GROSSESSE : Prise de paracétamol par la mère, TDAH chez l’enfant ?
L'exposition fœtale au paracétamol augmente la probabilité qu'un enfant développe un trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité (TDAH), conclut cette équipe de l’Université de Washington (UW). L’étude, publiée dans la Nature Mental Health, révèle en effet un risque multiplié par 3 de TDAH chez les enfants dont les mères ont utilisé l’analgésique pendant leur grossesse.
De précédentes recherches ont estimé que plus de 70 % des femmes enceintes utilisent du paracétamol pendant la grossesse pour contrôler la douleur ou réduire la fièvre. D’autres analyses ont suggéré un risque accru de troubles de comportement chez les enfants dont les mères ont pris du paracétamol durant la grossesse. Pourtant, ce médicament, qui constitue le principe actif de nombreux autres analgésiques, est l'un des rares considérés comme sûrs pendant la grossesse.
Cette nouvelle recherche suggère cependant que les médecins devraient reconsidérer la prescription de médicaments contenant du paracétamol aux mères pendant la grossesse, ou du moins bien évaluer le rapport bénéfice-risque d’une telle prescription.
L’auteur principal, Brennan Baker, chercheur à l’UW Medicine relève : « Alors que le médicament a été approuvé il y a des décennies il devrait nécessiter une réévaluation d’autant qu’il n’a jamais été évalué pour les expositions fœtales en relation avec les impacts neurodéveloppementaux à long terme ».
Le paracétamol est largement utilisé pendant la grossesse, par 41 à 70 % des femmes enceintes
Malgré la classification du paracétamol comme étant à faible risque par les agences sanitaires, dont l’agence américaine la FDA, des preuves de plus en plus nombreuses suggèrent un lien possible entre l’exposition prénatale au paracétamol et des effets indésirables sur le développement neurologique, et notamment ce risque accru de TDAH mais aussi de trouble du spectre autistique (TSA).
L’étude de cohorte est menée avec 307 femmes de 2006 à 2011, participant à l’étude CANDLE (Conditions Affecting Neurocognitive Development and Learning in Early Childhood), qui ont fourni des échantillons de sang pendant leur grossesse. Les chercheurs ont ainsi suivi les biomarqueurs plasmatiques du paracétamol dans ces échantillons. Les enfants nés de ces mères ont été suivis pendant 8 à 10 ans. L’analyse révèle :
- la présence de métabolites du paracétamol dans 20,2 % des échantillons de plasma maternel ;
- une incidence de 18% du TDAH chez les enfants de participantes ayant utilisé de paracétamol pendant la grossesse, vs 9 % chez les enfants des participantes ne l’ayant pas utilisé durant leur grossesse ;
- les enfants dont les mères avaient ces biomarqueurs de paracétamol dans leur plasma ont un risque plus que multiplié par 3 de diagnostic de TDAH vs ceux qui n’ont pas été exposés ;
- cette association est plus forte chez les filles que chez les garçons, les filles de mères exposées au paracétamol présentant un risque plus que multiplié par 6 de TDAH : à ce stade, les chercheurs ne savent pas expliquer ce résultat.
Les femmes enceintes sont souvent invitées à se tourner vers le paracétamol, en cas de fièvre ou de douleur. Cependant, dans certaines situations cliniques, d’autres médicaments peuvent être envisagés, dont les effets indésirables sont moins importants pour l’enfant à naître. Les auteurs suggèrent à titre d’exemple, les triptans, plus sûrs et efficace en cas de migraines.
Les chercheurs suggèrent aussi de revoir les directives sur l’utilisation du paracétamol durant la grossesse, au fur et à mesure que sont collectées de nouvelles données de sécurité.
Source: Nature Mental Health 6 Feb, 2025 DOI: 10.1038/s44220-025-00387-6 Associations of maternal blood biomarkers of prenatal APAP exposure with placental gene expression and child attention deficit hyperactivity disorder
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Cette actualité a été publiée le 24/02/2025 par
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