NICOTINE : Les fumeurs légers moins enclins à décrocher
Avec une moindre propension à se faire dépister, aider et traiter, les fumeurs légers ou occasionnels, pourraient avoir plus de difficultés à échapper à la dépendance à la nicotine. Cette étude de la Penn State rappelle en effet que nombreux sont les fumeurs occasionnels de cigarettes également dépendants à la nicotine, selon les critères actuels de diagnostic. Les chercheurs constatent que les fumeurs légers (soit 1 à 4 cigarettes par jour ou moins) répondent en effet, dans une très large mensure aux critères de dépendance à la nicotine, et seraient « normalement » éligibles à un traitement de sevrage.
« On a souvent considéré », écrit l’auteur principal, Jonathan Foulds, professeur en Santé publique, de psychiatrie et de santé comportementale « que seuls les patients qui fument environ 10 cigarettes par jour ou plus sont dépendants. Notre étude démontre que de nombreux fumeurs plus légers, même ceux qui ne fument pas tous les jours, sont dépendants à la cigarette. Nous appelons donc les médecins à être plus précis lorsqu’ils interrogent leurs patients sur leur tabagisme ».
Les fumeurs occasionnels ne sont pas plus susceptibles d'arrêter.
Les chercheurs de la Penn examinent ici, avec leurs collègues de l'Université Duke, les données de 6.700 fumeurs ayant participé à une évaluation des NIH cherchant à déterminer ceux qui répondaient aux critères du DSM-5 pour les troubles liés au tabagisme. L’analyse montre que :
- 85% des fumeurs quotidiens sont dépendants dans une certaine mesure, soit souffrent d’une dépendance légère, modérée ou grave ;
- 74% de ceux qui fument 21 cigarettes ou plus par jour sont modérément ou sévèrement dépendant ;
- les 2 tiers des fumeurs légers (1 à 4 cigarettes par jour) sont dépendants ;
- environ un quart de ceux qui fument moins d'une fois par semaine sont également dépendants ;
- la sévérité de la dépendance à la cigarette, telle qu’évaluée en fonction du nombre de critères du DSM-5 remplis, augmente avec la fréquence du tabagisme.
L’étude apporte ainsi de nouveaux repères sur la dépendance à la cigarette en fonction de sa fréquence d'utilisation et met en évidence la prévalence élevée des troubles liés au tabagisme, même chez des fumeurs considérés comme légers.
Evaluer rigoureusement les critères du DSM-5 (5e édition du Diagnostic et Manuel statistique, comportant notamment l’irritabilité, la frustration ou la colère, l’anxiété, la difficulté de concentration, l’augmentation de l’appétit, une fébrilité, une humeur dépressive et l’insomnie…) est impératif, soulignent les auteurs, cependant de nombreux médecins de soins primaires demandent juste au patient combien de cigarettes il fume par jour. Pourtant un tabagisme plus léger comporte toujours des risques importants pour la santé et l’étude suggère que beaucoup de fumeurs légers peuvent avoir de réelles difficultés à arrêter.
De précédentes recherches ont montré que les fumeurs occasionnels (non quotidiens) sont plus susceptibles que les fumeurs quotidiens de tenter d'arrêter cependant, ce n’est pas toujours le cas. Ces fumeurs qui peuvent aussi avoir besoin d'un traitement et d’un soutien pour arrêter vont rarement chercher de l’aide et sont rarement traités.
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