OVAIRES POLYKYSTIQUES : Le risque de cancer double après la ménopause
Selon ces chercheurs du Danish Cancer Society Research Center (Copenhague, Danemark), les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) ne présentent pas un risque de cancer de l'ovaire plus élevé que les autres femmes. Cependant, ce n’est plus le cas après la ménopause : cette analyse, présentée lors de 39è Réunion annuelle de la Société européenne de reproduction humaine et d'embryologie (ESHRE), révèle un risque alors plus que multiplié par 2, avec des implications de surveillance et de détection évidentes. Ces nouvelles données vont également faire l’objet d’une publication dans l'International Journal of Cancer.
Il s'agit de la première grande étude de ce type, et les auteurs appellent à une sensibilisation accrue des professionnels de santé, lors du suivi de ce groupe de patientes.
Le syndrome des ovaires polykystiques touche environ 1 femme sur 10. Le SOPK est caractérisé par une trop forte production par les ovaires de l’hormone sexuelle testostérone. La maladie peut entraîner des difficultés de conception, des complications de la grossesse et a été associée à un risque accru de différentes comorbidités, dont le diabète, l'obésité et la maladie mentale.
Le cancer de l'ovaire n'est pas aussi répandu que le cancer du sein, mais il est 3 fois plus mortel. L’étude actuelle s’est concentrée sur le cancer épithélial de l'ovaire, qui débute à la surface de l'ovaire et représente 90 % des tumeurs ovariennes.
L’étude est menée à partir des données d’1,7 million de femmes nées entre 1940 et 1993. Les femmes ayant reçu un diagnostic de cancer ou ayant subi une oviarectomie ont été exclues. Les données de diagnostic du SOPK et d’incidence de cancer ont été obtenues à partir de registres nationaux. Une analyse supplémentaire a été effectuée sur des femmes âgées de 51 ans et plus. L’analyse révèle que :
- 6.490 participantes ont reçu un diagnostic de cancer épithélial de l'ovaire et 2.990 de tumeurs ovariennes au cours du suivi de 26 ans ;
- le risque accru n'était pas statistiquement significatif pour le cancer de l'ovaire et les tumeurs ovariennes chez les femmes atteintes du SOPK vs celles exemptes du syndrome ;
- l'obésité et le niveau d'études sont 2 facteurs qui affectent le risque de diagnostic ;
- le risque de cancer de l'ovaire est en revanche significativement plus élevé chez les femmes ménopausées et avec SOPK, que chez les autres participantes ménopausées et exemptes de SOPK ;
-
ce risque est plus que multiplié par 2 pour un type de tumeur ovarienne connue sous le nom de tumeurs séreuses borderlines de l'ovaire,
chez ces patientes atteintes du SOPK : ces cellules anormales ne sont pas classées comme cancéreuses mais ne sont pas totalement bénignes et prédisent un risque de cancer de l'ovaire ;
L'auteur principal, le Dr Clarissa Frandsen, rappelle néanmoins que le risque global que les femmes atteintes du SOPK développent un cancer de l'ovaire reste faible. Cependant, elle appelle à inclure dans les directives cliniques pour la gestion des patientes atteintes du SOPK, des recommandations sur leur risque possible de cancer de l'ovaire.
« Aujourd’hui, il n'existe aucun dépistage efficace pour la détection précoce du cancer de l'ovaire. Les patients et les cliniciens doivent donc acquérir une meilleure connaissance de
ce risque possible de cancer de l'ovaire associé au SOPK, après la ménopause ».
La recherche n’explique pas pourquoi les femmes post-ménopausées avec SOPK sont plus susceptibles de développer un cancer de l'ovaire. Le SOPK reste une affection complexe, mais la production excessive d'hormones sexuelles mâles est très probablement en cause.
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