PRÉÉCLAMPSIE : Quels risques de décès pour l’enfant ?
Cette équipe de la Fudan University (Shanghai, Chine) et de l’Université d’Aarhus (Danemark) précise, pour la première fois les effets des différents types de troubles de la pression artérielle chez la mère pendant la grossesse sur le risque de décès de son enfant. L’étude, publiée dans le British Medical Journal (BMJ) alerte une nouvelle fois sur les conséquences dramatiques de la prééclampsie précoce ou sévère.
Les troubles hypertensifs de la grossesse, qui comprennent la prééclampsie, l'éclampsie et l'hypertension, peuvent conduire, chez la mère, à une tension artérielle anormalement élevée et d’autres complications de la grossesse. Ces troubles touchent jusqu'à 10% des grossesses dans le monde et restent l’une des principales causes de décès chez les mères et leurs nourrissons. Ils ont également été associés à plusieurs affections chez les enfants plus tard dans la vie, dont le syndrome métabolique (une combinaison de diabète, d'hypertension artérielle et d'obésité), les maladies auto-immunes et les troubles neurodéveloppementaux et psychiatriques.
Cependant, l’ampleur des effets sur la mortalité à long terme chez les enfants, de la naissance à l'adolescence et au-delà, reste mal évaluée.
L’étude a analysé les données de 2,4 millions de personnes pour identifier ce risque accru de décès chez les enfants nés de mères atteintes d’un trouble de la tension, durant leur grossesse. Le principal résultat était le décès toutes causes confondues, suivi de 13 causes spécifiques de décès (dont dus aux maladies cardiovasculaires, au cancer, aux troubles mentaux et comportementaux, aux maladies des systèmes nerveux et musculosquelettique et aux malformations congénitales) jusqu'à l'âge de 41 ans. L’analyse révèle que :
- 4,2 % des enfants ont été exposés à un trouble hypertensif avant la naissance, dont 2,8 % à la prééclampsie ou à l'éclampsie et 1,4 % à l'hypertension ;
- tout trouble pouvant déclencher une pression artérielle anormalement élevée chez la mère pendant la grossesse est associé à ce risque plus élevé de décès chez ses enfants, de la naissance à l’âge jeune adulte ;
- sur une période de suivi moyenne de 19 ans,
- 781 décès sont survenus chez 59 pour 100.000 années-personnes enfants nés de mères atteintes de prééclampsie,
- 17 décès sont survenus chez 134 pour 100.000 années-personnes enfants nés de mères atteintes d'éclampsie,
- 223 décès sont survenus chez 44 pour 100.000 personnes-années enfants nés de mères hypertendues,
- 19.119 décès chez 42 pour 100.000 personnes-années nés de mères exemptes de tout trouble de la pression artérielle ;
- Ainsi, les enfants exposés in utero à ces troubles hypertensifs, présentent
un risque 26% plus élevé de mortalité toutes causes confondues
que leurs homologues non exposés ;
- ce résultat est encore plus dramatique en cas de prééclampsie, d'éclampsie et d'hypertension (soit une augmentation du risque de décès chez l’enfant, respectivement de 29 %, 188 % et 12 % ;
- ce résultat est encore pire lorsque la mère souffre de prééclampsie sévère et précoce : dans cette situation, le risque de décès pour l’enfant est multiplié par 6 ;
- enfin, ces troubles hypertensifs chez la mère apparaissent également associés à des risques accrus de décès en raison de certaines maladies, dont endocriniennes, nutritionnelles, métaboliques et cardiovasculaires- mais pas de cancer ;
Quels facteurs de confusion ? Le sexe de l’enfant, l'âge de la mère à l'accouchement, le niveau d'études de la mère, le revenu du foyer et conditions de vie, le tabagisme pendant la grossesse et les antécédents médicaux semblent influencer le niveau de risque de décès et ont été pris en compte dans l’analyse.
Ces résultats précisent donc, pour la première fois; l’ampleur des effets de ces troubles sur le risque de décès de l’enfant à naître, mais il s’agit d'une étude observationnelle qui ne démontre pas la relation de cause à effet. Cependant l’étude est vaste avec un suivi à long terme, ce qui suggère que ces conclusions sont robustes.
Les chercheurs qualifient ainsi leurs résultats de preuves solides que les troubles hypertensifs maternels, en particulier l'éclampsie et la prééclampsie sévère, sont associés à un risque accru de mortalité globale et de différentes causes chez les enfants, de la naissance à l’âge jeune adulte.
Des recherches supplémentaires vont maintenant examiner les mécanismes physiologiques sous-jacents.
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