FIBROMYALGIE: Prévenir et traiter par thérapie cognitivo-comportementale
C’est la première grande étude ayant pour objectif de prévenir la fibromyalgie, de développer de nouveaux traitements pour la prévention de la douleur chronique, et de poser les bases étiologiques de son développement. Cet essai, lancé par une équipe britannique, parie sur la thérapie cognitivo-comportementale pour prévenir le développement de la maladie chez des patients identifiés comme à risque élevé. A lire dans la revue BMC (BioMed Central) Musculoskeletal Disorders.
La fibromyalgie, une affection reconnue tardivement qui touche plus de 2% de la population des pays riches, est responsable de douleurs variables, diffuses et chroniques, souvent handicapantes au quotidien, sans traitement “standard” et fréquemment associées à une fatigue profonde. La douleur généralisée affecte plusieurs régions du corps. C'est une douleur diffuse sans source définie et apparente. Au point que se pose la question d'une hypersensibilité centrale ou des petites fibres nerveuses. Enfin, on sait que la fibromyalgie est également associée à une hypersensibilité aux événements « non douloureux » et aux troubles du sommeil.
L'équipe de l'Université d'Aberdeen et de l'Université de Manchester lance le premier essai clinique randomisé jamais mené dans le but de prévenir l'apparition de la douleur chronique généralisée dans la fibromyalgie. Les participants recrutés sur leur risque élevé de développer la fibromyalgie seront répartis au hasard pour recevoir soit les soins habituels, soit 8 séances de thérapie cognitivo-comportementale délivrée par téléphone. Ce risque élevé, difficile à appréhender, est défini par des modèles de prédiction développés pour l'étude. Les chercheurs font le pari que la thérapie cognitivo-comportementale peut contribuer à améliorer voire prévenir les symptômes des patients fibromyalgiques, difficiles à gérer, une fois établis.
Des conséquences lourdes, la nécessité de traitements personnalisés :
- l'équipe rappelle que la fibromyalgie est associée à un mauvais équilibre psychologique, une qualité de vie dégradée, à des consultations à répétition, et, enfin, à une perte de productivité mais aussi des dépenses de santé considérables. Ainsi, il a été calculé, aux États-Unis, que les dépenses moyennes par patient fibromyalgique, dans les six mois suivant le diagnostic de fibromyalgie, atteignent près de 3.500 $. Des coûts comparables aux dépenses de santé associées à la polyarthrite rhumatoïde.
- Sur le plan de l'arsenal thérapeutique, les lignes directrices actuelles recommandent les traitements pharmacologiques, physiques et psychologiques, dont des interventions spécifiques, comme la thérapie cognitivo-comportementale qui a déjà fait ses preuves dans la prise en charge de la douleur.
Les promesses de la thérapie cognitivo-comportementale : une étude récente, financée par l'Association Arthritis Research UK a suggéré que la thérapie, même délivrée par téléphone, ou encore la pratique d'un exercice adapté, peuvent réduire sensiblement les symptômes de la fibromyalgie mais également les prévenir. Des modèles de prévision développés à partir des données épidémiologiques existent, en effet, pour identifier les patients à risque élevé.
Ce nouvel essai doit donc démontrer l'efficacité d'une telle stratégie, prévenir la fibromyalgie par la thérapie cognitivo-comportementale, chez les patients à risque. Et valider le rapport coût-efficacité positif d'une telle intervention préventive.
Le principe de l'étude : il s'agit d'un essai randomisé à deux bras testant un programme de thérapie cognitivo-comportementale vs soins habituels pour la prévention de la fibromyalgie. Les participants admissibles seront identifiés par questionnaire puis répartis au hasard dans les 2 groupes de l'étude. L'objectif étant de recruter un peu plus de 470 participants pour chaque bras l'étude. Les participants du groupe « thérapie cognitivo-comportementale » bénéficieront d'une évaluation initiale avec un thérapeute par téléphone, puis de 6 séances hebdomadaires, avec des séances de rappel à 3 et 6 mois après le début du programme. Les participants du groupe « soins habituels » ne recevront aucune intervention supplémentaire. Des questionnaires de suivi évalueront les symptômes éventuels à 3, 12 et 24 mois après le début du programme.
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