KÉRATITE à ACANTHAMOEBA : L'épidémie oculaire évitable chez les porteurs de lentilles
Cette étude menée par des chercheurs de l'University College London (UCL) et du Moorfields Eye Hospital, alerte contre une nouvelle épidémie d'infection oculaire sévère, qui sévit dans le sud-est de l'Angleterre, chez les porteurs de lentilles de contact. Ces données présentées dans le British Journal of Ophtalmology montrent que l’infection peut entraîner la cécité mais est, avec quelques mesures, évitable.
Si l’infection reste encore assez rare (incidence : 2,5/100.000 utilisateurs de lentilles par an, l’augmentation du nombre de cas souligne la nécessité pour les utilisateurs de prendre conscience des risques, explique l’auteur principal, le professeur John Dart de l’Institut d'ophtalmologie de l'UCL. Son équipe a en effet constaté une multiplication par 3 de la kératite à Acanthamoeba depuis 2011 dans le sud-est de l'Angleterre, et en particulier chez les porteurs de lentilles de contact réutilisables ayant utilisé une solution de lentilles de contact inefficace, qui ont contaminé leurs lentilles avec de l'eau ou ont signalé une mauvaise hygiène des lentilles de contact.
La kératite à Acanthamoeba est une maladie oculaire qui fait que la face avant de l'œil, la cornée, devient douloureuse et enflammée en raison d'une infection par Acanthamoeba, un microorganisme qui va former un kyste. Les patients les plus sévèrement atteints (environ 1 patient sur 4 infectés) perdent jusqu’à 75% de leur vision ou peuvent devenir aveugles. Ils doivent suivre un traitement prolongé et, dans l'ensemble, 25% des personnes touchées ont besoin d'une greffe de cornée pour traiter la maladie ou rétablir la vision. N'importe qui peut être infecté, mais les utilisateurs de lentilles de contact courent le risque le plus élevé, en raison d'une susceptibilité accrue à l'infection, pour des raisons encore mal identifiées, dues au port de lentilles de contact et à la contamination des étuis de lentilles.
Les chercheurs ont recueilli des données sur l'incidence de l’infection au Moorfields Eye Hospital, de 1985 à 2016 et précisé cette augmentation, de 8 à 10 cas par an sur la période 2000 à 2003 à 36 à 65 cas par an, ces dernières années. Comme le Moorfields Eye Hospital traite plus d’1 cas sur 3 au Royaume-Uni, les données sont considérées comme pertinentes au niveau national. L’étude cas-témoins menée simultanément chez 63 patients porteurs de lentilles de contact atteints de kératite à Acanthamoeba et chez 213 témoins exempts d’infection, révèle que :
- le risque de développer la maladie est plus de 3 fois plus élevé chez les personnes dont l’hygiène des lentilles de contact est insuffisante ;
- plus élevé chez les utilisateurs d’un produit désinfectant pour lentilles contenant de l’Oxipol (désormais retiré par le fabricant) ;
- plus élevé pour les personnes qui portent leurs contacts dans des piscines ou des spas. La douche et le lavage du visage sans retrait des lentilles de contact sont également des facteurs de risque.
Quelques conseils aux patients porteurs de lentilles : ces personnes doivent s’assurer
- de se laver soigneusement les mains avant de manipuler les lentilles de contact,
- d’éviter de les porter en nageant, en se lavant le visage ou en se baignant,
- d’utiliser un produit désinfectant adapté.
« Nous devons maintenant partager ces informations aussi largement que possible avec les cliniciens, les opticiens et les porteurs de lentilles de contact, pour réduire l'incidence et la charge de cette infection oculaire grave », concluent les auteurs. Il reste également aux Agences de santé de préciser les mesures immédiates et urgentes en matière de prévention. Les lentilles de contact sont des dispositifs médicaux !
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