PROBIOTIQUES : Pourquoi il ne faut pas les prendre à la légère
Cette équipe de l’University of New South Wales qui a étudié l'impact des probiotiques sur la santé intestinale et la fonction cognitive montre l’influence considérable des probiotiques sur la composition microbienne de l'intestin et le maintien des capacités cognitives, mais en cas de régime alimentaire et de microbiote déséquilibrés. En revanche, ses résultats, présentés dans la revue Molecular Psychiatry révèle un effet indésirable sévère en cas de régime alimentaire sain et de microbiote équilibré : dans ce cas les probiotiques n’influencent guère la composition microbienne mais, contre toute attente, ils…altèrent la mémoire. Bref, prendre des probiotiques à mauvais escient peut réduire la neuroplasticité.
Les études sont nombreuses aujourd'hui qui documentent l'efficacité possible des probiotiques pour lutter contre les effets d'une mauvaise alimentation et d'un microbiote intestinal deséquilibré, soit l'obésité, les troubles métaboliques et autres comorbidités chroniques. Nos régimes occidentaux riches en graisses saturées et en sucres ont démontré leurs effets néfastes sur notre métabolisme, mais aussi sur le cerveau et la fonction cognitive. En outre, une partie « émergente de la littérature suggère que les bactéries intestinales peuvent avoir un impact sur la fonction cérébrale : des études sur les rongeurs privés de certaines bactéries par antibiotiques par exemple, montrent que certaines communautés microbiennes peuvent altérer la mémoire et provoquer des comportements anxieux et certains troubles neurologiques. En effet, de récentes données font également le lien entre le microbiote et les maladies neurodénénératives et le déclin cognitif associé. Cette nouvelle étude montre que comme tout « médicament », les probiotiques ont aussi leurs effets indésirables. Pris « à tort » alors que l'alimentation est équilibrée et le microbiote « en bonne santé », les probiotiques sont capables d'altérer certains aspects de la mémoire.
Les chercheurs de l'University of New South Wales en apportent la preuve en observant l'impact d'un probiotique couramment utilisé, sur la santé intestinale et la fonction cognitive de rats, alimentés durant 25 jours, soit par un régime alimentaire sain soit par un régime riche en graisses saturées et en sucres. Les chercheurs ont soumis les rats à des tests, ont examiné leurs selles et disséqué leur cerveau.
-Chez les rats gras à la santé intestinale complètement dérégulée, les probiotiques ont positivement modifié la composition du microbiote intestinal et amélioré la fonction cérébrale, empêchant la perte de mémoire spatiale.
-Mais pour les rats ayant bénéficié d'un régime alimentaire sain, les probiotiques ont eu peu d'impact sur la diversité microbienne et ont altéré la mémoire : à l'examen du cerveau, les chercheurs découvrent que chez ces rats, les probiotiques ont affecté l'expression de certains gènes dans le cerveau impliqués dans la neuroplasticité et réduit ainsi la capacité cognitive. De plus, les probiotiques ont bloqué certains processus métaboliques bénéfiques pour le cerveau, liés aux effets -normalement- positifs des flavones et les flavonoïdes.
La conclusion des auteurs est claire : en cas de bonne santé intestinale et de régime alimentaire diversifié et équilibré, les probiotiques peuvent ne pas être bénéfiques. « Nous avons été surpris de constater que, chez les rats nourris sainement, les probiotiques ont entraîné une certaine altération de la mémoire et particulièrement au niveau de la reconnaissance des objets ». Le message délivré par les auteurs aux professionnels de la nutrition est donc de faire montre de prudence en ce qui concerne le conseil d'une supplémentation probiotique. Les probiotiques, comme les vitamines et autres nutriments ne sont pas anodins.
Bref, prendre des probiotiques à mauvais escient peut réduire la neuroplasticité.
(In press) via Eurekalert (AAAS) 14-Mar-2017 Probiotics may not always be a silver bullet for better health
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