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SANTÉ CARDIAQUE : Les effets cardiovasculaires contraires de l’huile de poisson

Actualité publiée il y a 6 mois 2 jours 6 heures
BMJ Medicine
Une consommation trop régulière d'huile de poisson pourrait augmenter, plutôt que diminuer, le risque de première maladie cardiaque et d'accident vasculaire cérébral (AVC) chez les personnes en bonne santé cardiovasculaire (Visuel Adobe Stock 13122281)

Concentrée en omega-3, l’huile de poisson constitue une supplémentation courante. Cette équipe de cardiologues de l’Université de Guangzhou (Chine) alerte sur les effets possibles d’une consommation trop régulière de suppléments d'huile de poisson. Une telle consommation pourrait augmenter, plutôt que diminuer, le risque de première maladie cardiaque et d'accident vasculaire cérébral (AVC) chez les personnes en bonne santé cardiovasculaire. Ces nouvelles données, publiées dans le BMJ Medicine, rappellent que toute supplémentation ne doit pas être prise à la légère, mais sur conseil d’un professionnel de santé.

 

D’autant que cette supplémentation induit des effets contraires selon les patients : elle peut augmenter le risque de première maladie cardiaque et d’AVC chez les personnes en bonne santé mais semble ralentir la progression de la maladie cardiaque et réduire le risque de décès chez les patients avec problème cardiovasculaire préexistant.

 

L'huile de poisson est une précieuse source d'acides gras oméga-3 et, à ce titre, reste recommandée comme mesure de prévention alimentaire pour prévenir le développement de maladies cardiovasculaires. Cependant les situations précises dans lesquelles la supplémentation peut être recommandée et ses degrés d’efficacité restent a priori mal connus.

 

L’étude réévalue donc les associations entre les suppléments d'huile de poisson et l’incidence de la fibrillation auriculaire (FA), de la crise cardiaque, de l’AVC, de l’insuffisance cardiaque et du décès toutes causes, chez des participants exempts de maladie cardiovasculaire connue. L’étude est menée auprès de 415.737 participants à l’étude UK Biobank, à 55 % des femmes, âgés de 40 à 69 ans, interrogés entre 2006 et 2010 sur leurs données de santé et de mode de vie de base. Parmi ces données, figurait l’apport alimentaire habituel en poisson gras et non gras et en suppléments d'huile de poisson. La santé des participants a été suivie jusqu’à fin mars 2021 ou jusqu’au décès. L’analyse révèle que :

 

  • près d'un tiers des participants utilisent régulièrement des suppléments d'huile de poisson ;
  • sur un suivi de près de 12 ans, 18.367 participants ont développé une FA, 22.636 ont eu une crise cardiaque ou un AVC ou ont développé une insuffisance cardiaque, et 22.140 sont décédés ;
  • l’utilisation régulière de suppléments d'huile de poisson peut induire différents résultats de santé cardiovasculaire, la progression de la maladie et le décès :
  • chez les participants exempts de maladie cardiovasculaire connue à l’inclusion, la consommation régulière de suppléments d'huile de poisson est associée à un risque accru de 13 % de FA et à un risque accru de 5 % d’AVC ;
  • chez les participants souffrant déjà d'une maladie cardiovasculaire à l’inclusion, la consommation régulière de suppléments d'huile de poisson est associée à un risque réduit de 15 % de progression de la FA vers une crise cardiaque, et à un risque inférieur de 9 % d'évolution vers une insuffisance cardiaque et/ou le décès ;
  • certains facteurs de confusion, tels que l'âge, le sexe, le tabagisme, la consommation de poisson non gras, l'hypertension artérielle et l'utilisation de statines et de médicaments hypotenseurs peuvent modifier ces associations ;
  • ainsi, et à titre d’exemple, la consommation régulière de suppléments d'huile de poisson et le risque de passer d'une bonne santé à une crise cardiaque, un AVC ou une insuffisance cardiaque s’avère accru de 6 % chez les femmes et de 6 % chez les non-fumeurs ;
  • l’effet protecteur de la supplémentation contre la transition d’une bonne santé au décès est plus marqué chez les hommes et les plus âgés.

 

Il s’agit d’une étude d’observation qui ne démontre pas de relation de cause à effet. Cependant, ses conclusions sensibilisent aux effets cardiovasculaires contraires possibles d’une telle supplémentation, qui devrait donc passer par le conseil d’un professionnel, voire une prescription.


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