du cycle menstruel, de l'utilisation de contraceptifs oraux et de l'allaitement maternel sur la symptomatologie. À l'exception d'une patiente, toutes les participantes confirment une aggravation des symptômes de fibromyalgie pendant la grossesse, le dernier trimestre étant décrit comme « le pire ». Les participantes font également état d'un nouveau changement des symptômes dans les 6 mois qui suivent l'accouchement, ayant d'ailleurs entraîné un congé maladie prolongé pour 14 patientes. Une augmentation de la dépression et de l'anxiété post-partum semble également associée à la fibromyalgie. En revanche cette étude ne constate aucun effet néfaste de la fibromyalgie sur l'issue de la grossesse ou sur la santé du bébé. Quant à la fausse-couche, à l'utilisation de contraceptifs hormonaux et à l'allaitement, ils ne semblent pas impacter la gravité des symptômes. Une aggravation prémenstruelle des symptômes est à nouveau signalée par 72% des patientes. Enfin, globalement chez les patientes fibromyalgiques avant leur grossesse, la fibromyalgie semble avoir un impact plus négatif sur la grossesse et la période post-partum avec une aggravation de l'insuffisance fonctionnelle et de l'incapacité.
Bref, à la lecture de ces études on emporte plutôt le sentiment que la fibromyalgie vient exacerber des symptômes courants associés aux grandes étapes de la vie reproductive des femmes. Et le rôle précis des hormones dans le développement de la maladie et ses symptômes, qui reste mal compris, nécessite de plus amples recherches.
Plus de 40 études sur la Fibromyalgie
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