OBSTRUCTION URINAIRE MALIGNE : Les soins palliatifs restent sous-utilisés
Les obstructions urétérales malignes ou tumeurs urétrales constituent une complication grave d'un cancer avancé, avec un mauvais pronostic. Cependant, seul environ un patient sur 2 atteints de ce type de tumeur bénéficie de soins palliatifs, révèlent ces urologues de l’Université de l’Illinois, dans la revue Urology Practice, un journal de l'Association Américaine d'Urologie. Des conclusions qui appellent les urologues, comme les oncologues et les médecins « de soins primaires » à des discussions sur la fin de vie avec ce groupe de patients.
Car l’objectif des soins palliatifs est bien de favoriser le confort des patients tout en évitant les traitements agressifs et invasifs. Or cet objectif est parfaitement adapté aux patients souffrant de tumeur urétérale en fin de vie, rappelle l’auteur principal, le Dr Michael D. Felice, de l'Université Loyola (Illinois).
De nouveaux arguments en faveur de l’utilisation des soins palliatifs dans cette indication
L'obstruction urétérale maligne est une affection dans laquelle les voies urinaires sont bloquées en raison d'un cancer avancé. Les patients atteints ont une espérance de vie limitée et certains passent une grande partie de leur fin de vie à l'hôpital. Au fil du temps, la tumeur urétérale entraîne une accumulation d’urine dans les reins, l’hydronéphrose. Les traitements de décompression peuvent soulager cette accumulation, mais ce sont des procédures invasives avec des taux de complications élevés et leurs avantages restent discutables.
Les soins palliatifs, adaptés aux patients atteints d'un cancer avancé, visent à améliorer les symptômes et la santé mentale et spirituelle tout en garantissant que toute nouvelle procédure médicale reflètera bien les objectifs de soins des patients. Les soins palliatifs sont une option pour les patients dont la survie attendue est inférieure à 6 mois.
L’étude évalue ici chez 115 patients diagnostiqués entre 2014 et 2020, avec une obstruction urinaire maligne, le recours aux soins palliatifs. L’analyse révèle que :
- seuls 39 % de ces participants ont eu accès aux soins palliatifs ;
- de plus, lorsque c’est le cas, le délai de mise en œuvre de ces soins après le diagnostic, reste élevé, soit plus de 2 mois ;
- 5 patients sur 45 ont ainsi été orientés vers des soins palliatifs avant la décision concernant le traitement de décompression ;
- 54 % des patients ont reçu des soins palliatifs, avec délai médian de 144 jours après le diagnostic ;
- le délai médian entre l’admission en EHPAD et le décès a été estimé à 12 jours ;
- ainsi, 85 % des patients sont décédés ou étaient présumés décédés au moment de l’analyse ;
- parmi les patients décédés, 43 % avaient pu recourir de manière importante aux soins de santé (visites répétées aux urgences ou hospitalisations au cours du dernier mois de vie, ou bien décès à l’hôpital) ;
- parmi les patients n’ayant pas reçu de soins palliatifs, 86 % ont eu un recours élevé aux soins de santé en fin de vie : cela suggère, écrivent les chercheurs, l’importance des soins palliatifs dont les discussions et la décision des patients sur la manière de vivre leur fin de vie ;
- d’ailleurs, les patients ayant bénéficié de soins palliatifs sont 97 % moins susceptibles d'avoir un recours élevé aux soins de santé en fin de vie.
« Combiner les soins palliatifs et le traitement oncologique est généralement recommandé pour les patients atteints d'un cancer avancé. Cependant, ce recours aux soins palliatifs reste rare pour les patients atteints de ce type de tumeur ».
Les urologues pourraient jouer un rôle clé dans l’orientation précoce vers des soins palliatifs,
concluent les auteurs. 80 % de ces patients atteints d’obstruction urétérale maligne ont consulté un urologue à un moment donné de leur parcours de soins.
« Les urologues devraient promouvoir la collaboration interdisciplinaire et initier des conversations concernant l'intégration des soins palliatifs dans la prise en charge de ce groupe de patients ».
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