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LONGÉVITÉ : Une immunité bien particulière chez les supercentenaires

Actualité publiée il y a 5 années 1 semaine 3 jours
PNAS
Les supercentenaires présentent une caractéristique particulière, un développement de cellules CD4, normalement non cytotoxiques, qui acquièrent ce statut cytotoxique au cours de la vie

Les lymphocytes T cytotoxiques, un type de cellules immunitaires pourraient-ils être une clé de la longévité ? Cette équipe de scientifiques japonais du Centre Riken et de l'Université Keio identifient, par analyse d'ARN monocellulaire, des niveaux particulièrement élevés de cellules T CD4 cytotoxiques chez un groupe de supercentenaires. Ces nouvelles données, documentées dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, suggèrent que ces supercentenaires présentent une caractéristique particulière, un développement de cellules CD4, normalement non cytotoxiques, mais qui, chez ce groupe de personnes à longévité extrême, acquièrent ce statut cytotoxique au cours de la vie et apportent une protection remarquable contre les infections et le cancer.

 

En dépit du vieillissement des populations, les supercentenaires sont extrêmement rares. Au Japon, lieu de l’étude, plus de 61.000 personnes avaient plus de 100 ans en 2015, mais seulement 146 avaient plus de 110 ans. De précédentes études montré que ces personnes étaient supérieurement immunisées contre les maladies et les infections pendant toute leur vie.

Mais qu’est-ce qui fait la force du système immunitaire des supercentenaires ?

Les scientifiques japonais ont cherché à comprendre et ont examiné les cellules immunitaires en circulation, provenant d'un groupe de supercentenaires et de témoins plus jeunes. L’analyse a porté sur 41.208 cellules recueillies auprès de 7 supercentenaires et 19.994 cellules recueillies chez 3 témoins en bonne santé, âgés de 50 à 80 ans. L’analyse constate que :

  • si le nombre de cellules B (ou lymphocytes B) est plus faible chez les supercentenaires, le nombre de cellules T est approximativement le même que chez les témoins plus jeunes,
  • un sous-ensemble de cellules T (ou lymphocytes T) apparaît augmenté chez les supercentenaires : le nombre de cellules cytotoxiques -c’est-à-dire qui peuvent tuer d'autres cellules- : ainsi chez les supercentenaires, les cellules cytotoxiques représentent parfois jusqu’à 80% des cellules T, vs 10 à 20% chez les témoins ;
  • alors que les lymphocytes T à récepteur « CD8 » sont cytotoxiques, que les lymphocytes T à récepteur CD4 ne le sont pas, il semble que chez les supercentenaires, les cellules T CD4 aient acquis un statut cytotoxique. Cette abondance de cellules T CD4 cytotoxique n’est pas constatée en revanche chez les plus jeunes, ce n’est donc pas « une marque de jeunesse ».

 

 

Une caractéristique particulière des supercentenaires :  ces cellules spéciales, T CD4 cytotoxiques, marques d’une immunité particulière, sont issues d’un processus d’expansion clonale, ce qui signifie que beaucoup de ces cellules sont la progéniture d’une cellule ancêtre unique. C’est donc un processus bien spécifique aussi qui aboutit à cette configuration particulière du système immunitaire des supercentenaires. Un modèle passionnant alors que ces personnes constituent, pour les équipes de recherche un modèle précieux et extrême de vieillissement en bonne santé.

 

En conclusion, les chercheurs suggèrent que ce type de cellules, relativement peu communes chez la plupart des individus -même plus jeunes-, permet aux  supercentenaires de lutter de manière plus efficace contre les tumeurs, y compris les tumeurs déjà établies. Elles pourraient également jouer un rôle clé d’immunosurveillance qui renforcerait cette protection contre les infections, le cancer ou d'autres maladies chroniques.


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