MÉTABOLISME : Des toilettes « intelligents » pour mieux suivre sa santé ?
Les métabolites présents dans les urines permettent de détecter près de 600 conditions et maladies. Alors pourquoi ne pas développer des « toilettes intelligentes » capables d’apporter ces données sur la santé ? C’est l’idée de cette équipe d’experts en métabolisme de l'Université de Wisconsin-Madison qui nous explique, dans la revue Nature Digital Medicine comment un système de toilettes intelligentes intégré peut fonctionner comme une méthode de surveillance en temps réel de la santé. Si le développement de cette application va sans doute prendre des années, la preuve de concept est déjà là.
Les technologies intelligentes et portables émergent à travers de nombreux dispositifs, comme les pansements intelligents, les textiles intelligents jusqu’aux maisons intelligentes qui transforment peu à peu notre capacité de surveiller et d’améliorer la santé. Aujourd’hui, cette équipe américaine nous propose d’appliquer ces technologies à un lieu ancestral, les toilettes. L’idée est en effet d’exploiter la gamme considérable d'informations sur la santé métabolique contenues dans l'urine. L'urine est un reflet de l'historique de nos habitudes alimentaires, de notre pratique de l’exercice, de la prise de médicaments, des habitudes de sommeil et d'autres facteurs de notre mode de vie. L'urine contient des liens métaboliques via des marqueurs biologiques avec plus de 600 maladies humaines, dont le cancer, le diabète et, bien sûr, la maladie rénale.
Des tests fréquents d’échantillons d'urine peuvent-ils fournir des données en temps réel sur la santé ?
La lecture est réalisable : une petite étude pilote menée cette année et dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Digital Medicine a démontré qu’une collecte de 110 échantillons d'urine sur une période de 10 jours, soumis à des tests de chromatographie en phase gazeuse et de spectrométrie de masse permet d'obtenir une lecture complète de différentes signatures métaboliques associées à des mesures de santé (fréquence cardiaque, sommeil, apport calorique, pratique de l’exercice, consommation de café et d’alcool,…) ou des maladies.
L’ingénierie reste à développer : il reste en effet à développer une plateforme technologique adaptée aux toilettes pour rendre le processus de collecte simple, précis et abordable. Les toilettes intelligentes devront, en effet, incorporer un spectromètre de masse portable capable de reconnaître l’usager et de traiter et suivre les échantillons de plusieurs utilisateurs. Le concept de toilettes capables de prélever un échantillon d'urine est également validé en laboratoire, cependant le vrai défi consiste à développer l'ingénierie qui va permettre un dispositif simple et bon marché.
Les implications en Santé publique sont multiples : le dispositif pourrait permettre de surveiller comment une personne métabolise certains médicaments ou encore de suivre l’observance des traitements des patients maintenus à domicile. Ensuite, en Santé publique, les remontées pourraient être énormes, de type big data en population générale, comparables aux bases de données du génome humain : « Avec des dizaines de milliers d'utilisateurs et une corrélation des données avec la santé et le mode de vie, et via l’intelligence artificielle, l’outil pourrait apporter de nouvelles capacités de diagnostic, dont des alertes en cas d'épidémie ou de pandémie... ».
Le concept de métatests d’urine intrigue les chercheurs depuis un certain temps. Les technologies portables de spécification de masse vont permettre de lui donner d'ici quelques années, une réalité.
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