L’INFANTILISME, un mode de vie alternatif ?
Cette analyse originale du phénomène de l'infantilisme pose la question de la remise en cause totale des âges de la vie et notamment du concept de « l'âge adulte », caractérisé comme une période de plus grande certitude et d’autonomie. « Trop de choses ont changé », écrivent ces experts de la Higher School of Economics (Moscou), le rythme de la vie, les approches éducatives, les rôles sociaux et les institutions, le mariage et l'identité professionnelle. Les parcours de vie sont devenus moins prévisibles. Le début de la vie adulte est probablement retardé et l'infantilisme devient un phénomène plus courant. Un article de réflexion -et de tolérance- à lire dans la revue Russian Education & Society.
Le concept d '« infantilisme » et ses principales caractéristiques sont définis comme une organisation de la personnalité qui inclut des traits et des modèles comportementaux caractéristiques des périodes d'âge antérieures de l’individu et non adaptés à son âge réel ce qui se manifeste le plus souvent par une « immaturité » du sujet. Cependant, les processus de développement de la personnalité varient avec l’évolution de nos sociétés, et il semble qu’aujourd’hui, les adultes conservent plus tardivement des signes ou des traits caractéristiques de l'infantilisme. Les chercheurs redéfinissent ici les principales caractéristiques psychologiques de l'âge adulte dont la capacité de réflexion, le désir de vocation et de travail, l'autodétermination de vie et professionnelle, les compétences, le désir de réalisation de soi, la volonté et la maturité émotionnelle. Des caractéristiques qui se traduisent par des comportements caractéristiques de l'âge adulte soit l'indépendance économique et « territoriale » par rapport à la famille parentale, le développement de nouveaux rôles sociaux (travailleur, conjoint et parent).
Une identité de soi retardée : alors que sur un plan psychologique, l'âge adulte implique donc l'autocontrôle, la maturité, la rationalité, la maîtrise de soi, l’absence d'impulsivité, la responsabilité, la capacité de réflexion personnelle et la nécessité de travailler et d'avoir des relations stables et donc une maîtrise réussie des rôles sociaux clés, de plus en plus de personnes retardent ce choix et le valorisent différemment. Les auteurs évoquent en revanche une prolongation de la personnalité infantile, caractérisée par des sentiments immatures, un manque de volonté et de confiance, une estime de soi gonflée avec des exigences faibles envers soi-même mais élevées envers la société. « La personne infantile cherche à échapper à la nécessité d'évaluer objectivement la réalité sociale objective ». En conclusion, aujourd’hui, on « passe plus de temps à la recherche de soi-même et à construire sa vie sociale. En conséquence, le processus d'identification professionnelle et personnelle prend plus de temps.
Des limites d'âge qui deviennent relatives : c’est le second point important de l’article, basé sur les données démographiques qui montrent une séparation de la famille parentale plus tardive, située aux alentours des âges de 18 à 20 ans chez les générations des années 50 à 23-25 ans chez les générations nées durant les années 80. Au-delà d’une réalité démographique, près d’un tiers des jeunes générations estime avoir accédé trop tôt à l'indépendance. Ainsi, une proportion assez importante et croissante des jeunes pense avoir pris cette décision d’autonomie « à la légère » et en est venue à la regretter. La conséquence, à travers les études citées par les auteurs est la variabilité de l’âge adulte tel que pris en compte par la recherche. Certains chercheurs parlant du « début de l'âge adulte » entre 18 et 40 ans…
Retarder l'âge adulte, une réponse à la nouvelle réalité : un certain nombre de nouvelles façons de vivre et de travailler ont émergé. Les parcours de vie sont devenus plus imprévisibles. L’éventail des opportunités s’est élargi, ce qui peut être désorientant et rendre les choix de vie plus difficiles. L’incertitude de l’avenir induit un manque de confiance. En conséquence, les jeunes ont tendance à retarder les décisions importantes. Au lieu de stratégie, ils se limitent à des solutions tactiques et retardent leurs choix « adultes » définitifs. Les modes de socialisation ont également changé avec des contacts plus superficiels. Certaines études ont montré que lorsque la communication en direct est remplacée par la communication numérique, l'empathie diminue et le « comportement autistique » augmente induisant une plus grande immaturité émotionnelle. L’objectif « bonheur » a été remplacé par l’objectif « Réussite ». Face à tous ces changements environnementaux, « l'infantilisme » semble un phénomène logique.
Quand l'infantilisme donne lieu à de nouveaux concepts : plusieurs concepts ont en effet émergé : Une période d'âge particulière, entre 18 et 25 ans, où les jeunes ne sont plus des adolescents mais ne sont pas encore adultes. Il y a aussi l'archétype du « garçon éternel » (puer aeternus), qui évite la responsabilité des adultes et présente une forme particulière de névrose caractérisée par le concept de « vie provisoire ». Le concept de « kidults » (kid+adult) est également rappelé et caractérisé par la poursuite de préférences adolescentes (jeux vidéo, mode de vie sans responsabilité) jusqu'à 30 - 35 ans et plus.
Jusqu’à une remise en cause de l’âge adulte : certains chercheurs affirment ainsi que l'âge adulte n'est plus une valeur inconditionnelle. Une étude montre que certains enfants ne sont pas prêts à grandir. L'infantilisme devient presque un choix conscient. Selon certains experts, on arrive à un moment où l'infantilisme ne devrait plus être jugé mais pourrait être considéré comme un signe de diversité dans le développement personnel. Ainsi, le chemin de la maturité de la personnalité serait moins homogène et l'infantilisme serait mieux légitimé en tant que mécanisme de protection nécessaire pour surmonter les nouvelles difficultés de la vie.
Quasiment un mode de vie alternatif.
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