REPORT de SOINS : Sauter des doses de médicaments pour limiter ses dépenses de santé
Lorsqu’on évoque le report de soins, on pense plutôt au report d’une consultation, d’un acte médical ou d’une chirurgie élective. Le report de soins, principalement motivé par des raisons financières, est un bon indicateur de l’égalité de l’accès aux soins. Cette étude canadienne, menée à l’Université de la Colombie-Britannique, documente une nouvelle forme croissante de reports de soins, « sauter » des doses de médicaments voire ne pas observer du tout son traitement, pour limiter ses dépenses de santé. La recherche publiée dans le Canadian Medical Association Journal, révèle ainsi, qu’au Canada cette forme de report est pratiquée par jusqu’une personne sur 20 et est en forte augmentation.
Ne pas respecter ses prescriptions voire ne pas acheter ses médicaments en raison de leur coût est un comportement certainement plus fréquent au Canada, qu’en France où le tiers payant est pratiqué pour la grande majorité des produits ou médicaments prescrits. Ainsi, au Canada, les médicaments sur ordonnance ne sont pas universellement couverts par les 13 systèmes d’assurance maladie provinciaux et territoriaux et, en 2021, les ménages canadiens ont payé plus de 7,4 milliards de dollars de reste à charge pour des médicaments sur ordonnance. En France et dans d’autres pays, il existe aussi un reste à charge pour certains produits de santé sur prescription, ce qui peut limiter leur accessibilité pour les personnes les plus démunies.
L’analyse montre clairement que ces 5 % de personnes qui sautent des doses ou ne prennent pas leur traitement, le font bien pour des raisons de coût.
L’étude menée auprès de plus de 223.000 participants, âgés de plus de 12 ans, révèle que :
-
5 % des participants déclarent ne pas suivre leur traitement en raison de son coût ;
- en pratique, ces patients sautent ou réduisent les doses, retardent leur renouvellement ou n’achètent pas les médicaments du tout, en raison de leur reste à charge ;
- les femmes sont 44 % plus susceptibles de signaler le coût des médicaments comme un obstacle au traitement, sans doute parce qu’elles ont tendance à gérer ces achats pour la famille ;
- cette tendance à ne pas suivre le traitement prescrit est en forte hausse (au Canada).
L’auteur principal, le Dr Mary De Vera, pharmaco-épidémiologiste et professeur de sciences pharmaceutiques à l’Université de la Colombie-Britannique ajoute que les personnes des communautés plus défavorisées sont 20 à 67 % plus susceptibles de ne pas suivre leur traitement pour des raisons de coût.
Des résultats qui devraient contribuer à éclairer les régimes publics d’assurance maladie, la santé publique déterminant aussi la qualité de vie et accessoirement la productivité. Enfin, de manière plus ciblée, les chercheurs concluent que « les Canadiens restent plongés dans l’incertitude sur la mise en œuvre d’un accès garanti aux médicaments et aux thérapies, comme d’ailleurs les citoyens de presque tous les autres pays dotés d’un système de santé public ».
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