SANTÉ PUBLIQUE : Une perspective évolutive s’impose
L’antibiorésistance et l’obésité sont 2 fléaux de Santé publique qui ne l’étaient encore pas il y a quelques dizaines d’années. Comprendre comment l’évolution de nos modes de vie a engendré ces fléaux et adopter pour l’avenir une perspective plus évolutive à la médecine peut inspirer de nouveaux modes de prévention et de nouvelles thérapies. Cet article de perspective, publié dans la revue Frontiers in Science rappelle à quel point l’évolution a un impact majeur sur notre santé au quotidien et comment cette nouvelle compréhension ou perspective peut et doit inspirer des stratégies plus efficaces.
L’un des experts, le Dr Barbara Natterson-Horowitz, cardiologue et biologiste de l'évolution à l'Université de Harvard et de Californie à Los Angeles, résume le concept développé dans l’article « la médecine évolutive promet de transformer notre compréhension des raisons pour lesquelles nous tombons malades et de renforcer notre capacité à protéger notre santé ». La prise en compte de l’évolution permet de mieux comprendre et prévenir les maladies infectieuses et les pandémies mais aussi les cancers, le diabète et les maladies cardiovasculaires, ajoutent les auteurs.
Vaincre la chimiothérapie et la résistance aux antibiotiques
Le premier exemple donné est celui des résistances : résistance des cellules tumorales aux chimiothérapies voire aux immunothérapies et résistance bactérienne aux antibiotiques…une menace mondiale qui nécessite des solutions urgentes. Étant donné que les bactéries et les cellules cancéreuses s'adaptent naturellement pour survivre aux médicaments, de nouvelles variantes résistantes aux médicaments émergent constamment. Le développement continu et la production de nouveaux antibiotiques et de chimiothérapies anticancéreuses ne constitue qu’une solution temporaire et coûteuse.
Briser ce cycle avec des stratégies inspirées de l'évolution
- Des médicaments « anti-évolution » pourraient empêcher les bactéries de s’échanger ou se partager des gènes de résistance ;
- des anti-antibiotiques pourrait être une option pour conjurer de nombreuses infections nosocomiales résistantes aux antibiotiques. Ces infections surviennent souvent lorsque des antibiotiques administrés dans le sang atteignent des bactéries inoffensives dans l'intestin, provoquant l'évolution et la propagation de souches résistantes. Des anti-antibiotiques qui bloqueraient ces antibiotiques dans l'intestin pourraient empêcher l’émergence des antibiorésistances ;
- dans le cas du cancer, la « biologie de l'extinction » pourrait aider à lutter contre la résistance à la chimiothérapie. Le concept étant d'éradiquer les cellules tumorales résistantes avec une seconde thérapie : en pratique, les patients recevraient une dose élevée d’anticancéreux pour réduire la taille de la tumeur, mais avant tout développement de résistance, le premier traitement serait remplacé par un autre pour éliminer les cellules cancéreuses restantes.
S’inspirer de la biodiversité pour développer l'innovation biomédicale
"La nature regorge de nouvelles stratégies thérapeutiques « dissimulées à la vue de tous », écrivent les auteurs.
Un exemple avec les girafes qui ont la tension artérielle la plus élevée de tous les animaux, et qui, pourtant, ne souffrent pas des lésions organiques normalement associées à l'hypertension (HTA). D’autres animaux, comme les éléphants ont rarement le cancer. Et si on s’inspirait des mécanismes naturels qui protège ces animaux ? Il existe dans la nature une mine d’informations encore non exploitées… La procédure pour y parvenir consisterait à cartographier la vulnérabilité aux maladies et à répertorier les mécanismes de résistance dans la nature. Cela permettrait d’identifier des traits uniques qui inspirent, en fin de compte, de nouveaux traitements cliniques.
L’évolution pour guider la Santé publique
Bien prendre en compte les principes évolutifs pourraient également guider des politiques de santé publique et inspirer des comportements « plus raisonnables » du point de vue de l’évolution humaine : « Nos corps et nos esprits ont évolué à un certain point mais se comportent comme s'ils en étaient à un autre ». En d’autres termes, nos comportements sont en décalage avec notre évolution".
« Les maladies cardiovasculaires, la baisse de fertilité et d'autres maladies « modernes » illustrent et sont le résultat de cette inadéquation évolutive ». Les changements de mode de vie grâce à des interventions centrées sur la responsabilité du patient, comme la pratique plus régulière de l’exercice et les changements alimentaires ne fonctionnent pas toujours et ne suffiront bientôt plus à combler cet écart.
Ce n’est qu’en adoptant une perspective plus évolutive et plus durable que les chercheurs, comme les politiques, pourront réduire ce décalage entre l’évolution biologique et nos comportements.
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