RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE : Pourquoi ses menaces sanitaires sont imminentes

Il ne sera bientôt plus possible de garantir le maintien de la Santé publique mondiale, tant « les menaces sanitaires du changement climatique atteignent des niveaux record », alertent, dans le Lancet notamment, les experts de grandes organisations de recherche sur le climat. C’est aussi la conclusion dramatique du 8e rapport annuel sur les indicateurs du Lancet Countdown on Health and Climate Change : les populations de tous les pays sont confrontées à des menaces record pour leur santé et leur survie en raison du changement climatique, plus rapide de prévu.
Ces derniers bilans ont été élaborés en étroite collaboration avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), par 122 experts de premier plan issus de 57 institutions universitaires et agences des Nations Unies du monde entier,dont l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Ils apportent aujourd’hui l'évaluation la plus récente des liens entre la santé et le changement climatique et offrent un bilan factuel es effets sanitaires des précipitations extrêmes, de la perte de couverture forestière, des tempêtes de sable et de poussière, de la hausse des températures nocturnes et la perte de sommeil associée, du manque d'éducation et de formation en matière de climat et de santé.
Ainsi, 10 des 15 indicateurs de suivi sanitaires atteignent de nouveaux records inquiétants et appellent à réorienter les investissements aujourd’hui dépensés sur les énergies fossiles vers des interventions de prévention, de protection de la santé, de la vie et des moyens de subsistance des populations.
Le constat est là en termes d’exposition :
en 2023, les populations ont été exposées, en moyenne, à un nombre sans précédent de 50 jours de pics de température dangereux pour la santé. Les sécheresses extrêmes ont touché 48 % de la surface terrestre mondiale et les vagues de chaleur ont été associée à un élargissement de l’insécurité alimentaire dont la prévalence s’est accrue chaque année entre 1981 et 2010, de plus de 150 millions de victimes supplémentaires.
Aucun individu ni aucune économie sur la planète n’est à l’abri des menaces sanitaires du changement climatique.
Le constat est là en termes d’effets sanitaires :
- Les décès liés à la chaleur continuent d’augmenter rapidement et devraient dépasser les décès liés au froid ;
- à l’échelle mondiale, en 2023, les décès liés à la chaleur chez les personnes de plus de 65 ans ont augmenté de 167 % vs 1990 ;
- les inégalités existantes se sont aggravées, le nombre de jours de chaleur menaçant la santé étant plus élevé dans les pays à faible indice de revenus ;
- en 2023 toujours, un record historique de 1.512 heures de températures élevées a été enregistré, ce induit un risque significatif de stress thermique, lors de la pratique d’un exercice modéré en extérieur, par exemple ;
- cette même hausse des températures a entraîné une perte record de 512 milliards d’heures potentielles de travail à l’échelle mondiale avec des pertes de revenus équivalentes à 835 milliards de dollars, particulièrement marquées dans les pays en développement.
Une accélération de l'incidence des maladies infectieuses et vectorielles:
- au cours de ces 10 dernières années, 61 % de la superficie terrestre mondiale a connu une augmentation des précipitations extrêmes ce qui a contribué à accroître le risque d’inondations, de maladies infectieuses et de contamination de l’eau ;
- ces événements climatiques ont accéléré la propagation de maladies infectieuses mortelles transmises par les moustiques : le risque de transmission de la dengue par les moustiques Aedes albopictus a augmenté de 46 % et celui d’Aedes aegypti de 11 % au cours de la dernière décennie. En 2023, plus de 5 millions de cas de dengue ont été signalés dans plus de 80 pays et territoires.
Le réchauffement anthropique directement en cause
Près de 182 millions d’hectares de forêts ont été détruits durant ces seules 6 dernières années, soit l’équivalent de 5 % de la couverture forestière mondiale, ce qui diminue drastiquement la capacité naturelle de la planète à capturer le dioxyde de carbone. Dans le même temps, l’augmentation de la consommation de viande rouge et de produits laitiers a entraîné une augmentation de 220.000 décès liés à l’alimentation -tout en contribuant à une hausse de 2,9 % des émissions de GES agricoles.
Pourtant, les ressources financières nécessaires sont là
Les analyses révèlent que pour atteindre la neutralité carbone et assurer un avenir sain, les ressources qui seraient nécessaires sont disponibles. Mais les fonds en question restent majoritairement affectés à l’exploitation des combustibles fossiles qui aggravent le changement climatique, plutôt que d’être réorientés vers des énergies renouvelables propres et des stratégies bénéfiques pour la santé publique.
« Ces investissements pervers, associés à l’échec grave des changements structurels nécessaires dans le secteur de l’énergie pour soutenir la transition vers le « zéro émission », mettent en péril les économies dont dépend la survie des populations et mettent en danger la santé et la survie de millions de personnes ».
« L’économie ne parvient plus à suivre le rythme des menaces sanitaires croissantes du changement climatique et
la couverture sanitaire universelle reste un rêve irréalisable pour plus de la moitié de la population mondiale ».
Alors un peu d’optimisme ?
En dépit des menaces sanitaires sans précédent décrites dans le rapport, il existe quelques raisons d’être optimiste : ainsi, le nombre de décès dus à la pollution atmosphérique due aux combustibles fossiles qui a diminué de près de 7 % et l’augmentation de 10 % des investissements mondiaux dans les énergies propres.
Pour réussir cette immense transformation, il est impératif que la santé durable des personnes soit placée en priorité dans la politique de lutte contre le changement climatique.
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