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MÉMOIRE: Pourquoi il vaut mieux dormir dessus

Actualité publiée il y a 7 années 10 mois 3 semaines
eLife

Alors que le cerveau bloque la formation de nouveaux souvenirs au réveil pour sauvegarder la consolidation des souvenirs existants, qu’advient-il en cas de réveil nocturne alors que la mémoire est en plein processus de consolidation ? Ces scientifiques de la Bar-Ilan University (Tel Aviv) identifient et expliquent 2 phénomènes : un processus qui vient bloquer un nouvel apprentissage juste après le réveil, empêchant ainsi la perturbation de la stabilisation de la mémoire consolidée pendant le sommeil et la raison pour laquelle, en général, nous sommes incapables de nous souvenir de nos rêves au réveil.

Tout au long de notre vie diurne, nous sommes exposés à un flux continu de stimuli, d'expériences et de données qui, pour certaines d'entre elles cependant, déclenchent le renforcement de connexions entre les neurones du cerveau. C'est le début du processus d'apprentissage. Cependant, ces traces mnésiques restent fragiles et seul un petit nombre d'entre elles deviendra de véritables souvenirs à long terme, et parfois pour la vie. Pour que cette transition se produise, le cerveau doit stabiliser les traces mnésiques par un processus appelé consolidation.


Lors de la consolidation, le cerveau produit de nouvelles protéines qui renforcent ces traces encore fragiles de la mémoire. Cependant, si une nouvelle expérience se produit alors qu'une trace mnésique existante est en train d'être consolidée, ce nouveau stimulus peut perturber voire détourner le processus de consolidation. Mais le cerveau a tout prévu et il effectue ce travail à un moment où il est moins dérangé, et où de nouvelles expériences ont peu de chances de se produire, durant le sommeil.

Que se passe-t-il en cas de réveil pendant la consolidation ? Les chercheurs se sont demandé comment le cerveau empêche les stimuli qui se produisent juste après le réveil d'interrompre le processus de consolidation : l'équipe a travaillé sur un modèle surprenant, le lièvre ou limace de mer Aplysia. Ces limaces marines sont de bons modèles en recherche neuroscientifique en raison de leurs systèmes nerveux simples et de leurs grands neurones, et parce qu'ils ont une capacité d'apprentissage de base. Sur ce modèle, les scientifiques montrent que juste après « l'apprentissage » et pendant les heures de veille, se produit une synthèse de certaines protéines qui va déclencher la consolidation de la nouvelle mémoire. Ces protéines de consolidation sont ensuite à nouveau produites, mais en plus grande quantité pendant le sommeil pour consolider la trace mnésique. Et si l'on bloque cette synthèse de protéines, alors la consolidation de la mémoire à long terme est également bloquée.

Au réveil, les interactions entre les nouvelles expériences et la consolidation sont bloquées : en effet, au réveil, le cerveau bloque la consolidation à long terme de nouvelles données. Sauf, si certaines protéines sont éliminées ! Alors de nouveaux stimuli peuvent générer des souvenirs à long terme. Des résultats qui suggèrent que d'autres protéines bloquent la formation de nouveaux souvenirs et empêchent une expérience au réveil d'être efficace dans la production de mémoire. La suppression de ce bloc de protéines va permettre ainsi aux expériences vécues juste après le réveil d'être codées en mémoire. Cela explique aussi pourquoi nous ne pouvons pas nous souvenir de nos rêves quand nous nous réveillons.

En conclusion, il existe un processus actif dans le cerveau qui inhibe la capacité d'apprendre de nouvelles choses et de consolider cet apprentissage juste au réveil, et qui protège ainsi la consolidation des mémoires. Il reste à identifier précisément ces blocs de protéines, avec l'objectif de pouvoir développer de nouvelles thérapies capables de bloquer les mauvais souvenirs par exemple, en cas de trouble de stress post-traumatique.

6 Dec, 2016 DOI: 10.7554/eLife.17769 New learning while consolidating memory during sleep is actively blocked by a protein synthesis dependent process

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