PSORIASIS : Les liquides ioniques pour traiter topique
Cette technologie à base de liquide ionique permet de délivrer sous la peau un ARN thérapeutique qui bloque localement les gènes associés au psoriasis. Testée chez la souris par cette équipe du Wyss Institute à Harvard, cette technique optimise le principe d’un traitement topique et fait sa preuve de concept en réduisant, chez la souris modèle, les niveaux de cytokines inflammatoires et les symptômes du psoriasis sans effets secondaires systémiques. Une recherche présentée dans la revue Science Advances qui ouvre une nouvelle option thérapeutique pour cette condition handicapante.
Car le psoriasis, une affection cutanée chronique, dégrade considérablement la qualité de vie avec des symptômes de démangeaisons et ses plaques rouges et squameuses. La condition touche plus de 125 millions de personnes dans le monde. Les médicaments à base de petites molécules comme les stéroïdes peuvent pénétrer dans la peau pour traiter la maladie, mais peuvent aussi entraîner des effets indésirables dont l’irritation et l’amincissement de la peau. De plus, leur efficacité peut diminuer avec le temps. Des anticorps qui ciblent des molécules spécifiques liées à l'inflammation du pso ont été développés, mais leur délivrance topique n’étant pas possible, ils sont injectés à l'aide d'aiguilles et de seringues, ce qui limite leur acceptation et induit des effets secondaires systémiques négatifs.
Une nouvelle option révolutionnaire pour les troubles dermatologiques comme le psoriasis
L’équipe de Boston a surmonté cet obstacle en utilisant une combinaison de liquide ionique (IL) pour délivrer avec succès un petit ARN interférent (siRNA) directement sur la peau. Ce traitement, testé ici sur une souris modèle de psoriasis, fait ses preuves en réduisant significativement les niveaux de cytokines inflammatoires et les symptômes du pso sans effets secondaires. L’auteur principal, le Dr Abhirup Mandal, explique que la technique rend désormais possible l’administration topique de macromolécules.
Les promesses des siARNs synthétiques : ces molécules d'ARN double brin non codantes sont couramment utilisées en recherche biologique pour «faire taire» un gène cible en détruisant les transcrits d'ARN du gène. Cette capacité en fait également des candidats très prometteurs pour traiter sans modifier l'ADN dans les cellules d'un patient. Cependant, leur utilisation en médecine a été limitée car les ARN sont de grosses molécules hydrophiles et ont donc du mal à traverser les membranes hydrophobes des cellules.
Les liquides ioniques (IL) sont des sels liquides à température ambiante. Ils permettent ici de stabiliser les siARN et d’améliorer leur pénétration à travers les membranes cellulaires lipidiques, permettant un silençage génique localisé via une application topique. L'équipe a d'abord créé une bibliothèque de différents IL, puis a testé plusieurs combinaisons de manière à vérifier leurs interactions avec leurs cargaisons pharmacologiques, ici les siARNs. Une combinaison spécifique est alors identifiée qui permet une pénétration optimale à travers les membranes cellulaires des siARNs.
Faire taire un gène appelé NFKBIZ : c’est la mission de ce complexe car NFKBIZ est impliqué dans la régulation positive d'un certain nombre de molécules inflammatoires impliquées dans le psoriasis. L’expérience montre que les souris modèles de pso qui ont reçu le traitement siARN/NFKBIZ présentent des symptômes réduits, moins de rougeurs et de desquamation.
Le complexe IL-siRNA peut induire un effet thérapeutique après administration topique
Vers un nouveau traitement topique ? « Les crèmes topiques sont utilisées pour traiter les affections cutanées depuis des centaines d'années, mais la peau est une barrière très efficace contre la plupart des substances, ce qui limite leur efficacité. Être capable de franchir cette barrière pour administrer des acides nucléiques thérapeutiques directement aux cellules de la peau est un énorme progrès pharmacodynamique ».
« Bon nombre d’innovations en recherche ces dernières années ont un vrai potentiel clinique mais la plupart ne voient jamais le jour en raison de facteurs limitants fondamentaux, dont fait partie en dermatologie, la barrière que constitue la peau. Cette solution va permettre une nouvelle classe de traitements efficaces attendus depuis longtemps ».
Autres actualités sur le même thème
MÉLANOME : L’exosome qui pourrait inhiber sa croissance
Actualité publiée il y a 1 année 6 moisPOCHES SOUS LES YEUX : Un marqueur de mauvaise santé ?
Actualité publiée il y a 1 année 5 joursSanté CUTANÉE : Le tabac donne grise mine, c'est confirmé !
Actualité publiée il y a 5 années 1 moisDERMATITE ATOPIQUE : Un champignon contre les boutons
Actualité publiée il y a 4 années 2 mois