MALTRAITANCE : Un enfant handicapé sur 3 victime de violence
Un enfant handicapé sur 3 dans le monde a été victime de violence au cours de sa vie. C’est la conclusion, frappante et dramatique de cette large revue systématique et méta-analyse menée, entre 1990 et 2020 sur un total des plus de 16 millions de jeunes de 25 pays, et publiée dans le Lancet Child & Adolescent Health. Les enfants handicapés sont ainsi 2 fois plus susceptibles de subir toute forme de violence (physique, émotionnelle, sexuelle, négligence) que les enfants non handicapés. Un signal d’alarme qui appelle de toute urgence à mettre en place des systèmes et des processus de l’enfance contre la violence. De meilleurs services et un meilleur soutien pour les enfants handicapés permettraient en effet de réduire nombre des facteurs de risque.
On estime que 291 millions d'enfants et d'adolescents souffrent d'épilepsie, de déficience intellectuelle, de déficience visuelle ou de perte auditive, ce qui représente environ 11 % de la population totale d'enfants et d'adolescents dans le monde. Beaucoup d'autres enfants et adolescents présentent d'autres handicaps physiques et mentaux. La grande majorité des enfants handicapés – plus de 94 % vit dans des pays à faibles revenus, où de multiples risques convergent. La stigmatisation, la discrimination, le manque d'informations sur le handicap et l'accès insuffisant au soutien social pour les parents, les aidants et les proches contribuent aux niveaux plus élevés de violence subis par les enfants handicapés. Une situation exacerbée par la pauvreté et l'isolement social.
Les défis uniques auxquels sont confrontés les enfants handicapés, tels que l'incapacité de s’exprimer ou de se défendre, en font une cible encore plus vulnérable à la violence.
Une précédente revue systématique, publiée en 2012 dans le Lancet, avait déjà estimé que plus d'un quart des enfants handicapés dans les pays à revenu élevé subissent des violences et que leurs risques de subir des violences sont plus de 3 fois plus élevés que pour les enfants non handicapés.
La méta-analyse comprend un plus grand nombre d'études, provenant d'une zone géographique plus large et porte sur un plus grand spectre de types de violence et un plus large éventail de handicaps. Les chercheurs ont ainsi analysé les données de 98 études portant sur plus de 16,8 millions d'enfants âgés de 0 -18 ans. 75 études provenaient de pays à revenu élevé et 23 études de 7 pays à revenu faible et intermédiaire. Parmi les principaux résultats de l’étude:
-
1 enfant handicapé sur 3 est un survivant de la violence ;
- Un enfant handicapé est 2 fois plus susceptible d’être victime de violence qu’un enfant non handicapé ;
- plus de 38 % des enfants handicapés sont victimes d'intimidation en personne et en ligne, par leurs pairs ;
- un enfant atteint de troubles cognitifs (TDAH, autisme) ou de problèmes de santé mentale est à risque accru de subir des violences ;
- ce risque est encore accru pour les enfants handicapés issus de milieux à faible revenu ;
- les taux globaux de violence varient selon le handicap et sont légèrement plus élevés chez les enfants souffrant de troubles mentaux (34 %) et de troubles cognitifs ou d'apprentissage (33 %) que chez les enfants souffrant de troubles sensoriels (27 % ) ou de limitations physiques ou de mobilité (26 %) et de maladies chroniques (21 %) ;
- les types de violence les plus fréquemment signalés sont émotionnels et physiques ;
- 1 enfant handicapé sur 5 est victime de négligence ;
- 1 sur 10 a subi des violences sexuelles ;
- 40 % des enfants handicapés ont été victimes d'intimidation par leurs pairs (intimidation physique, insultes et menaces : 37 %, cyberintimidation 23 %).
L’étude apporte l'image la plus complète de la violence subie par les enfants handicapés dans le monde et vient partiellement combler la pénurie de données sur ce problème négligé de santé publique.
« Nos résultats révèlent des taux inacceptables et alarmants de violence contre les enfants handicapés qui ne peuvent plus être ignorés »,
déclare le professeur Jane Barlow de l'Université d'Oxford, co-auteur principal de l’étude.
« Tous les enfants ont le droit d'être protégés contre la violence »
Être victime de violence durant l’enfance a de lourdes conséquences sociales, sanitaires et économiques dont des taux d’échec scolaire plus élevés, des difficultés à trouver un emploi, un risque plus élevé de maladie mentale et de maladies chroniques plus tard dans la vie.
« La violence contre les enfants handicapés est évitable. Ces enfants doivent maintenant avoir les mêmes chances dans la vie », ajoute le co-auteur principal, le Dr Zuyi Fang de l'Université de Pékin en Chine. « Les objectifs de développement durable des Nations Unies visent à mettre fin à toutes les formes de violence contre les enfants d'ici 2030 ».
Ces résultats soulignent le besoin urgent d'efforts de collaboration entre les gouvernements, les professionnels de santé, les services sociaux et les chercheurs pour sensibiliser à toutes les formes de violence contre les enfants handicapés et les enfants en général.
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