OBÉSITÉ : La nouvelle option des nanoparticules contre l'absorption des graisses
Cette thérapie innovante à base de nanoparticules, qui cible l'absorption des graisses et pas leur ingestion, fera peut-être bientôt partie des options non invasives pour lutter contre l’obésité. Ces chercheurs chinois de la Tongi University, viennent de présenter leur approche lors de l’United European Gastroenterology (UEG) Week 2024.
La prévalence de l’obésité dans le monde approche les 16%. En France, à l'âge adulte, elle dépasse les 17 %. Si de nombreuses options sont aujourd’hui disponibles et démontrés comme efficaces pour lutter contre ce fléau majeur de santé publique, dont l’adoption d’un mode de vie sain, mais aussi la chirurgie bariatrique et les médicaments de perte de poids dont les « nouveaux » agonistes du GLP-1, de nouvelles approches alternatives restent nécessaires.
La nouvelle approche cible précisément l'absorption des graisses dans l'intestin grêle. Le système de nanoparticules est en effet conçu pour délivrer des molécules thérapeutiques directement au tube digestif. La recherche apporte ses premières preuves d’efficacité à prévenir l'obésité induite par l'alimentation.
L'étude se concentre sur une enzyme appelée stérol O-acyltransférase 2 (SOAT2),
qui joue un rôle essentiel dans l'absorption des graisses dans l'intestin grêle. L’approche consiste à inhiber cette enzyme dans l'intestin grêle, pour réduire l'absorption des graisses et prévenir ainsi l'obésité.
L’auteur principal, le Dr Wentao Shao, de l’Université Tongi relève que « que la plupart des stratégies se concentrent sur la réduction de l’apport en graisses alimentaires, la nouvelle approche cible directement le processus d’absorption des graisses par l’organisme ». Cela étant dit, ce n’est pas la première équipe à travailler ainsi sur le métabolisme des graisses, cependant, jusqu’ici, aucune recherche n’avait abouti à l’identification d’un inhibiteur efficace de l’absorption intestinale des acides gras dans l’intestin.
L’équipe a développé un système de distribution innovant basé sur des nanoparticules qui transportent efficacement les petits ARN interférents (siRNA) vers l’intestin grêle, où ils vont réduire l’expression de SOAT2, inhibant ainsi l’absorption des graisses.
La preuve de concept est apportée in vivo chez des animaux modèle d’obésité qui, traités avec la thérapie par nanoparticules, absorbent en effet moins de graisses et évitent l’obésité, même lorsqu’ils sont soumis à un régime riche en graisses.
Il s’agit bien d’un traitement oral
Avec par conséquent tous les avantages : non invasif, présentant une faible toxicité, propre à une bonne observance par rapport aux traitements actuels contre l’obésité.
Comment ça marche ? L’inhibition de SOAT2 dans l’intestin grêle déclenche la dégradation de CD36, une protéine responsable du transport des graisses. Ce processus implique à la fois un stress cellulaire et le recrutement d’une autre enzyme (E3 ligase RNF5), qui améliore la dégradation de CD36. Cette nouvelle compréhension vient compléter les conclusions de précédentes recherches ayant montré que le blocage de SOAT2 hépatique entraîne une accumulation de graisse dans le foie.
C’est donc une nouvelle capacité à cibler l’absorption des graisses dans les intestins sans affecter le foie, à tester, dans un premier temps, sur de grands modèles animaux puis via des essais cliniques, chez l’Homme.
Ce système à base de nanoparticules pourrait représenter une avancée majeure et une nouvelle arme majeure dans l’arsenal toujours insuffisant des thérapies contre l’obésité.
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