HTA : Les antihypertenseurs les plus prescrits ne sont pas les plus sûrs
Parmi les médicaments antihypertenseurs efficaces, le choix le moins populaire est légèrement plus sûr, conclut cette équipe de cardiologues et de pharmaciens du Centre médical Irving de l'Université Columbia. Si les 2 types de médicaments recommandés comme traitement de première intention pour l’hypertension artérielle (HTA) s’avèrent ici tout aussi efficaces pour améliorer les résultats cardiovasculaires, le type "le plus populaire" -ou le plus couramment prescrit- provoque plus d'effets secondaires, selon cette étude observationnelle publiée dans Hypertension, une revue de l’American Heart Association.
Il s’agit de l’analyse des réclamations, de rapports d’effets secondaires et d’autres données de santé électroniques de millions de patients dans le monde. C’est ainsi l’étude la plus importante à avoir comparé à ce jour l'innocuité et l'efficacité des inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (ECA) et des antagonistes (ou inhibiteurs) des récepteurs de l'angiotensine (ARA), 2 antihypertenseurs couramment prescrits. L’auteur principal, le Dr George Hripcsak, professeur de médecine et d'informatique biomédicale à l'Université Columbia rappelle que les médecins aux États-Unis et en Europe prescrivent massivement des inhibiteurs de l'ECA, simplement parce que ces médicaments existent depuis plus longtemps et ont tendance à être moins coûteux que les ARA.
ARA, plus chers mais moins d’effets secondaires
Cette très large analyse, qui s'est concentrée sur les nouveaux utilisateurs de ces médicaments, montre que les ARA sont associés à moins d'effets secondaires que les inhibiteurs de l'ECA.
- Ainsi, un patient qui débute tout juste un traitement contre l'hypertension, devrait plutôt envisager, avec son médecin, d'essayer d'abord un ARA ;
- un patient qui prend déjà un inhibiteur de l'ECA et n’éprouve aucun effet secondaire, n’a aucune nécessité en revanche, de changer de médicament ;
- dans certains cas donc, une fois que le médecin a décidé de prescrire un médicament pour contrôler l’HTA d’un patient, la décision concernant le renouvellement du traitement peut « se compliquer ».
Des directives complexes face à une boîte à outils bien garnie : les directives américaines et européennes sur la prise en charge de l’HTA répertorient ainsi une trentaine de médicaments appartenant à 5 classes différentes. Face à ce large spectre d’options pharmacologiques, il existe peu d’études comparatives pour aider les médecins à prendre une décision thérapeutique.
Cette analyse de données d'observation « du monde réel » vient donc combler une lacune importante dans la prise en charge d’une maladie prévalente :
plus d’un adulte sur 4 dans le monde serait hypertendu
ce qui représenterait près d’1 milliard de personnes souffrant de HTA dans le monde.
Alors inhibiteurs de l'ECA ou ARA ? Ces 2 hypertenseurs qui font partie des choix thérapeutiques possibles, et les plus fréquemment prescrits, ont un mécanisme d'action similaire. Les deux réduisent le risque d'accident vasculaire cérébral (AVC) et de crise cardiaque, bien que l'on sache que les inhibiteurs de l'ECA sont associés à un risque accru de toux et d'œdème de Quincke (gonflement sévère du visage et des voies respiratoires). L’analyse des données de dossiers de santé électroniques de 3 millions de patients en Europe, en Corée et aux États-Unis qui commençaient un traitement antihypertenseur avec un inhibiteur de l'ECA ou un ARA apportent une réponse à la fois en termes d’efficacité (réduction du risque de crise cardiaque, d’insuffisance cardiaque, d’AVC, et de mort subite d'origine cardiaque) et en termes de sécurité (51 événements indésirables répertoriés). L’analyse révèle que :
- en fait, la grande majorité des patients (ici 2,3 millions de participants) reçoivent un inhibiteur de l'ECA ;
- aucune différence significative n’est constatée entre les 2 classes de médicaments dans la réduction du risque de complications cardiovasculaires majeures chez les personnes souffrant d'hypertension ;
- cependant, les patients prenant des inhibiteurs de l'ECA présentent un risque plus élevé de toux et d'œdème de Quincke ainsi qu’un risque légèrement plus élevé de pancréatite et d'hémorragie gastro-intestinale.
Ainsi, cette très large analyse confirme l’efficacité des 2 grandes classes d’antihypertenseurs, mais révèle que
les ARA sont un peu plus sûrs que les inhibiteurs de l'ECA.
« Les médecins devraient se sentir plus à l'aise de prescrire des ARA lors de l'instauration d'une monothérapie pour les patients souffrant d'hypertension. Ce type d’étude d'observation à grande échelle peut ainsi apporter des données essentielles sur le choix entre différentes options en l'absence d'essais cliniques randomisés à grande échelle ».
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