GROSSESSE : Pourquoi les futures mères devraient éviter les émotions fortes
En ce qui concerne les émotions et l’humeur, les liens entre la mère et l’enfant sont basés sur les gènes mais aussi sur les expériences maternelles prénatales, conclut cette équipe de psychologues et de pédiatres de la Northwestern University. L’étude, publiée dans la revue Infancy montre notamment que les fluctuations du stress maternel sont fortement liées à des émotions négatives chez les bébés, à l’âge de 3 mois.
Dans cette étude qui a suivi des grossesses pendant la pandémie, le stress prénatal n'apparait pas lié au stade de la pandémie, mais plutôt à ces pics et ses accalmies. « Il peut y avoir quelque chose dans le fait de passer d'un extrême à l'autre qui façonne la prédisposition de l'enfant aux émotions négatives », commentent les auteurs, qui utilisent
le terme « labilité » émotionnelle ici pour décrire l’instabilité émotionnelle
de la plupart des mères durant la pandémie.
L’analyse révèle en effet que plus de labilité émotionnelle chez les mères est associé à plus de peur, de tristesse et de détresse chez leur nourrisson à l’âge de 3 mois. En revanche, les enfants de mères ayant vécu une moindre variabilité du stress durant leur grossesse, apparaissent polus stable sur le plan émotionnel.
La trajectoire psychique d'un enfant commence bien avant sa naissance
La plupart des recherches examinent le stress comme une condition statique et immuable, élevée ou faible, présente ou absente, cependant, dans la réalité la vie induit des flux et des reflux du stress pour chacun de nous, relève l’auteur principal, Leigha MacNeill, professeur de sciences sociales médicales à la Northwestern University Feinberg School of Medicine.
De précédentes études ont en effet montré que la détresse des mères pendant la grossesse était liée au tempérament et au comportement du nourrisson, mais cette nouvelle étude va plus loin, en évaluant l'expérience du stress chez des mères en temps réel et à de nombreuses reprises et en rapprochant ces expériences maternelles du stress, de la trajectoire de développement du nourrisson.
Variabilité du stress et labilité émotionnelle : le stress est inhérent à notre quotidien, donc cette labilité doit être prise en compte dans les futures études. En particulier lorsqu’il s’agit d’un phénomène critique et sensible comme le développement des bébés. Ainsi, une mère qui a des niveaux constants de stress et une autre mère qui oscille entre des niveaux de stress très faibles et très élevés peuvent avoir vécu un niveau moyen de stress similaire pendant la grossesse, pourtant le fœtus a bien été exposé à ces oscillations.
« Il peut y avoir des facteurs, dans cette expérience gestationnelle, lorsque le stress d’une mère varie entre les extrêmes, qui façonnent la prédisposition de l'enfant aux émotions négatives. Ainsi, ce type de schéma de stress maternel pourrait refléter une instabilité dans les expériences de la vie quotidienne, des facteurs de stress externes imprévisibles ou une instabilité dans la façon dont une mère perçoit ses expériences vécues, plusieurs formes de labilités émotionnelles maternelles pouvant avoir des implications importantes pour le développement émotionnel de l’enfant ».
L’étude : les chercheurs ont donc mesuré le stress des femmes enceintes jusqu'à 4 fois par jour pendant 14 semaines et précisé ses variations pour chaque participante. Les auteurs ont également évalué les émotions négatives des nourrissons à l’âge de 3 mois. Les mères ont renseigné ces émotions par questionnaire. L’analyse confirme que :
- des fluctuations importantes du stress maternel durant la grossesse sont associées à des niveaux d'affects négatifs chez l’enfant, au cours de la première année de vie.
Une meilleure compréhension de la nature du stress des parents pendant la grossesse pourrait éclairer les interventions de prévention prénatale, en particulier dans le contexte d'événements de vie incontrôlables ou de crise sanitaire.
Même si l’analyse montre aussi que les schémas de stress des mères n'étaient pas liés au moment de la pandémie. Plus généralement, l’étude montre que les liens entre parent et enfant sont basés sur les gènes mais aussi sur les expériences des parents, même avant la naissance.
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