GREFFE CARDIAQUE : La biopsie virtuelle plutôt que la biopsie endomyocardique
La biopsie endomyocardique dont l’objectif est de recueillir du tissu myocardique est la méthode de référence pour la surveillance du rejet aigu d'allogreffe cardiaque. Mais, cette procédure est hautement invasive. Cette équipe de cardiologues du Victor Chang Cardiac Research Institute et du St Vincent’s Hospital (Sydney) montre ici, dans la revue Circulation, qu'après une greffe de coeur, la caractérisation du tissu myocardique basée sur la résonance magnétique cardiovasculaire permet avec une même précision, la détection de la myocardite. Ces travaux, donc en faveur de la biopsie virtuelle pourraient transformer les soins de transplantation cardiaque.
L'ère des biopsies invasives post-transplantation cardiaque pourrait bientôt être révolue avec ces nouvelles données d’efficacité de cette technique d'IRM à la fois sûre, précise et moins invasive donc emportant un risque moindre de complications et d’hospitalisations. Les scientifiques australiens espèrent que la nouvelle biopsie virtuelle conçue pour détecter tout signe de rejet cardiaque sera bientôt adoptée par les cliniciens du monde entier.
3.500 patients dans le monde reçoivent une "transplantation" cardiaque chaque année.
Réduire les complications : nombreux sont ceux d’entre eux qui subissent une forme de rejet d'organe et, bien que les taux de survie soient élevés, un petit pourcentage décède cours de la première année qui suit la chirurgie. L’auteur principal, le Dr Andrew Jabbour, Pr agrégé à l'Institut de recherche cardiaque Victor Chang estime que ce nouveau protocole de biopsie virtuelle pourrait conduire à des améliorations majeures des résultats post-chirurgie de plusieurs milliers de patients greffés cardiaques chaque année dans le monde.
- En effet, la biopsie endomyocardique reste une procédure très invasive qui consiste à placer un tube dans la veine jugulaire pour permettre aux chirurgiens d'insérer un outil de biopsie dans le cœur afin de prélever plusieurs échantillons de tissu cardiaque. En plus d'être un geste inconfortable pour le patient, la biopsie endomyocardique peut également entraîner des complications rares mais graves si le cœur est perforé ou si une valve est endommagée. Les patients subissent généralement une biopsie environ 12 fois au cours de la première année suivant la transplantation.
Permettre une surveillance plus régulière : « Il est essentiel que nous puissions suivre ces patients de près et avec une grande précision ; nous avons maintenant un nouvel outil qui peut le faire sans recours à une procédure hautement invasive. Cette nouvelle biopsie virtuelle prend également moins de temps, est non invasive, plus rentable, n'utilise ni rayonnement ni agent de contraste, et est évidemment bien mieux tolérée par les patients ». La nouvelle technique d'IRM s’avère également suffisamment précise pour détecter le rejet et fonctionne en analysant les niveaux d'œdème cardiaque qui, selon l'équipe, sont étroitement associés à l'inflammation du cœur.
Régler au mieux les immunosuppresseurs : la plupart des cliniciens utilisent aussi la biopsie pour évaluer le niveau et la pertinence des traitements immunosuppresseurs nécessaires pour traiter et prévenir le rejet ultérieur.
L’étude : ces différents résultats, en faveur de la biopsie virtuelle, sont issus d’une petite étude qui a suivi 40 patients ayant reçu une greffe de cœur à l'hôpital St Vincent de Sydney puis qui ont été répartis pour un suivi via biopsie traditionnelle, ou via la nouvelle technique d'IRM. L’abalyse révèle que :
-
la biopsie « virtuelle » est tout aussi efficace que la biopsie myocardique
pour détecter le rejet ;
- la biopsie virtuelle permet de réduire de manière significative les taux d'hospitalisation et d'infection vs biopsie traditionnelle ;
- seuls 6 % des patients suivis avec la nouvelle technique d'IRM ont eu besoin, en complément, d’une biopsie traditionnelle pour des raisons de clarification.
« La technique est maintenant fréquemment utilisée à l'hôpital St Vincent de Sydney et nous espérons que davantage de cardiologues et de chirurgiens à travers le monde adopteront cette nouvelle technologie », concluent les chercheurs, qui travaillent simultanément à de nouveaux tests génétiques à utiliser parallèlement à l'IRM qui permettront de détecter, avec encore plus de précision, les signes de rejet.
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