OBÉSITÉ et GROSSESSE : Un risque de cancer du foie pour les prochaines générations
Les scientifiques des Universités Wuhan et Huazhong identifient un miARN chez les mères souris obèses qui semble accroître le risque de cancer du foie chez leur progéniture et cela sur plusieurs générations. La recherche présentée dans le Journal of Hepatology révèle également un accroissement du risque avec le nombre de générations de mères obèses.
Un tiers de la population mondiale est en surpoids ou obèse et cette épidémie mondiale d'obésité est -en dehors de l’épidémie de COVID-19-, la grande priorité en santé publique. L'obésité confère un risque plus élevé de nombreuses comorbidités, dont de maladies métaboliques telles que la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et le carcinome hépatocellulaire (CHC). Les auteurs précisent qu’aux États-Unis, jusqu'à 1 cas de cancer du foie sur 2 est lié à de tels troubles métaboliques.
L’obésité maternelle induit une sensibilité de la progéniture au cancer du foie
Il s’agit d’expériences in vivo montrant que des souris femelles nourries avec un régime riche et modèles d’obésité sécrètent ce mi-ARN (ou microARN, un petit acide ribonucléique ) miR-27a-3p et que les niveaux de ce mi-ARN augmentent avec le nombre de générations obèses, ce qui accroit le risque de tumeur du foie pour les générations à suivre. La question qui se pose est la reproduction de ce facteur de risque chez l’Homme, et donc ce lien entre l'obésité maternelle et le cancer du foie chez les enfants de mères obèses. Cependant on sait déjà que l'obésité maternelle (humaine), affecte directement la santé des enfants.
Comment miR-27a-3p induit ce risque de cancer du foie: les scientifiques décryptent l’action de ce miARN présent chez les mères souris obèses. Le miARN semble transmettre la sensibilité au cancer du foie. Ils administrent de la diéthylnitrosamine (DEN) pour induire un cancer du foie chez des souris obèses ayant reçu un régime riche en graisses et réalisent un séquençage de l'ARN a été effectué pour identifier les gènes et les microARN qui ont changé au fil des générations. Ils constatent une augmentation des niveaux de miR-27a-3p. Le mi-ARN réprime l'expression de 2 protéines, Acsl1 le et Aldh2, ce qui accroît le risque de cancer. Les chercheurs montrent que l'injection du même mi-ARN à des souris femelles gravides entraîne les mêmes conséquences phénotypiques chez leur progéniture.
Une sensibilité cumulative : au-delà du fait que l'obésité maternelle induit une sensibilité de la progéniture au cancer du foie, les chercheurs constatent que cette sensibilité est cumulative au fil des générations. Ainsi le risque pour la progéniture de développer un cancer du foie est encore accru lorsque la « grand-mère » est également atteinte d’obésité.
Un biomarqueur diagnostique ou prédictif du risque de cancer du foie ? In vitro, sur des biopsies humaines de cancer du foie, les chercheurs retrouvent des niveaux élevés de mi-ARN. Le taux sérique de miR-27a-3p pourrait ainsi être utilisé à l'avenir comme biomarqueur diagnostique ou prédictif.
Ces nouvelles données « à la croisée du métabolisme et de l'épigénétique » contribuent à expliquer comment le stress maternel peut entraîner des effets sur la descendance, ici avec l’exemple du risque de cancer du foie.
Le mode de transmission n'est pas un mode intergénérationnel classique car il est épigénétique, multigénérationnel, cumulatif.
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