GROSSESSE et CANNABIS : Sous THC le cerveau fœtal réagit mal
La consommation de cannabis pendant la grossesse augmente le risque de problèmes de sommeil chez l’Enfant, et au moins jusqu’à l’âge de 10 ans, révèle cette étude de l’Université du Colorado à Boulder, menée auprès de près de 12.000 jeunes. Alors que la prévalence de l’usage du cannabis médical durant la grossesse progresse, notamment pour soulager les nausées, ces données, présentées dans la revue Sleep Health, rappelle que l’abstinence de cannabis, comme de cigarette et d’alcool durant la grossesse reste une question de bon sens- et de preuves aussi !.
L’étude ajoute également aux preuves d’effets neurologiques chez l’enfant, liés à la consommation de cannabis de la mère, durant la grossesse. Un résultat finalement peu surprenant car la croissance in utero, tout comme l’enfance, constitue une fenêtre de très grande vulnérabilité du cerveau en développement. Ici, c’est une nouvelle conséquence de cette exposition qui est documentée avec cet impact à long terme sur les cycles de sommeil.
L’abstinence de substances durant la grossesse, une question de bon sens
La consommation de cannabis durant la grossesse est à la hausse : concernant les autres substances, les interventions de prévention semblent commencer, aux Etats-Unis, à porter leurs fruits : le nombre de femmes enceintes consommant de l'alcool et fumant des cigarettes diminue cependant le cannabis semble avoir pris la relève avec 7% des femmes enceintes en consommant, selon les dernières estimations. « Il nous a fallu un certain temps pour comprendre que fumer et boire de l'alcool ne sont pas recommandés pendant la grossesse, mais s’abstenir est devenu aujourd’hui presque évident », rappelle l’auteur principal, John Hewitt, directeur de l'Institute for Behavioral Genetics.
L’étude peut être qualifiée d’historique car elle porte sur les données de 11.875 jeunes âgés de 9 à 10 ans à l’inclusion et suivis jusqu’au début de l'âge adulte, dans le cadre de la cohorte Adolescent Brain and Cognitive Development (ABCD). Les mères ont été interrogées sur leur consommation de cannabis durant la grossesse et ont renseigné les habitudes de sommeil de leur enfant, sur 26 items différents, de la facilité à s'endormir à la durée de sommeil en passant par le SAOS, la somnolence diurne…700 mères ont déclaré avoir consommé du cannabis pendant la grossesse dont 184 quotidiennement et 262 à raison de 2 fois ou plus par jour. Après prise en compte des facteurs de confusion possibles, l’analyse constate que
- les enfants de mères ayant consommé du cannabis pendant leur grossesse sont beaucoup plus susceptibles de présenter des troubles cliniques du sommeil ;
- les enfants de mères ayant consommé fréquemment du cannabis pendant leur grossesse sont plus susceptibles de signaler des symptômes de somnolence, une difficulté au réveil le matin et une fatigue excessive durant la journée.
Si l'étude ne prouve pas que la consommation de cannabis pendant la grossesse est bien la cause de ces problèmes de sommeil chez l’enfant exposé in utero, elle rejoint un ensemble croissant de preuves suggérant ce lien. Les chercheurs citent d’autres références suggérant que les enfants exposés au cannabis in utero, se réveillent plus souvent la nuit et ont une moins bonne qualité de sommeil. Une autre étude constate que la consommation prénatale de cannabis affecte le sommeil pendant la petite enfance. Enfin, la même équipe a démontré dans une précédente étude que les adolescents qui fument fréquemment du cannabis sont plus susceptibles de développer une insomnie à l'âge adulte.
Le cerveau fœtal sous THC a déjà été étudié, cherz l’animal. Ces recherches suggèrent que le THC et d'autres cannabinoïdes se fixent aux récepteurs CB1 dans le cerveau en développement, ce qui impacte les zones qui régulent le sommeil.
Donc, pas de cannabis contre les nausées matinales ! Si, dans le Colorado, 70% des services de santé en recommandent l'usage thérapeutique pour cette indication, ces chercheurs s’inscrivent en faux : des preuves toujours plus nombreuses suggèrent des dommages possibles, dont le faible poids de naissance et des troubles cognitifs plus tard dans la vie.
Cette étude apporte ainsi une autre raison d'éviter la consommation de substances, dont le cannabis durant la grossesse, pour éviter des effets cognitifs à long terme chez l’Enfant.
Autres actualités sur le même thème
ARYTHMIE : Pourquoi il est urgent d’arrêter de fumer
Actualité publiée il y a 4 années 3 moisOBÉSITÉ INFANTILE : Un test salivaire qui annonce le risque ?
Actualité publiée il y a 4 années 9 moisDÉVELOPPEMENT : Déjà in utero le son impacte le cerveau
Actualité publiée il y a 3 années 10 moisOBÉSITÉ : L’ocytocine calme la réponse aux stimuli alimentaires
Actualité publiée il y a 5 années 7 mois